À ne pas oublier en décembre
Une dernière page a été tournée au calendrier, c’est donc que le temps des conseils de fin d’année a sonné. Je n’y échapperai pas : mon devoir de planificatrice financière avant l’originalité !
Commençons donc cette semaine en nous attardant à deux véhicules de placements qui devraient impérativement être ouverts d’ici le 31 décembre, si ce n’est pas déjà fait.
Et comme ces stratégies financières devraient être accompagnées de conseils professionnels, elles devraient figurer parmi vos priorités cette semaine, bien avant les emplettes des Fêtes.
Le REEE comme cadeau de dernière minute
Impossible de se tromper avec un tel cadeau, même s’il est complexe de l’emballer pour le déposer sous le sapin ! Le régime enregistré d’épargne-études (REEE) est un compte de placement qui permet véritablement d’enrichir la famille. Le ou les souscripteurs (parent, grand-parent, tante, parrain, peu importe) cotisent au régime pour investir dans un portefeuille boursier, idéalement. Le bénéficiaire obtient quant à lui des subventions gouvernementales, qui se veulent des incitatifs à épargner pour les études des enfants, correspondant à 30 % des cotisations, en plus du Bon d’études canadien pour les familles à revenus modestes. Ces subventions sont ajoutées aux investissements pour obtenir plus de rendements.
Si, sur le plan fiscal, aucune déduction ne découle d’une cotisation au REEE, il est possible de différer de l’impôt sur les revenus de placement, et ce, tant que l’argent demeure dans le régime. Une fois que le versement des paiements d’aide aux études (PAE) est effectué, les subventions et les gains sur placement deviennent imposables, mais dans les mains du bénéficiaire, qui, lui, ne paiera probablement pas d’impôt, ou du moins en paiera beaucoup moins que le souscripteur.
Puisque les cotisations appartiennent toujours au souscripteur, il est possible de faire travailler en double ou même en triple — combien avez-vous d’enfants à chérir ? — le même capital investi. Dès que le plus vieux est admissible aux PAE, il est possible de retirer des sommes et de cotiser au régime du plus jeune, et ainsi de suite, pour maximiser les subventions.
Enfin, cerise sur le gâteau, une fois les PAE versés aux enfants, le souscripteur pourra reprendre ses cotisations sans impact fiscal et les utiliser à sa guise. Par exemple, pour cotiser à son régime enregistré d’épargne-retraite (REER), à son compte d’épargne libre d’impôt (CELI) et/ou pour cotiser au compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP) des enfants devenus jeunes adultes ! Incontestablement, ce seront les 2500 $ investis les plus payants sur le long terme pour votre famille.
Quelques conseils en vrac
Le plafond est de 50 000 $ par enfant, mais il faut cotiser 2500 $ par année afin de recevoir toutes les subventions.
Il est possible de rattraper une année à la fois. Cela signifie que vous pourriez offrir 5000 $ par enfant en cadeau d’ici le 31 décembre pour les enfants dont le REEE n’a pas été ouvert durant l’année de leur naissance.
Pour obtenir les subventions d’un enfant qui aurait eu 15 ans en 2024, vous devez ouvrir le compte d’ici le 31 décembre et y déposer au moins 2000 $. Le cas échéant, vous n’aurez pas droit aux subventions d’ici ses 17 ans.
Le Bon d’études canadien (BEC) est offert aux enfants admissibles de familles à faible revenu et prévoit un paiement initial de 500 $ pour la première année d’admissibilité de l’enfant, plus 100 $ par année, jusqu’à un maximum de 2000 $. Il est peut-être temps de vider la tirelire de vos enfants ou d’accumuler tous les petits cadeaux reçus en argent et de cotiser les premiers 500 $, doublant automatiquement le montant du REEE…
Le nouvel incontournable de 2024, le CELIAPP
Si les enfants de votre entourage sont trop vieux pour bénéficier d’un cadeau REEE, rassurez-vous, vous pouvez continuer de les aider financièrement dans leur vie. Le CELIAPP, lancé l’an passé, a mis du temps à être offert par les institutions financières, mais ce n’est dorénavant plus le cas. Créé pour faciliter l’accès à la propriété aux plus jeunes, ce compte est à préférer au régime d’accession à la propriété (RAP) puisque, contrairement à celui-ci, les retraits effectués dans le CELIAPP au moment de l’achat d’une habitation admissible n’auront pas à être remboursés.
Puisque les règles d’attribution ne s’appliquent pas au CELIAPP, les parents ou les autres membres de la famille peuvent donner le capital au titulaire du compte de placement sans impact fiscal. L’avantage demeure intéressant pour celui-ci, qui peut déduire de son revenu les cotisations effectuées, que ce soit pour 2024 ou pour les années futures. Le rendement des placements détenus dans ce compte est non imposable.
Enfin, dans le pire des cas, un compte CELIAPP n’ayant jamais été utilisé pour l’achat d’une résidence pourra, quinze ans après son ouverture, être transféré en franchise d’impôt dans le REER, sans affecter les droits de cotisations. Peu importe que le projet de devenir propriétaire soit sincère ou même réalisable, il s’agit du compte à privilégier avant le REER pour toute personne admissible à ouvrir ce compte.
D’autres conseils en vrac
Il est possible de cotiser un maximum de 40 000 $ au CELIAPP, à raison de 8000 $ maximum par année.
Puisqu’il est possible de rattraper les droits de cotisation annuels, mais seulement pour les années pendant lesquelles le compte a été ouvert, il est conseillé d’ouvrir le CELIAPP d’ici le 31 décembre, même si vous ne pouvez pas y cotiser le maximum.
Si vous êtes admissible à l’ouverture du compte CELIAPP, il vaut mieux l’ouvrir plus tôt que tard, même si vous n’avez pas encore l’épargne suffisant pour le maximiser.
N’oubliez pas d’envisager de transférer au CELIAPP les soldes de vos comptes CELI ou non enregistrés afin de profiter de la déduction fiscale pour 2024 si vos revenus sont importants.
Si vous voulez faire un cadeau, vous devez verser l’argent à votre enfant ou à votre petit-enfant pour qu’il ouvre lui-même son compte CELIAPP d’ici le 31 décembre.
Planificatrice financière, Sandy Lachapelle est présidente du cabinet indépendant Lachapelle finances intelligentes.
Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.