Un passage à niveau sera construit dans le secteur du campus MIL

Le chemin de fer qui sépare le quartier de Parc-Extension de l'arrondissement d'Outremont, à Montréal. La rue de l'épée prend fin à droite de la photo au pied de la fresque où apparait un oiseau bleu.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Le chemin de fer qui sépare le quartier de Parc-Extension de l'arrondissement d'Outremont, à Montréal. La rue de l'épée prend fin à droite de la photo au pied de la fresque où apparait un oiseau bleu.

Après de longues négociations avec le Canadien Pacifique (CP), la Ville de Montréal aménagera finalement un passage à niveau dans le secteur du campus MIL afin que les piétons, les cyclistes et les personnes à mobilité réduite puissent traverser le chemin de fer qui sépare le quartier Parc-Extension et l’arrondissement d’Outremont. Les travaux devraient commencer au mois de mars et se terminer à l’automne.

Ce passage à niveau représente une étape de plus pour désenclaver le quartier Parc-Extension, bordé par une autoroute au nord, une clôture à l’ouest et un chemin de fer à l’est et au sud, souligne Laurence Lavigne Lalonde, mairesse de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension. « Avec le passage à niveau inauguré en 2021 dans le secteur de la rue Ogilvy et celui-ci, on vient de créer deux nouvelles façons d’entrer et de sortir de manière sécuritaire du quartier. Ça change vraiment la donne pour les citoyens », croit-elle.

Lors de sa réunion hebdomadaire mercredi, le comité exécutif sera appelé à approuver l’entente intervenue avec le CP. Les élus devront aussi approuver l’octroi d’un contrat aux entreprises de construction Ventec de 2,8 millions de dollars pour l’aménagement du passage pour piétons et cyclistes.

Le futur passage à niveau reliera les avenues de l’Épée et de la Gare-de-Triage, dans Outremont, alors que le site de l’ancienne gare de triage se développe avec l’implantation du campus MIL de l’Université de Montréal et la construction de logements sur le site. C’est la Ville qui assume en totalité de la facture de ce passage à niveau, dont l’inauguration est prévue pour l’automne.

Une longue saga

La réalisation de ce projet fait suite à de longues discussions avec le CP. En 2012, un rapport commandé par la Ville de Montréal avait recommandé l’aménagement de six passages à niveau le long des voies du CP dans différents secteurs de la métropole afin de sécuriser les déplacements des piétons et des cyclistes. De nombreuses ouvertures dans les clôtures permettaient alors d’identifier les endroits les plus empruntés clandestinement par les citoyens.

Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Une ouverture dans la clôture et des pas dans la neige permettent d’identifier les endroits les plus empruntés clandestinement par les citoyens.

En 2011, une citoyenne qui avait reçu un constat d’infraction de 146 $ d’un policier du CP pour s’être aventurée près des rails avait même contesté l’amende reçue. Elle avait cependant été déboutée par la Cour du Québec.

La Ville de Montréal a par la suite entrepris des négociations avec le CP pour cinq passages à niveau. En 2017, faute d’entente, elle avait demandé l’intervention de l’Office des transports du Canada (OTC). Celui-ci a donné son accord pour trois d’entre eux, dont celui dans l’axe de l’avenue de l’Épée et un autre dans le secteur de la rue Ogilvy. Ce dernier a d’ailleurs été inauguré en 2021.

L’OTC avait toutefois conclu que deux passages souhaités par la Ville pour relier Le Plateau-Mont-Royal et Rosemont-La Petite-Patrie dans l’axe des rues Henri-Julien et Saint‑Dominique étaient problématiques. L’organisme estimait que ces deux passages auraient des « incidences négatives importantes sur les activités ferroviaires ». Il recommandait plutôt l’aménagement de tunnels ou de passerelles au-dessus des voies, une solution jugée coûteuse et peu efficace par la Ville.

Les relations entre la Ville et le CP ont toujours été difficiles, rappelle l’ancien conseiller municipal Richard Ryan, qui a longtemps plaidé en faveur de tels passages à niveau, particulièrement dans l’axe de la rue Henri-Julien, le plus fréquenté. « Pourtant, on voyait que des passages à niveau se faisaient ailleurs avec Canadien National, notamment à Boucherville, où il y en a plusieurs », relate-t-il.

L’ancien élu déplore que les communautés avoisinantes, qui voient leur territoire traversé par une voie ferrée, ne soient généralement pas intégrées à la discussion. « Dans la décision de l’OTC, c’est davantage l’impact sur les activités économiques qui est tenu en compte, et non pas les relations avec les communautés. Une vraie médiation aurait dû tenir compte de ces deux aspects. »

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