Quelles suites pour le président coréen Yoon Suk-yeol, inculpé et en prison?

Les procureurs qui enquêtent sur le président sud-coréen suspendu Yoon Suk-yeol l’ont inculpé dimanche pour avoir pris la tête d’une « insurrection » en tentant de décréter la loi martiale le 3 décembre dernier.
Premier chef d’État en exercice de l’histoire de la Corée du Sud à avoir été arrêté et inculpé, M. Yoon, 64 ans, attend en détention son procès pénal. L’Agence France-Presse fait le point sur sa situation.
Où est-il ?
Yoon Suk-yeol est enfermé seul dans une cellule de 12 mètres carrés équipée d’une télévision, d’un lavabo et d’un petit bureau, dans le Centre de détention de Séoul.
Elle ressemble en tous points à celles occupées par deux anciens présidents sud-coréens emprisonnés, Park Geun-hye et Lee Myung-bak.
Il restera derrière les barreaux jusqu’à son procès, qui doit avoir lieu dans les six mois, faute de quoi il devra être remis en liberté. Sans fournir de preuves, M. Yoon et son équipe juridique ont invoqué de prétendues fraudes électorales pour justifier la déclaration de loi martiale.
« Nous échangeons à propos d’une demande de libération sous caution avec le tribunal », ont déclaré lundi les avocats de Yoon Suk-yeol à l’AFP, sans donner plus de détails.
S’il est reconnu coupable d’insurrection, un crime qui n’est pas couvert par son immunité présidentielle, il risque la peine de mort ou la prison à vie. Si elle reste inscrite dans la loi sud-coréenne, la peine de mort n’est plus appliquée dans le pays depuis 1997.
Est-il encore président ?
Le 14 décembre, le Parlement sud-coréen a voté la destitution de M. Yoon. Il appartient maintenant à la Cour constitutionnelle de confirmer ou d’infirmer la décision des députés, dans les six mois.
En attendant, M. Yoon reste officiellement le chef de l’État et n’est que suspendu. Ses pouvoirs sont délégués au président par intérim, le ministre des Finances Choi Sang-mook.
Pour confirmer la destitution de M. Yoon, la Cour constitutionnelle doit se prononcer à la majorité de six de ses neuf membres (les juges ne sont en fait actuellement que huit, un des postes étant vacant).
Selon Shin Yul, professeur de sciences politiques à l’université de Myongji à Séoul, la Cour constitutionnelle se prononcera bien avant la date limite de la mi-juin.
« Les mandats de deux juges doivent expirer à la mi-avril. La Cour essaiera de finaliser sa décision bien avant cette échéance », estime M. Shin.
La Cour a déjà tenu quatre audiences, et M. Yoon a assisté à deux d’entre elles.
Si la Cour confirme sa destitution, M. Yoon perdra pour de bon son poste, auquel il a été élu en 2022, et une élection présidentielle anticipée sera organisée dans les 60 jours. Dans le cas contraire, il sera rétabli dans ses fonctions.
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Quel scénario en cas d’élections ?
Le chef de l’opposition Lee Jae-myung, à la tête du Parti démocrate sud-coréen, arrive en tête des sondages les plus récents, comme celui de Gallup, récoltant 31 % des intentions de vote.
Toutefois, les analystes estiment qu’il est encore trop tôt pour anticiper une éventuelle victoire de M. Lee en cas d’élections.
« En fin de compte, ce sont les électeurs modérés qui détermineront la prochaine phase du pays », avance le quotidien Hankook Ilbo dans son éditorial publié lundi.
« Avec la polarisation croissante du paysage politique et la consolidation des camps conservateurs et libéraux au sein de leurs bases respectives, il est inévitable que le poids des électeurs modérés augmente », explique le journal sud-coréen.