Le Québec aura enfin son édition du «Guide Michelin»

Le prestigieux Guide Michelin, qui répertorie les meilleures tables partout dans le monde, offrira une édition québécoise dès 2025.
L’entreprise française en a fait l’annonce jeudi, de concert avec l’Alliance de l’industrie touristique du Québec.
La province devient la troisième destination canadienne à obtenir ce privilège, après Toronto et Vancouver en 2022. Plutôt que d’être cantonnée à une seule ville, l’édition québécoise couvrira l’ensemble de la province.
« La scène culinaire québécoise est aussi riche que variée, avec des influences internationales, mais aussi des plats de la ferme à l’assiette qui font la part belle aux produits régionaux. La province abrite de grands chefs ainsi que de futurs talents qui imaginent pour leurs convives des expériences culinaires inédites en mariant tradition et techniques avant-gardistes », a déclaré Michelin dans un communiqué.
L’édition québécoise sera lancée au printemps 2025, mais Michelin indique que ses inspecteurs anonymes et indépendants sont déjà sur le terrain pour distribuer leurs célèbres étoiles, au nombre d’une, deux ou trois par restaurant. Le guide décerne également des Bib Gourmands, qui récompensent la cuisine de qualité à des prix accessibles, et des étoiles vertes, pour les établissements qui mettent en avant une gastronomie durable.
Pour François-Emmanuel Nicol, chef du restaurant Tanière3, à Québec, l’arrivée du Michelin ne représente rien de moins qu’un « moment historique » pour la gastronomie québécoise.
« Michelin apporte énormément de visibilité à l’international et permet d’étirer la saison touristique. Une récompense comme le Michelin rehausse le niveau d’excellence et tire l’industrie entière vers le haut. »
M. Nicol fait partie de la quinzaine de restaurateurs qui avaient interpellé la mairie de Québec en 2022 pour l’inciter à entamer des démarches auprès de Michelin, après l’annonce de publications pour les villes de Toronto et de Vancouver.
« Somme toute, les choses se sont déroulées rapidement, même s’il y avait de la politique d’impliquée, indique-t-il. Financièrement, c’était plus compliqué d’avoir tout le Québec au complet [plutôt qu’une seule ville]. Mais c’est historique d’avoir une province ou un État représenté en entier. C’est un geste fort de Michelin, qui montre l’importance qu’il accorde à la scène culinaire d’ici. »
L’arrivée au Québec du guide de référence gastronomique a pu se faire notamment grâce à l’octroi par Développement économique Canada d’une subvention non remboursable de 450 000 $ sur trois ans à l’Alliance de l’industrie touristique du Québec.
Critères d’excellence
Publié pour la première fois en 1900 pour encourager les ventes de pneus en offrant des conseils pratiques aux automobilistes de l’Hexagone, le Guide Michelin se veut une référence mondiale en matière culinaire. Ses étoiles, qui sont distribuées avec parcimonie, sont attribuées en fonction de cinq critères bien précis : « la qualité des produits, l’harmonie des saveurs, la maîtrise des techniques, la voix et la personnalité que le chef exprime dans sa cuisine, la cohérence entre chaque visite et chaque plat de la carte », indique le site Web de l’entreprise.
« C’est une référence internationale, connue partout sur la planète », souligne François-Emmanuel Nicol, qui ne cache pas sa volonté de voir son restaurant du Vieux-Québec être « étoilé » à son tour.
« Une étoile, pour un restaurant, ça veut dire plus de liberté financière, plus de moyens pour expérimenter de nouveaux projets, une plus grande capacité à retenir des talents et une reconnaissance internationale », explique-t-il.
Le chef, qui a effectué des stages dans deux restaurants étoilés lors de sa formation, ne craint pas que les reconnaissances du Guide Michelin s’accompagnent d’une standardisation des pratiques culinaires ou encore d’une hausse des prix.
« Michelin s’adapte au pays où il se trouve. Il cherche avant tout une représentation d’un terroir, d’une identité culinaire. Au Pérou ou au Danemark [où le guide est déjà présent], on n’est pas dans le classicisme d’une grande table parisienne, loin de là. »
Quant aux prix, advenant l’obtention d’une ou de plusieurs étoiles, « ils vont augmenter normalement, comme ils l’ont fait lors des dernières années. On connaît du succès parce que la clientèle locale est au rendez-vous. On ne veut pas être fréquentés seulement par des foodies qui voyagent partout à travers le globe. On mise sur l’augmentation de la clientèle plutôt que sur l’augmentation des prix pour assurer notre rentabilité ».