Pressions à Québec pour un meilleur encadrement des coopératives d’habitation

Les partis d’opposition à l’Assemblée nationale plaident pour un meilleur encadrement des coopératives d’habitation.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Les partis d’opposition à l’Assemblée nationale plaident pour un meilleur encadrement des coopératives d’habitation.

Les partis d’opposition à l’Assemblée nationale ont dénoncé jeudi les lacunes dans le processus de sélection des locataires de coopératives d’habitation révélées dans une enquête du Devoir. Ils plaident pour un meilleur encadrement de ces logements abordables, ce à quoi s’engage la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau.

« Je pense que le gouvernement pourrait s’asseoir avec les représentants et représentantes du mouvement coopératif pour régler ce type de problème de népotisme, entre autres », a lancé en point de presse jeudi le porte-parole de Québec solidaire en matière d’habitation, Andrés Fontecilla.

Une enquête du Devoir a levé le voile jeudi sur des lacunes dans le processus de sélection des nouveaux locataires admis dans les coopératives d’habitation, financées en partie par l’État. Rien n’empêche actuellement plusieurs membres d’une même famille d’accaparer la majorité des sièges au sein du comité de sélection et du conseil d’administration de ces entreprises d’économie sociale, comme cela est survenu ces dernières années dans une coop de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

« La situation qui nous a été rapportée, elle est très problématique et même inacceptable », a poursuivi M. Fontecilla, selon qui Québec devrait « clarifier davantage certaines directives afin d’empêcher ce type de situation », en collaboration avec le milieu coopératif, qu’il a appelé à se « prendre en main ».

Le gouvernement du Québec n’impose par ailleurs pas un revenu maximal qui viendrait limiter l’accès des personnes bien nanties à ces logements abordables, ce qui soulève le risque que celles-ci soient parfois privilégiées au détriment de personnes à faible revenu.

« Est-ce que le gouvernement devrait financer la construction de coops pour des gens qui gagnent plus de 100 000 $ par année ? Pas en ce moment », a lancé en entrevue au Devoir la porte-parole libérale en matière d’habitation, Virginie Dufour. « Les fonds publics doivent être investis dans les logements pour ceux qui en ont le plus besoin », a-t-elle ajouté.

La députée presse d’ailleurs la ministre Duranceau de « changer les règles » encadrant ces entreprises d’économie sociale afin que les fédérations de coopératives d’habitation disposent du pouvoir d’agir lorsque des problèmes de gestion sont relevés dans certains immeubles. « On ne peut pas tolérer ça quand c’est une coop qui a été créée par des fonds publics », a-t-elle souligné.

Le député péquiste Joël Arseneau a pour sa part déploré, au Salon bleu, que Québec finance des coopératives d’habitation où demeurent des locataires « qui ont un revenu important » alors qu’il « néglige de le faire pour le logement social ». « C’est absolument illogique », a-t-il lancé.

Serrer la vis

Interpellée jeudi, la ministre responsable de l’Habitation a promis de « serrer la vis » afin de mieux encadrer le processus d’attribution des logements abordables financés par l’État, qui constituent une partie de ceux que l’on trouve dans les coopératives d’habitation. « On travaille déjà à revoir les règles, a dit France-Élaine Duranceau. Pour moi, les logements financés par le gouvernement, que ce soit à travers des coops ou des OBNL, se doivent d’être irréprochables en matière de gestion financière et de gouvernance. »

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