Des pièces de théâtre jeunesse qui éveillent les consciences

Plaidoyer pour la tolérance

Il y a d’abord cette tant attendue adaptation du roman éponyme de Simon Boulerice, L’enfant mascara, qui sera présentée sur les planches à compter du 8 mars à la Maison Théâtre. L’histoire, parue aux éditions Leméac (2016), est inspirée d’un drame réel survenu dans une école secondaire d’Oxnard, en Californie, en 2008. Une tragédie dans laquelle Leticia, née Larry King, est assassinée par un compagnon de classe dont elle est amoureuse. Dans son roman, Boulerice livre un touchant plaidoyer pour la tolérance et le pardon, qui prendra vie ici dans un théâtre alliant marionnettes et objets. Produite par Barbaque Compagnie (France), L’enfant mascara est mise en scène par Caroline Guyot, qui a déjà travaillé avec Boulerice sur l’adaptation d’Edgar Paillettes. Cette histoire pleine d’une humanité aussi horrible que poétique s’arrêtera à L’Arrière Scène de Belœil les 20 et 21 mars, puis prendra la route vers l’est jusqu’au théâtre Les Gros Becs, à Québec du 25 au 28 mars.

Déjouer la surconsommation

En 2019, Jean-François Guilbault, auteur, metteur en scène et directeur artistique de L’Arrière Scène, crée une pièce sans paroles pour les petits de 5 à 10 ans lors du Festival Petits Bonheurs. Depuis ce temps, Attention : fragile poursuit sa route, et elle foulera les planches de L’Arrière Scène du 19 au 22 janvier. Dans cette pièce, mise en scène par Liliane Boucher, Guilbault aborde de façon clownesque la question de la surconsommation, sujet d’autant plus signifiant en cette période post-festive. Deux personnages bien enveloppés de papier bulle sont livrés sur la scène où, à leur tour, ils se lancent dans une suite de commandes qui auront tôt fait d’embourber leur espace. Ce qui attire aussi l’attention sur cette pièce, c’est qu’elle a été adaptée sous forme d’album en septembre 2024. Heureuse façon de faire découvrir l’une et l’autre forme d’art aux petits. Parue chez Bayard et illustrée par Vigg (Vincent Gagnon), cette histoire de livraisons est produite au théâtre par L’Arrière Scène en coproduction avec Samsara Théâtre.

Coup d’œil sur la différence

À l’âge de 2 ans, atteinte d’un cancer de la rétine, Stéphanie Morin-Robert doit subir l’ablation de son œil gauche. Vivant depuis ce temps avec une prothèse oculaire, elle décide de raconter son histoire, son enfance vécue dans le nord de l’Ontario avec sa famille, à l’école, et tous les hauts et les bas que cette condition marginale occasionne. Après avoir présenté Blinside pendant une décennie, elle décide de créer Angle mort, version française de cette pièce, qu’elle met en scène et produit. Dans ce spectacle narratif joué en solo, l’autrice raconte la vie avec un handicap, les situations loufoques qui peuvent survenir, les difficultés, bien sûr, mais aussi et surtout l’acceptation. La pièce, présentée au Carrefour de théâtre en 2023, sera à L’Arrière Scène du 3 au 5 février, puis à la Maison Théâtre du 12 au 16 février. Les jeunes de 12 à 17 ans sont conviés à cette prestation dans laquelle la créatrice dresse le parcours de cette différence qu’elle assume pleinement.

Le Scriptarium et l’art de répliquer

Dans cette huitième édition du Scriptarium — un spectacle entièrement écrit par des adolescents —, c’est au tour de la comédienne, autrice et poète Elkahna Talbi d’enfiler les chaussures de la commissaire, personnage qui élabore l’angle d’écriture sous lequel devront travailler les jeunes. Aussi connue sous le nom de Queen Ka, pseudonyme qu’elle adopte dans ses projets de poésie performative, Talbi convie cette année les jeunes à répliquer. En réaction aux textes de la poète, ils et elles seront ainsi amenés à affiner leur esprit critique ainsi qu’à peaufiner et à embrasser leurs élans citoyens en répliquant aux mots de Queen Ka, à ses convictions, au regard qu’elle porte sur le monde. Produit par le Théâtre Le Clou, le Scriptarium a jusqu’à ce jour stimulé l’écriture de quelque 10 000 adolescents québécois des 3^e, 4^e et 5^e années du secondaire. Le spectacle, finalité de cette période d’écriture, sera mis en scène par Rose-Anne Déry, et présenté à la salle Fred-Barry du 17 avril au 2 mai, puis aux Gros Becs du 7 au 12 mai.

Côté festival

Depuis 1996, la Rencontre Théâtre Ados se donne pour mission d’intéresser les adolescents de 12 à 17 ans aux arts de la scène. Cette année, le festival offre une dizaine de spectacles, dont Le taureau, une pièce dans laquelle un jeune garçon a commis des gestes qu’il peine à raconter. Tentant de se justifier, il use de feintes afin de cacher sa vulnérabilité et de conserver le respect de ceux qui l’entourent. Écrite par Marc-André Charette et mise en scène par Miriam Cusson, la proposition produite par le Théâtre Catapulte est présentée le 11 avril. Sous le radar aussi, Hit !, spectacle multidisciplinaire écrit par Julien Beauseigle, mis en scène par Marilyn Perreault et produit par le Théâtre I.N.K. Une histoire d’ambition, d’intimidation et d’intégrité à voir le 3 avril. À noter également que la pièce sera présentée en amont aux Écuries du 3 au 8 février. Le festival se déroulera quant à lui du 31 mars au 17 avril à la Maison des arts de Laval. Enfin, les tout-petits ne sont pas en reste, car ils pourront s’émerveiller lors de la 21^e édition du Festival Petits Bonheurs, qui se tiendra du 1^er au 11 mai. Et pour tous, le festival international Casteliers sera de retour du 3 au 9 mars. À suivre pour la programmation.