«En mémoire des filles», Sylvain Turner

Le dossier est accablant : chaque année, des dizaines de jeunes filles mineures — et des garçons aussi ! — disparaissent et tombent entre les mains de proxénètes qui les traitent comme du bétail. Direction salons de « massage », « danses » aux tables, prostitution, drogue et vies brisées. C’est précisément ce qui arrive à Laurence, qui disparaît un soir après que son père a critiqué ses fréquentations douteuses ; on la trouvera morte quelques semaines plus tard dans une auto calcinée au milieu d’un terrain vague du nord de la ville. Le paternel s’écroule, évidemment, et ne réussit à survivre qu’en jurant de retrouver les assassins de sa fille, que les policiers n’arrivent pas à coincer. Et ce petit livre est précisément le bête récit de cette vengeance impitoyable alors que le père éploré remonte systématiquement la piste et devient à son tour un assassin planifiant la mort des coupables. Ce qui ne changera strictement rien à rien, bien sûr, sinon à combler le vide par le vide. Triste. « Les filles » méritent beaucoup plus.

En mémoire des filles

★★ 1/2

Sylvain Turner, Mains libres, Montréal, 2024, 204 pages

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