Là où il y a de l’homme…
Pour avoir vécu en coopérative d’habitation pendant près de 18 ans, j’en ai vu de toutes les couleurs. Des abus, de toutes sortes, de tous côtés, intimidation, non-respect de la régie interne, de la démocratie, etc. Je ne crois pas un seul instant que « plus de formation et d’éducation » va changer quoi que ce soit. S’il vous plaît, ne rêvez pas en couleurs, là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie et, quand ce dernier a trop de pouvoir, malheureusement, il a tendance à en abuser. Je crois malgré tout que les coops sont absolument nécessaires. Plus que jamais en ce moment, en raison de la crise du logement, ce modèle hors marché doit rester, mais sous haute surveillance. J’en ai trop vu.
J’ai vu, à maintes reprises, des comités de sélection choisir un adulte (ou un couple sans enfants) pour de très grands 6 1/2, alors que partout des familles ont de la difficulté à se loger. J’ai vu une membre mettre de la pression pour qu’on ne loue pas le logement au-dessus du sien à une famille avec enfants parce que, disait-elle ouvertement, elle « n’a plus l’âge d’entendre des enfants courir au-dessus de sa tête ». Pour qu’on loue un logement libre à sa sœur, j’ai vu un membre locataire influent (non-membre du comité de sélection) assister à ladite sélection, supposément comme « observateur », une présence en soi très intimidante : ça a marché, sa sœur a eu le logement, un beau 5 1/2 pour elle seule.
Et l’abus est loin de n’être qu’autour de la sélection des membres. J’ai vu des subventions au logement (AACR) refusées par le comité finance à des membres qui y avaient pleinement droit, ou encore des calculs complètement erronés qui ont privé plusieurs membres des montants auxquels ils avaient aussi droit. Et lorsque sont remis en question ces décisions et calculs erronés, il y a rapidement les menaces d’être accusée de « harcèlement ». J’ai vu également des agressions verbales, des moqueries pour ridiculiser l’intervention d’un membre en assemblée, des passe-droits.