Le Québec à la recherche d’alliés pour la culture francophone face aux géants du Web

S’associer à la France est d’autant plus important, croit le ministre Mathieu Lacombe, que le Québec «n’a jamais trop d’alliés» dans sa bataille contre les géants du Web.
Photo: Jacques Nadeau Archives Le Devoir S’associer à la France est d’autant plus important, croit le ministre Mathieu Lacombe, que le Québec «n’a jamais trop d’alliés» dans sa bataille contre les géants du Web.

Québec se cherche des alliés dans sa lutte pour renforcer la place de la culture francophone dans l’univers numérique. Après la France, le gouvernement de François Legault a à l’œil les pays africains et la Belgique, notamment.

En mission à Paris, le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, a rendu publique mercredi avec son homologue française, Rachida Dati, la deuxième Stratégie France-Québec (2025-2030) pour la diversité des contenus culturels dans l’environnement numérique. Le document, qui se déploie en trois volets, vise à permettre « aux contenus culturels de langue française de trouver leur chemin vers le public » dans un contexte de « révolution numérique » et d’« essor de l’intelligence artificielle ».

« [On veut] se donner des objectifs communs à atteindre, et non seulement à atteindre, mais à atteindre ensemble », a résumé mercredi le ministre Lacombe dans un entretien téléphonique mené depuis Paris.

Dans les derniers mois, l’élu de la Coalition avenir Québec (CAQ) comptabilise « plus d’une vingtaine de rencontres officielles » à ce sujet avec ses vis-à-vis français. S’associer à la France est d’autant plus important, croit-il, que le Québec « n’a jamais trop d’alliés » dans sa bataille contre les géants du Web.

Dans un communiqué de presse commun rendu public mercredi matin, les gouvernements français et québécois affirment espérer « rallier d’autres États de la Francophonie ainsi que d’autres espaces linguistiques à un plaidoyer commun pour la découvrabilité et la diversité des contenus culturels dans l’environnement numérique ».

Selon le ministre Lacombe, les discussions à cet effet sont déjà amorcées. « Certainement qu’on souhaite convaincre d’autres États à travailler avec nous. Je vous dirais que pour beaucoup d’entre eux, c’est déjà un désir qui est très présent », a-t-il souligné à l’autre bout du fil.

« Évidemment, la France est un grand partenaire, mais il ne faut pas non plus mettre de côté les autres pays francophones membres de l’OIF [Organisation internationale de la francophonie]. Notamment les pays africains, où la francophonie est importante. Il ne faut pas oublier non plus nos partenaires belges », a ajouté M. Lacombe.

Discussions à l’UNESCO

En plein cœur d’une semaine cruciale pour l’action contre l’hégémonie des géants numériques — les États signataires de la Convention de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles se réunissent pour discuter d’éventuelles mises à jour au texte —, Mathieu Lacombe croit en ses chances de se forger de nouvelles alliances.

« Il y a des discussions en ce moment à l’UNESCO avec des pays qui ne sont pas nécessairement des pays francophones non plus, qui sont des pays dont la culture nationale est actuellement en péril parce que les plateformes, chez eux, prennent aussi beaucoup de place », a constaté M. Lacombe.

Comme Rachida Dati, Mathieu Lacombe est « préoccupé » par la place grandissante qu’occupe l’intelligence artificielle dans les arts. « Ça pose toute la question de l’avenir de la musique. Ça pose la question de l’avenir de la littérature. On retrouve déjà des livres écrits par l’intelligence artificielle sur Internet… » a commenté mercredi le ministre caquiste.

Pour valoriser « la création humaine dans le cadre de l’utilisation de l’intelligence artificielle », les gouvernements de la France et du Québec profiteront du lancement de leur stratégie commune pour « amorcer des travaux exploratoires sur le statut des œuvres et des artistes dans le contexte de la démocratisation de l’IA ».

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