Northvolt garde confiance et prépare l’étude d’impact pour l’usine Revolt

Northvolt garde confiance pour l’avenir de son usine de batteries au Québec, malgré les menaces de guerre commerciale américaine. L’entreprise poursuit d’ailleurs la préparation de son étude d’impact pour la seconde phase, soit l’usine de recyclage Revolt. Celle-ci fera l’objet d’une évaluation environnementale québécoise, mais le fédéral a décidé de ne pas soumettre le projet à son propre processus d’examen des impacts.
L’incertitude provoquée par la perspective d’une imposition de tarifs de la part du gouvernement Trump pourrait-elle affecter le projet d’usine Northvolt Six, qui est encore à construire ? « Northvolt Amérique du Nord vise à desservir le marché nord-américain, nous suivons la question des tarifs douaniers de près et demeurons en contact avec les autorités à cet égard », indique l’entreprise suédoise, par courriel.
En plus des menaces de tarifs, le président Donald Trump ne cache pas son aversion envers les voitures électriques, pourtant présentées comme un élément clé du plan de lutte contre la crise climatique du gouvernement américain sous le gouvernement de Joe Biden. « Nous demeurons convaincus de la pertinence de réaliser la transition énergétique et bâtir des chaînes de valeur nord-américaines fortes et résilientes », souligne néanmoins Northvolt, dans une seconde réponse.
L’entreprise dit être toujours en « processus de restructuration », dans la foulée des difficultés financières des derniers mois. Une fois que cette démarche sera menée à terme, Northvolt prévoit une mise à jour de l’échéancier.
Au total, 510 millions de dollars en fonds publics québécois ont jusqu’ici été injectés dans le projet, qui a échappé à la procédure d’évaluation environnementale qui est normalement imposée à tous les grands projets industriels. Des travaux ont été menés en 2024, dont la destruction des milieux humides et le déboisement, mais aussi le début de la construction du premier bâtiment et la mise en place d’un système de drainage des eaux de pluie.
Étude de « Revolt »
En plus des étapes à venir pour Northvolt Six, l’entreprise prépare actuellement l’étude d’impact pour l’usine de recyclage de batteries Revolt, qui sera située sur une autre portion du terrain. Cette étude est une étape de la procédure d’évaluation environnementale québécoise qui devrait mener à un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
« Nous sommes à finaliser la conception du bâtiment, y compris ses besoins en eau. Ces informations seront disponibles au public au moment du dépôt de l’étude », indique Northvolt par courriel. Celle-ci devait être déposée « à la fin du premier trimestre de 2025 en vue d’une consultation publique au printemps ».
L’« avis de projet » déposé l’an dernier pour Revolt comprenait une liste des « effets anticipés ». En phase de construction, le document mentionne notamment une « modification de la qualité de l’air », une « dégradation de la qualité de l’eau de surface » et un « empiètement sur les milieux humides ». On mentionne aussi : « perturbation et impact sur la faune, y compris les poissons, les tortues, les oiseaux, et leurs habitats ». Lors de l’exploitation, l’avis fait entre autres état d’« impacts sur la santé issus de la dégradation de l’environnement (air, sols, eau) » et de « préoccupations concernant la sécurité publique (risques technologiques) ».
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Northvolt promet cependant de se pencher sur chaque enjeu et de prévoir « les méthodes adaptées de construction et les mesures d’atténuation permettant de réduire ou de minimiser les impacts inévitables sur le milieu ».
L’usine occupera une superficie de 72 000 m2 sur une portion du terrain qui nécessitera de nouveaux travaux de déboisement et de remblaiement de milieux humides. Ceux-ci devront être autorisés par le ministère de l’Environnement du Québec, qui a déjà donné le feu vert en janvier 2024 pour la destruction de dizaines de milieux humides et de zones boisées qui avaient jusqu’alors une « haute valeur écologique ». On y retrouvait notamment des espèces menacées.
Espèces menacées
Par ailleurs, si le gouvernement du Québec réalisera une évaluation environnementale du projet Revolt, le gouvernement canadien a pour sa part dit non à un tel examen, et ce, même s’il pouvait avoir des impacts sur des espèces menacées protégées par le fédéral.
Dans un « rapport d’analyse », l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC), qui a été mandatée par le ministre de l’Environnement Steven Guilbeault pour évaluer le dossier, constate que le projet industriel pourrait avoir des « effets négatifs » relevant « d’un domaine de compétence fédérale », comme la protection des oiseaux migrateurs, des espèces menacées ou celle de l’habitat du poisson.
L’organisme conclut toutefois que l’usine n’a pas à passer par un processus d’évaluation du fédéral qui impliquerait notamment la rédaction d’une étude d’impact, notamment parce qu’un examen du gouvernement du Québec est prévu. Dans sa décision, l’AEIC souligne que la Loi sur les pêches, la Loi sur les espèces en péril et la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs (qui interdit « de nuire aux oiseaux migrateurs ») devront néanmoins être respectées.
Le gouvernement fédéral avait également dit non l’automne dernier à une évaluation de l’usine Northvolt Six, malgré une demande formulée par des citoyens de la région. Ottawa avait justifié sa décision en faisant valoir qu’il était trop tard, puisque la destruction des zones boisées et des milieux humides du site occupé par l’entreprise suédoise avait déjà eu lieu. Le document citait en exemple le « défrichage du terrain [abattage et essouchage d’arbres] », le « remblayage de milieux humides » et « autres travaux de préparation du site ».