Plutôt que de se plaindre, elles vont applaudir les élus municipaux

Une cinquantaine de cyclistes  sont allés féliciter les élus des arrondissements d’Ahuntsic-Cartierville et de Villeray–Saint-Michel–Parc Extension pour l’aménagement de pistes cyclables.
Photo: Nathalie Ainsley Une cinquantaine de cyclistes sont allés féliciter les élus des arrondissements d’Ahuntsic-Cartierville et de Villeray–Saint-Michel–Parc Extension pour l’aménagement de pistes cyclables.

On entend beaucoup les gens fâchés, par les temps qui courent. Un groupe de citoyennes engagées a adopté une stratégie qui détonne par rapport à la morosité ambiante : plutôt que de déverser leur colère dans l’espace public, elles ont décidé d’aller applaudir les élus municipaux qui prennent des décisions « courageuses ».

« On essaie de mobiliser les gens pour qu’ils aillent s’exprimer de façon positive. On va poser des questions aux élus sans être fâchées », résume Nathalie Ainsley, une des instigatrices de ces manifestations de bonheur.

Elle et ses collègues du groupe Mères au front ont fait des interventions remarquées aux conseils d’arrondissement de trois quartiers de Montréal au cours de l’automne. Elles ont mobilisé une cinquantaine de cyclistes qui sont allés féliciter les élus des arrondissements d’Ahuntsic-Cartierville et de Villeray–Saint-Michel–Parc Extension pour l’aménagement de pistes cyclables. Le groupe de cyclistes — qui portaient tous un casque — n’est pas passé inaperçu.

Ces mères militantes ont aussi apporté un appui audible aux élus de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve pour leur décision de tenir la collecte des ordures toutes les deux semaines plutôt que chaque semaine : elles sont allées interpréter une chanson de leur cru au micro du conseil d’arrondissement. Une sorte d’ode au compost et au recyclage sur l’air de Nous aurons, de Richard Desjardins.

« En politique municipale, il y a toujours des groupes qui parlent fort et qui ne sont pas contents. On pense qu’il y a aussi une majorité silencieuse qui appuie les décisions des élus », dit Nathalie Ainsley.

Elle réagissait à un reportage du Devoir qui rapportait des critiques virulentes contre des décisions récentes de l’administration Plante. Ces protestations visaient la perte d’espaces de stationnement pour aménager des pistes cyclables, l’espacement de la collecte des ordures ainsi que la piétonnisation de deux sections de la rue Sainte-Catherine Ouest.

Plus de vélos, moins d’autos

Tous ces sujets sont extrêmement polarisants. L’opposition de citoyens et de groupes de pression est tout à fait légitime, affirment les Mères au front. Le changement est toujours dérangeant pour des citoyens. Les mères militantes sont toutefois convaincues que la majorité des Montréalais appuie en silence ces politiques « courageuses ».

« L’administration Plante a ajouté plein de pistes cyclables. Je trouve ça extraordinaire », dit Fannie Dionne, mère de deux garçons en bas âge.

Elle adore faire son magasinage à vélo depuis l’aménagement des voies cyclables sur les rues Viau et de Marseille, près du Stade olympique. « Sans ces pistes cyclables, il y aurait une voiture de plus dans le trafic », dit-elle.

Une voiture de plus dans le trafic ? Pour être exact, il faut multiplier ce chiffre par 1,6 million : c’est le nombre de passages à vélo en 2024 uniquement sur le Réseau express vélo (REV) de la rue Saint-Denis, à la hauteur de la rue des Carrières.

« Si ce 1,6 million de passages de cyclistes était des passages en voiture, imaginez à quoi ça ressemblerait ! La science est claire : les pistes cyclables réduisent la congestion routière. Plus il y a de vélos, moins il y a de voitures dans les rues », dit Isabelle Senécal, une autre Mère au front plus que satisfaite des décisions de l’administration Plante.

Piétonnisation

La piétonnisation est un autre sujet chaud qui soulève les passions. De façon générale, les opposants à la piétonnisation crient plus fort que les citoyens heureux de voir des bouts de rue fermés à la circulation automobile, déplorent les Mères au front.

Fannie Dionne cite un exemple de piétonnisation heureuse : l’aménagement du carré Notre-Dame-des-Victoires, qui a nécessité la fermeture de rues près de l’école primaire du même nom, a créé un lieu de rassemblement apprécié des familles du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Le parc pour enfants, les chaises et les tables de ping-pong (en été) attirent les enfants et leurs parents. Les voisins se parlent, apprennent à se connaître, s’entraident.

Les élus municipaux doivent pourtant encaisser des critiques acerbes pour ce genre de décisions qui « améliorent le quotidien des résidents ». « On a la chance d’avoir une administration municipale progressiste, qui prend des décisions courageuses. On cherche des façons de soutenir ces élus », dit Nathalie Ainsley.

Les dirigeants municipaux doivent en plus gérer de grandes responsabilités qui sont financées (ou sous-financées) par les autres gouvernements, comme les transports collectifs, le logement social et l’itinérance. Grandes responsabilités et peu de moyens d’agir. Une raison de plus d’aller applaudir les élus, affirment les Mères au front.

À voir en vidéo