Le projet d’équipes québécoises au hockey est vite rejeté

Le défenseur du Canadien Alexandre Carrier est favorable à la création d'une équipe québécoise de hockey.
Photo: Jeff Chiu Associated Press Le défenseur du Canadien Alexandre Carrier est favorable à la création d'une équipe québécoise de hockey.

L’idée d’entamer des démarches pour créer une équipe québécoise de hockey a vite été rejetée à l’Assemblée nationale, mais, selon le défenseur Alexandre Carrier, ce projet ravirait les Québécois évoluant dans la LNH.

Mercredi, le député péquiste de Matane-Matapédia Pascal Bérubé a déposé conjointement avec le député de Rosemont Vincent Marissal, de Québec solidaire, une motion demandant au gouvernement de la CAQ « de doter le Québec d’équipes nationales féminine et masculine de hockey sur glace et de prendre les mesures nécessaires pour qu’elles soient reconnues par la Fédération internationale de hockey sur glace (FIHG) ».

Le projet a vite été balayé de la main et bloqué par le gouvernement caquiste.

Dans le vestiaire du Centre Bell, Carrier, qui a été le seul joueur québécois du Canadien rendu disponible par l’équipe, semblait enchanté à l’idée de voir un jour un tel projet aboutir.

« Évidemment que ce serait un honneur de représenter le Québec, a dit le natif de Québec. C’est certain que ce serait un processus complexe. Est-ce que les autres provinces voudraient faire la même chose ? »

Dans la motion, M. Bérubé rappelait que « 35 nations, états et territoires administrés dits non souverains ont au moins une association nationale reconnue par une fédération sportive à l’échelle mondiale ».

Au soccer, au rugby et au curling, notamment, l’Écosse et le pays de Galles sont représentés indépendamment du Royaume-Uni lors des championnats mondiaux. Ils sont toutefois réunis sous la bannière du Royaume-Uni aux Jeux olympiques.

« J’en parlais l’autre fois, je crois que c’était avec [Jonathan] Drouin, au Colorado, a raconté Carrier. Nous discutions de la composition qu’aurait notre formation. J’adorerais ça ! »

Au hockey, le Canada compte sur deux équipes au Défi mondial M17 et affronte quatre autres nations. Avant 2014, le Canada envoyait cinq équipes régionales à cette compétition internationale.

Carrier a reconnu que, si les hockeyeurs québécois avaient plus souvent l’occasion d’affronter les meilleurs joueurs du reste du Canada et du monde, alors cela pourrait aussi aider au développement du hockey dans la province.

« Si nous pouvions avoir une alternative comme au niveau U17 il y a quelques années, ça offrirait une belle occasion de se comparer aux meilleurs », a-t-il souligné.

Le gardien Samuel Montembeault est le seul Québécois à avoir été sélectionné au sein de l’équipe canadienne à la Confrontation des 4 nations. Le petit nombre de Québécois choisis au sein d’Équipe Canada junior a aussi souvent été critiqué au fil des ans par les défenseurs du hockey québécois.

Ce dernier est en crise depuis quelques années. Aucun joueur de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec n’a été sélectionné en première ronde du repêchage de la LNH lors des deux dernières années. Le nombre total de joueurs sélectionnés semble aussi à la baisse. La LHJMQ a connu sa pire récolte en 2023 avec seulement 12 joueurs repêchés. Le circuit Cecchini n’a guère fait mieux en 2024, avec 15 joueurs repêchés.

La LHJMQ a indiqué à La Presse canadienne qu’elle n’allait pas commenter le dossier tant que le projet ne sera pas plus tangible.

La Finlande comme nation comparable ?

À travers la LNH jusqu’ici cette saison, seulement 24 attaquants et 11 défenseurs québécois ont disputé au moins 10 matchs. Seulement trois gardiens natifs du Québec ont effectué plus d’une sortie, dont le vétéran Marc-André Fleury, qui devrait accrocher ses jambières à la fin de la campagne.

Seulement six attaquants ont marqué au moins 10 buts et sept ont amassé au moins 20 points. Cinq défenseurs sont employés en moyenne plus de 20 minutes par match par leur équipe.

Ces quantités d’attaquants et de défenseurs ressemblent à ceux de la Finlande, un pays d’un peu plus de cinq millions d’habitants, comparativement à plus de huit millions au Québec. Neuf gardiens finlandais ont toutefois joué dans la LNH cette saison, dont huit ayant effectué au moins neuf sorties.

La Finlande a terminé en quatrième et dernière position à la Confrontation des 4 nations. Ce tournoi était limité à quatre pays parce qu’il se limitait aux joueurs de la LNH. Des nations comme la République tchèque, la Slovaquie et la Suisse ont donc été ignorées en raison d’un nombre insuffisant de joueurs admissibles.

Le Québec aurait pu compter sur suffisamment de joueurs pour y participer, mais on peut se demander s’il aurait pu véritablement rivaliser avec les puissantes machines canadienne et américaine.

« Elle [la Finlande] a été compétitive. Elle a battu la Suède », a insisté Carrier après avoir affirmé que Drouin et lui avaient comparé la force du Québec à celle de ce pays nordique.

« Peut-être que ce serait différent si nous avions à jouer une série 4 de 7 contre les États-Unis. Mais si ce n’est qu’un match, nous pourrions être compétitifs », a-t-il ajouté.

Du côté du hockey féminin, on retrouvait seulement deux Québécoises au sein de la formation canadienne qui a récemment participé à la Série de la rivalité contre les Américaines, soit l’attaquante Marie-Philip Poulin et la gardienne Ann-Renée Desbiens. Elles étaient aussi les deux seules Québécoises au sein de l’équipe lors du Championnat du monde en 2024. Poulin et Desbiens étaient accompagnées de Mélodie Daoust aux derniers Jeux olympiques, en 2022, à Pékin.

- Avec la contribution du journaliste de La Presse canadienne Patrice Bergeron, à Québec

À voir en vidéo