«Monologue d’une non-monogame dans la salle de bain d’un sous-sol», Kareen Martel

Les adeptes du mode de vie polyamoureux en vantent souvent le côté libérateur, plein, vivant. Ce court récit d’autofiction signé Kareen Martel ne nous donne pourtant pas envie de l’essayer. On croyait plonger dans un univers de dévoration, on a affaire à la liste pesante des anxiétés liées à la séduction. « Pauvre toi, Madame, arrête de t’imposer cela », s’entend-on dire à cette non-monogame qui monologue. Il y a effectivement monologue, et on attend qu’il se mue en une forme de point culminant, qui ne vient pas vraiment. Dommage, car l’autrice, qui maîtrise joliment la langue, par ailleurs, effleure plusieurs thèmes connexes riches qui gagneraient à être explorés en profondeur : les canons de beauté féminins, le besoin de satisfaire d’abord les autres, les contours parfois flous du consentement, l’anxiété de performance dans les relations intimes, le déséquilibre orgasmique homme-femme, etc. En fin de compte, ce que l’autrice nous dit, c’est que le polyamour n’est qu’une autre fuite en avant pour ceux et celles qui ont un besoin de validation.