Québec privilégierait un troisième lien sous le Vieux-Québec

Le député solidaire de Taschereau, Étienne Grandmont, le 30 janvier 2025
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Le député solidaire de Taschereau, Étienne Grandmont, le 30 janvier 2025

Après huit ans de promesses, au moins quatre versions différentes, un enterrement et une résurrection, le troisième lien renouerait finalement avec une version précédemment caressée par le gouvernement pour relier les centres-villes de Québec et de Lévis.

Le ministère des Transports privilégierait désormais un tunnel d’« environ 12-13 kilomètres de long » entre les deux rives, selon des documents obtenus d’un lanceur d’alerte par le député solidaire de Taschereau, Étienne Grandmont.

À la lueur des données internes divulguées, l’élu solidaire a déploré que « le tracé qui est le meilleur passerait sous le Cap-Blanc, dans le patrimoine mondial de l’UNESCO ».

Étienne Grandmont a précisé que, selon cette source « très, très bonne », le tracé à l’étude dans les officines ministérielles n’obtiendrait pas la note de 60 %. Il s’agirait, néanmoins, de la meilleure performance parmi les neuf corridors étudiés.

« Selon les gens qui l’étudient, ce tracé-là serait le meilleur, mais il n’obtiendrait même pas la note de passage selon les grilles d’évaluation qui sont employées à l’interne pour l’analyse des différents scénarios, a déclaré l’élu solidaire mercredi. Une grille d’analyse qui tient compte des enjeux d’environnement, des enjeux de transport, des enjeux de coût, des enjeux de protection du patrimoine et d’urbanisme. »

L’idée d’un troisième lien sous le Vieux-Québec remonte à l’époque où François Bonnardel était aux commandes des Transports. Le tracé avait soulevé une levée de boucliers dans la capitale nationale, notamment en raison des problèmes de circulation engendrés à l’extrémité nord du tunnel et de l’érection nécessaire, à proximité d’un secteur patrimonial, d’immenses tours de ventilation requises pour l’aération du tunnel.

Interpellée jeudi pendant la période de questions sur l’exactitude du scénario dévoilé par le député solidaire de Taschereau, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a esquivé la question, répétant la justification donnée par la CAQ sur la nécessité de faire un troisième lien au nom de la sécurité économique.

« S’il devait arriver quelque chose au pont de Québec ou au pont Pierre-Laporte, on n’a pas d’autres options pour nos camions, a affirmé la vice-première ministre. Ça va soit vers l’est ou à Trois-Rivières. »

L’exemple du tramway

La firme Groupe Mobilité Inter-rives recommandait au MTQ, dans une étude d’opportunité de 403 pages réalisée en mars 2022 à propos d’un tunnel entre les centres-villes de Lévis et de Québec, d’interdire le camionnage à l’intérieur du tunnel aux heures de pointe « en raison de la pente des chaussées qui pourrait ralentir la vitesse des camions et, par le fait même, occasionner un ralentissement de la vitesse des usagers de la route ».

La ministre Geneviève Guilbault a également fustigé les trois partis d’opposition à l’Assemblée nationale, qui demandent à l’unisson la réalisation d’un tramway, à Québec, sans exaucer les vœux de la population favorable au troisième lien.

« Il y a une certaine proportion des gens qui veulent un tramway à Québec, alors eux, ces gens-là, ils sont légitimes de vouloir un tramway et ça, le tramway, c’est important, il faut en parler, il faut le faire avancer, a dit la ministre. Mais quand une proportion encore plus grande de gens de Québec et de la rive sud de Québec veulent aussi un projet de troisième lien, eux, ce n’est pas important, eux, il ne faut pas en tenir compte, eux, il ne faut pas s’intéresser à leur volonté. »

Le gouvernement caquiste avait lui-même abandonné le troisième lien autoroutier en avril 2023 sous prétexte que les analyses réalisées sur le projet ne le justifiaient plus. « Les études nous démontrent clairement que la nécessité n’est pas là pour un lien routier », avait à l’époque indiqué l’attaché de presse de la ministre, Maxime Roy. Le gouvernement avait alors jeté son dévolu sur un lien entièrement consacré au transport collectif, avant de se raviser au lendemain d’une cuisante défaite à l’élection partielle de Jean-Talon.

Le député de Taschereau a noté jeudi que la ministre ne démentait pas que « le scénario qui risquait le plus d’être mis en place était celui qui viendra potentiellement défigurer le patrimoine mondial de l’UNESCO, le centre-ville, le Vieux-Québec ».

La ministre des Transports promet de faire une mise à jour sur le troisième lien « au cours des prochaines semaines ».

À voir en vidéo