Le projet de loi sur l’exercice de la médecine au public ne soigne pas les maux du système, dit la FMOQ

Le gouvernement «ne fera qu’aggraver la crise d’attractivité en médecine familiale», a lancé le patron de la FMOQ. Piqué au vif, le ministre Dubé a rétorqué avoir posé plusieurs gestes pour améliorer le système public.
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Le gouvernement «ne fera qu’aggraver la crise d’attractivité en médecine familiale», a lancé le patron de la FMOQ. Piqué au vif, le ministre Dubé a rétorqué avoir posé plusieurs gestes pour améliorer le système public.

De passage à l’Assemblée nationale jeudi, les omnipraticiens ont soutenu que le projet de loi 83, qui veut obliger les nouveaux médecins fraîchement diplômés au Québec à pratiquer cinq ans dans le réseau public, ne s’attaquait pas aux causes de la maladie qui affecte le système de santé.

Le texte législatif prévoit entre autres que les médecins qui enfreindraient le règlement s’exposeraient à des amendes allant de 20 000 $ à 100 000 $ par jour et par acte. En cas de récidive, celles-ci seraient doublées. « On a plus de 22 000 médecins au Québec. Depuis 2020, il y en a environ 800 qui sont partis au privé », a soulevé le ministre de la Santé, Christian Dubé, lors d’une mêlée de presse avant le début des consultations sur le projet de loi.

La première journée d’auditions a toutefois donné lieu à des échanges corsés entre M. Dubé et le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Marc-André Amyot. « On ne s’attaque pas aux véritables causes du manque d’attractivité du réseau public », a affirmé ce dernier. Selon le Dr Amyot, les médecins s’en vont notamment au privé en raison de la « lourdeur bureaucratique et de la surcharge de travail ».

« Le projet de loi traite des symptômes sans s’adresser à la source du problème et on dévie l’attention des vrais problèmes du réseau. Le gouvernement fait une erreur de diagnostic et, par le fait même, une erreur de traitement », a-t-il relevé. La FMOQ propose des « solutions basées sur l’amélioration des conditions de pratique et la collaboration plutôt que la coercition », a-t-il dit.

Piqué au vif, le ministre Dubé a rétorqué avoir posé plusieurs gestes au cours des dernières années pour améliorer le système public. « Je pense par exemple au Guichet d’accès à la première ligne. Alors, venir dire qu’on ne fait que de la coercition, j’ai un petit problème avec ça. »

M. Dubé a réitéré que le texte législatif était une mesure « parmi un ensemble de mesures ». « La grande majorité des Québécois sont d’accord avec ce projet de loi, a-t-il poursuivi. Plusieurs nous disent qu’on ne va pas assez loin. »

Le ministre a d’ailleurs demandé à la FMOQ son avis au sujet de la recommandation du Collège des médecins du Québec de faire en sorte que la rémunération pour un même acte médical soit semblable au public et au privé.

Le Dr Amyot a répliqué qu’il militait « en faveur de s’attaquer à la problématique plutôt qu’aux symptômes ». Christian Dubé a rétorqué qu’il allait considérer cela comme une « non-réponse ».

Inquiétudes par rapport aux GMF

La DMOQ a aussi fait part mercredi au ministre de ses préoccupations par rapport aux groupes de médecine de famille (GMF) détenus par des entreprises plutôt que par des médecins. « Leur modèle d’affaires est de faire des profits. Ça pose donc le risque de fermeture de cliniques qui sont moins rentables et de pertes de lieux de consultation de proximité pour les patients », a soulevé le Dr Marc-André Amyot.

« Ce qu’on propose, c’est de réserver la propriété des cliniques aux médecins québécois, au même titre que pour être propriétaire d’une pharmacie, il faut être pharmacien », a-t-il dit. Le Dr Amyot estime que cette suggestion devrait être incluse dans le projet de loi 83.

Christian Dubé a affirmé qu’il avait « beaucoup d’ouverture » à discuter de la propriété des GMF. « Mais aujourd’hui, je veux vous entendre sur la proposition du texte législatif », a-t-il rappelé.

En plus de la FMOQ, la Fédération des médecins spécialistes du Québec, la Fédération médicale étudiante du Québec et la Fédération des médecins résidents du Québec ont notamment pris la parole jeudi lors des consultations. Les auditions se poursuivent mardi prochain.

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