Alerte à l’astéroïde

Représentation artistique d’un astéroïde passant à proximité de la Terre
Photo: Getty Images / NASA Représentation artistique d’un astéroïde passant à proximité de la Terre

On dit que les Gaulois ne craignaient qu’une chose : que le ciel leur tombe sur la tête. Ils auraient sans doute été inquiets d’apprendre qu’un astéroïde découvert récemment a, selon les premiers calculs des astronomes, 1,3 % de risque de percuter la Terre dans un peu moins de huit ans !

On ne parle pas ici d’un très gros astéroïde capable de provoquer une extinction massive, comme celle qui a éliminé les dinosaures il y a 66 millions d’années, mais plutôt d’un bolide d’une centaine de mètres de diamètre qui pourrait tout de même raser une grande agglomération urbaine. L’astéroïde qui a provoqué l’extinction des dinosaures mesurait entre 10 et 15 kilomètres de diamètre.

L’astéroïde 2024 YR4 a été découvert le 27 décembre dernier par un télescope automatisé situé au Chili, et il fait l’objet d’un suivi attentif depuis que les projections de sa trajectoire future montrent une inconfortable proximité avec la Terre le 22 décembre 2032.

Sur l’échelle de Turin, une méthode servant à catégoriser les risques d’impacts planétaires et graduée de 0 (aucun risque de collision) à 10 (collision certaine entraînant une catastrophe globale), cet astéroïde est présentement classé 3, ce qui indique qu’il mérite l’attention des astronomes compte tenu du pourcentage de risque de collision avec la Terre et de l’ampleur potentielle des dégâts en cas d’impact.

Rappelons que ce n’est pas la première fois qu’un astéroïde signale ainsi sa présence en raison d’un risque de collision avec notre planète. L’astéroïde 99942 Apophis (un peu moins de 400 m de diamètre) avait été classé 4 sur l’échelle de Turin en 2004, avant d’être rétrogradé à zéro lorsque des calculs de trajectoire, basés sur davantage d’observations, ont éliminé tout risque de collision avant au moins un siècle.

C’est vraisemblablement ce qui risque d’arriver avec 2024 YR4 au fur et à mesure que les astronomes accumuleront davantage de données sur sa position et raffineront les calculs de sa trajectoire future. Ce travail est confié à une agence reconnue par l’Organisation des Nations unies (ONU), l’International Asteroid Warning Network, que la NASA coordonne.

Malheureusement, l’astéroïde s’éloigne présentement de la Terre presque en ligne droite, mais les astronomes ont tout de même bon espoir de connaître la trajectoire de 2024 YR4 avec plus de précision d’ici quelques mois. Nous serons alors fixés sur le risque réel qu’il représente.

Que pourra-t-on faire si jamais 2024 YR4 s’élève dans l’échelle de Turin plutôt que de descendre ? C’est là qu’entre en scène une autre organisation sous mandat de l’ONU, le Space Mission Planning Advisory Group, dont le mandat explicite est de préparer une réponse internationale à la menace que pourrait poser un astéroïde ou une comète fonçant sur la Terre.

La NASA, qui est bien sûr associée de près à cette agence, a déjà fait la démonstration qu’il est possible de dévier la trajectoire d’un astéroïde. La mission DART (Double Asteroid Redirection Test), lancée en novembre 2021, visait l’astéroïde Didymos et sa petite lune Dimorphos. DART avait pour objectif de lancer un collisionneur vers Dimorphos et de mesurer ensuite les modifications à son orbite induites par l’impact.

Le 26 septembre 2022, la collision a eu lieu comme prévu et a permis de réduire de 33 minutes la période de révolution de Dimorphos autour de Didymos, qui était auparavant d’un peu moins de 12 heures, un succès remarquable !

Cela signifie qu’une collision somme toute relativement faible avec un astéroïde (la masse de l’impacteur n’était que de 600 kg, contre cinq milliards de kilogrammes pour Dimorphos !), si elle a lieu suffisamment tôt, peut changer la donne et transformer un impact prévu en simple passage rapproché de la Terre.

Grâce à DART et aux nombreux télescopes pointés en permanence vers le ciel à la recherche d’astéroïdes qui pourraient nous menacer, nous avons désormais les outils pour les détecter à l’avance et nous prémunir contre une éventuelle collision. Les Gaulois seraient rassurés, par Taranis !

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