Quitter Netflix et compagnie pour s’opposer à Trump

Pour les plusieurs personnes contactées par «Le Devoir», le consensus semble être d’arrêter le boycottage une fois que sera arrivée la fin du mandat de Donald Trump.
Photo: Adil Boukind Archives Le Devoir Pour les plusieurs personnes contactées par «Le Devoir», le consensus semble être d’arrêter le boycottage une fois que sera arrivée la fin du mandat de Donald Trump.

Pour riposter aux menaces tarifaires de Donald Trump, Diane Charest a décidé de laisser tomber un produit américain qu’elle utilisait quotidiennement : Netflix. Et elle n’est pas la seule à annuler son abonnement à un service de diffusion en continu qui provient de nos voisins du Sud en guise de boycottage à la suite des décisions du nouveau locataire de la Maison-Blanche.

« Je me dis qu’on est très impuissants, nous, les individus. Mais il faut se tenir debout, il faut faire de quoi. Alors, c’est ce que je fais, j’achète local et je me désabonne. Je ne peux pas faire autre chose », raconte Diane Charest au bout du fil.

La solution de rechange à Netflix ? Le « bon vieux câble », lance Mme Charest. « C’est sûr qu’on va se priver un peu, mais ce n’est pas grave, exprime-t-elle. Il y a plein d’autres options, [Netflix] n’est pas nécessaire. On est avec Vidéotron, il y a aussi des films. »

Un optimisme partagé par Alain Bousquet, qui voit la décision de sa conjointe d’abandonner leur abonnement à Netflix et à Amazon Prime Video pour revenir exclusivement aux services d’origine canadienne Crave et CBC Gem d’un bon œil. « Moi, je n’écoute pas tellement ça, ce n’est pas mon affaire. Mais elle, elle est très, très forte là-dessus », admet-il d’emblée.

« Mais en fait, le fait qu’elle aille dans cette direction-là, j’ai l’impression que moi, ça va m’intéresser plus de la rejoindre pour écouter quelque chose en sachant que c’est canadien, note-t-il. C’est une opportunité, culturellement, de découvrir des choses d’ici. »

Dire au revoir aux productions américaines

Arnaud Bouquet, lui, voit l’abandon de Netflix en faveur de Crave et ICI Tou.tv comme une « détox ». « Je pense qu’il faut avoir une attitude générale dans laquelle on va peut-être moins consommer de la culture américaine », indique-t-il. « De toute façon, j’avais déjà trop de plateformes à mon goût », ajoute ce dernier à la blague.

Preuve à l’appui : cet autoproclamé « amoureux des États-Unis » boycotte Netflix uniquement parce que c’est une entreprise américaine. « Il n’y a peut-être pas de la part des dirigeants de Netflix un soutien à Trump aussi assidu que [celui de Mark] Zuckerberg, [de Sam] Altman ou [de Jeff] Bezos », note-t-il.

Tout de même, M. Bouquet aime particulièrement Crave — l’offre de diffusion vidéo de Bell —, car la plateforme marie équitablement « une bonne quantité de contenu québécois » à « des productions américaines de qualité ».

Pour Hugo Lacroix, même si « d’autres options » existent, comme la plateforme en ligne de Télé-Québec, c’est surtout l’accessibilité aux contenus pour ses enfants qui représente la plus grande perte avec l’abandon de Netflix et de Disney+. Malgré cela, il « ne pense pas y retourner, même si ça change aux États-Unis ». La croix mise sur les plateformes américaines n’est pas nécessairement permanente, mais l’effacer va dépendre de l’évolution de la situation, qu’il admet voir avec un certain pessimisme.

Un boycottage provisoire

Pour les autres personnes contactées par Le Devoir, le consensus semble être d’arrêter le boycottage une fois que sera arrivée la fin du mandat de Donald Trump.

Par courriel, ICI Tou.tv indique ne pas pouvoir se prononcer sur les impacts du mouvement de boycottage, car la situation « évolue rapidement ». Sans mentionner de changement de stratégie marketing pour amener les rescapés des services originaires du sud de la frontière à s’abonner au forfait payant, ICI Tou.tv Extra, le service de diffusion en ligne de Radio-Canada, affirme avoir « déjà planifié de mettre de l’avant [son] offre d’information dans le contexte sociopolitique actuel ici et dans le monde ».

« Dès cette semaine, tous les contenus d’information déjà disponibles sur ICI Tou.tv seront regroupés dans une section Info », ajoute-t-on.

Dans une déclaration écrite transmise par courriel, Crave attribue « notamment » son succès « à la mise en œuvre de productions originales modernes et novatrices d’ici ». L’entreprise Vidéotron, qui détient le service de diffusion en ligne Illico+, a pour sa part indiqué par courriel être « fière de mettre cette plateforme d’ici à la disposition de tous les amateurs de divertissement francophone ».

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