Pas question de faire 25 années de plus pour le Mouvement démocratie nouvelle

Le président du Mouvement démocratie nouvelle, Jean-Pierre Charbonneau
Photo: Jacques Nadeau archives Le Devoir Le président du Mouvement démocratie nouvelle, Jean-Pierre Charbonneau

Né il y a 25 ans cette année, le Mouvement démocratie nouvelle (MDN) veut à tout prix éviter de souffler 25 bougies de plus. L’organisme, qui milite pour une réforme du mode de scrutin, garde espoir que son objectif sera atteint d’ici là.

Le MDN avait rameuté une centaine de personnes au Palais Montcalm de Québec, mercredi soir, pour célébrer son quart de siècle. Pour son président, Jean-Pierre Charbonneau, l’occasion était bonne de rappeler la transgression, par le gouvernement de François Legault, d’un accord transpartisan pour la réforme démocratique que le chef caquiste avait lui-même signé, il y a pratiquement six ans jour pour jour.

« Il faut se rappeler de ce moment-là, de cette signature où […] en particulier une personne, qui est devenue premier ministre du Québec depuis, avait promis qu’elle ferait mieux que tout le monde. Qu’elle serait meilleure que René Lévesque, qu’elle serait meilleure que Justin Trudeau, qu’elle serait meilleure que Jean Charest, qu’elle serait meilleure que Bernard Landry… », a énuméré l’ex-président de l’Assemblée nationale depuis la scène d’un petit local drapé de rideaux bruns et régulièrement dérangé par des sonneries de téléphones intempestives. En dehors, des dizaines de jeunes d’âge primaire bourdonnaient dans les couloirs en se préparant à tenir une prestation des Cowboys fringants dans la principale salle de spectacle de l’établissement de la haute-ville de Québec.

Créé dans l’objectif de faire mousser le projet de réforme du mode de scrutin auprès du public, le MDN est encore loin de la coupe aux lèvres. En 2021, le premier gouvernement caquiste, qui s’engageait jusque-là à réviser les processus démocratiques au Québec, a officiellement mis au rencart sa promesse de réforme — parce que « ça n’intéresse pas la population, à part quelques intellectuels », dirait quelques mois plus tard François Legault.

Résultat des courses : la population, qui devait s’exprimer à ce sujet lors d’un référendum en 2022, n’a jamais pu le faire. « On est ici, malheureusement, pour fêter les 25 ans du MDN. On aimerait ça ne pas avoir à le faire ; ça voudrait dire qu’on aurait déjà changé les choses », a soulevé mercredi le syndicaliste Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), un allié historique du MDN.

Le MDN « ne cassera pas »

Loin d’être découragé, Jean-Pierre Charbonneau fixe l’objectif que les 50 ans du MDN n’aient jamais à être célébrés. « Plus vite [la réforme] va se faire, mieux ça va être », a-t-il dit en entrevue avec Le Devoir, mercredi, quelques minutes après qu’à l’intérieur du petit local loué par le MDN, une organisatrice eut fait un appel aux dons, histoire de remplir un peu la caisse placée près de l’entrée et contenant un billet de 20 $ et un autre de 5 $.

Grâce au « militantisme » et au bénévolat, le MDN continue de faire son travail un quart de siècle plus tard, se réjouit son président. Le soutien du Parti québécois (PQ) et de Québec solidaire (QS) est toujours acquis, en plus de celui, tout nouveau, du Parti conservateur du Québec. « Quand le parti au pouvoir était d’accord, on avait des subventions. Là, on n’en a plus », a convenu M. Charbonneau, mercredi. « Mais ceux qui pensent qu’on va casser, ils se trompent. »

Si on tombe dans le cynisme, si on tombe dans le découragement, si on pense que chaque politicien ou chaque chef de parti va nous répéter le même scénario, on est aussi bien d’abandonner nos convictions

QS était représenté mercredi par le député Sol Zanetti, galvanisé par l’adoption unanime, plus tôt en journée, d’une motion en l’honneur du MDN. Le PQ l’était par un porte-parole non élu, Gabriel Coulombe, qui remplaçait le député Pascal Bérubé, ennuyé par un enjeu de santé.

Malgré sa place avantageuse dans les sondages, le PQ n’abandonnera pas sa promesse comme la Coalition avenir Québec, a martelé M. Coulombe. « Cette réforme-là, je vois ça un petit peu comme l’indépendance du Québec : je suis persuadé que M. Charbonneau va voir ça de son vivant », a-t-il dit.

Jean-Pierre Charbonneau ne veut pas « être naïf », mais se permet d’y croire. « Si on tombe dans le cynisme, si on tombe dans le découragement, si on pense que chaque politicien ou chaque chef de parti va nous répéter le même scénario, on est aussi bien d’abandonner nos convictions. »

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