Le milieu du tourisme s’adapte aux hivers plus doux

Véronique Leduc
Collaboration spéciale
« Fatbike » à Montebello
Photo: Aventure Écotourisme Québec « Fatbike » à Montebello

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Devant les changements climatiques qui modifient nos saisons, les acteurs touristiques du Québec ont déjà commencé à trouver des solutions pour s’adapter et continuer à faire du Québec un endroit où il fait bon profiter de l’hiver.

Il est tombé seulement les deux tiers de la quantité de neige habituelle au sud de la province pendant l’hiver 2023-2024, qui a aussi été le plus chaud des 105 dernières années au sud du Québec, peut-on lire sur le site du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec. Et si ce genre d’hiver avait à se présenter de nouveau, la majorité des joueurs du milieu touristique seraient prêts, estime le directeur général du regroupement Événements Attractions Québec, qui représente plus de 500 membres partout dans la province. « Plusieurs initiatives me viennent en tête », dit François-G. Chevrier quand il est questionné sur la façon qu’ont ses membres de s’adapter aux changements climatiques.

« Au Carnaval de Québec, la structure du Palais de glace est conçue de manière à pouvoir passer à travers un redoux. Aussi, pour couvrir la scène et une partie des spectateurs, un dôme a été ajouté afin de permettre de se protéger s’il pleut et de se tempérer en cas de froid extrême. Dans d’autres festivals, on recrée un décor hivernal grâce à des lumières et à des décorations qui assurent une féerie même s’il manque de neige. » Selon lui, ces stratégies pour arriver à proposer une sortie réussie malgré les aléas de la météo seront de plus en plus présentes dans l’avenir.

Le son de cloche est similaire chez Valérie Bélanger, responsable des communications pour Aventure Écotourisme Québec, qui regroupe environ 300 entreprises de tourisme d’aventure et parcs régionaux. « Un hiver comme celui de l’an dernier peut affecter nos membres, mais ce qu’on remarque, c’est une tendance à innover et à se diversifier. Plusieurs entreprises qui se concentraient sur un seul créneau développent d’autres activités afin de s’adapter aux saisons changeantes. » Valérie Bélanger donne en exemple des lieux qui ont ajouté des sentiers de fatbike à leur offre, ou des sites de via ferrata ou de tyroliennes qui sont désormais équipés pour ouvrir à l’année. Elle pense aussi à Kinadapt, une entreprise de Rawdon spécialisée en activités d’attelage canin, qui a décidé de ne plus attendre la neige : ses traîneaux peuvent désormais se déplacer sur roues. « L’hiver va continuer d’exister, il va juste être différent. Mais avec des idées innovantes, il y a moyen d’offrir des activités variées », estime Valérie Bélanger, qui croit que le mot d’ordre pour les prochaines années est « diversification ».

Les stratégies des stations de ski

Du côté des stations de ski, cela fait des décennies que les stratégies d’adaptation au climat sont en marche. Fabrication de neige d’une grande qualité ou aménagement des pistes en fonction de l’ensoleillement font partie des solutions. Selon Josée Cusson, directrice des communications et du marketing à l’Association des stations de ski du Québec, qui représente 72 stations dans la province, le secteur des sports de glisse jouit d’une expertise qui s’est développée au fil des ans et qui s’améliore grâce aux nouvelles technologies. « Avant, il fallait des heures de préparation pour faire fonctionner un canon à neige, aujourd’hui, il est possible de le faire à partir de son cellulaire ! » Tant mieux, puisque les périodes assez froides pour fabriquer de la neige sont plus courtes qu’avant, surtout en début et en fin de saison, explique Josée Cusson. Ici aussi, on parle de diversification. Certaines stations proposent des animations et de l’hébergement ou varient leurs activités afin d’allonger la saison.

Photo: Association des stations de ski du Québec Ski à Stoneham

Est-ce que ces façons de s’adapter mises en place portent leurs fruits ? Peut-être, parce que le tourisme d’hiver du Québec se porte bien. « Il y a eu une recrudescence de l’achalandage sur les pentes pendant la pandémie, on a senti un retour aux sports de glisse, expose Josée Cusson, qui parle de 1,6 million de pratiquants l’an dernier.

Puis, selon un sondage effectué chaque année par Événements Attractions Québec, 70 % des Québécois prévoyaient de participer à au moins une activité touristique cet hiver.

L’hiver autrement

Malgré tout, les acteurs du milieu ne comptent pas s’asseoir sur ces acquis et désirent mousser l’hiver québécois, et ce, peu importe les conditions. « Pas de neige ? Sortez quand même ! » soutiennent les trois intervenants interrogés.

« Les activités hivernales sont tellement associées à une accumulation de neige que les gens ont tendance à l’attendre avant de sortir. Mais il faut comprendre que, même sans neige, il y a toujours du tourisme hivernal ! » dit François-G. Chevrier d’Événements Attractions Québec.

« Les changements climatiques sont là pour rester, croit Valérie Bélanger. Il faut les combattre, bien sûr, mais aussi s’y adapter. » Par exemple, il n’est selon elle pas nécessaire d’attendre les conditions parfaites pour sortir. Elle souligne d’ailleurs que les membres d’Aventure Écotourisme Québec proposent ensemble une quinzaine d’activités hivernales différentes — sentiers de raquette, de randonnée, de ski de fond ou de fatbike, pêche blanche, kayak ou canot d’hiver, hébergements insolites — qui ne nécessitent pas toutes les mêmes conditions.

Photo: Christin Healey pour Aventure Écotourisme Québec Kayak de mer par Saguenay Aventures

Et surtout, selon Josée Cusson de l’Association des stations de ski du Québec, il ne faut pas oublier que s’il n’y a pas de neige à Montréal ou dans la région où on habite, il peut y en avoir ailleurs. « J’aime faire la comparaison avec Toronto ou Vancouver, où les citadins sont habitués à ne pas avoir de neige en ville, mais savent qu’il y en a en montagnes. » C’est d’ailleurs une des missions que s’est donnée l’Association cette année : inciter les gens à aller jouer dehors par des campagnes numériques entre autres, et grâce à des webcams installées dans les stations afin de montrer qu’il y a de la neige sur les pistes. « Les changements climatiques représentent un réel défi, et il faut s’occuper de la perception de la clientèle par rapport à ça. »

« Je trouve qu’en général, les Québécois sont plus curieux et proactifs quand vient le temps de chercher des activités en été plutôt qu’en hiver, constate François-G. Chevrier. Même chose pour les festivals hivernaux, qu’on connaît moins : ils sont pourtant une cinquantaine dans toutes les régions. Si les gens savaient tout ce qu’il y a à faire pendant l’hiver, ils voudraient en faire plus ! »

Trois conseils de pros pour profiter de l’hiver

« Pensez à faire des activités associées à l’été pour profiter d’ambiances complètement différentes : zoos, parcours dans les arbres ou expériences immersives en forêt, par exemple. »
 François-G. Chevrier, directeur général du regroupement Événements Attractions Québec

« Contactez directement les entreprises pour connaître les conditions et pour découvrir des activités d’hiver que vous ne connaissez peut-être même pas. »
 Valérie Bélanger, responsable des communications pour Aventure Écotourisme Québec

« Il faut cesser de penser que parce qu’il n’y a pas de neige chez nous il n’y en a pas ailleurs ! Visitez les sites des stations de ski pour connaître les conditions : vous pourriez être surpris. »
— Josée Cusson, directrice des communications et du marketing à l’Association des stations de ski du Québec

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

À voir en vidéo