La députée Manon Massé opposée au projet Berri-2 d’Hydro-Québec

Tel qu’il est proposé par Hydro-Québec, le poste Berri-2 détruirait une partie des jardins de la Grande Bibliothèque tout en s’appropriant aussi le terrain situé en face de la gare d’autocars.
Photo: Jean-François Nadeau Le Devoir Tel qu’il est proposé par Hydro-Québec, le poste Berri-2 détruirait une partie des jardins de la Grande Bibliothèque tout en s’appropriant aussi le terrain situé en face de la gare d’autocars.

La députée Manon Massé est opposée au projet d’Hydro-Québec de construire un poste électrique aussi gros que la Grande Bibliothèque juste à côté de celle-ci. « Ce n’est pas acceptable », répète-t-elle.

Le projet de construction d’un poste électrique géant de 315 kV (kilovolts) planté en face de la gare d’autocars nécessiterait des installations de type industriel qui pourraient égaler ou dépasser en hauteur la Grande Bibliothèque, tout en occupant une plus grande surface et en empiétant sur ses jardins actuels.

Le projet soulève « beaucoup de questions et offre peu de réponses », affirme la députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques. Elle s’inquiète de l’attitude d’Hydro-Québec dans ce dossier devant la nécessité d’envisager l’allure que Montréal prendra demain.

« On reconnaît la nécessité de l’alimentation en électricité, affirme la députée. Ce n’est pas la question, mais bien l’emplacement qui pose problème. »

À son avis, la possibilité de construire sur plus d’un site doit être privilégiée, de même que la nécessité d’enfouir le plus possible en sous-sol. « Bien sûr que ça coûte plus cher. Mais dans 50 ans, les Montréalais nous remercieront d’avoir fait ce choix-là. Dans 50 ans, on va être plus heureux d’avoir fait ce choix de dépenser un peu plus pour que ce soit moins laid. Il faut préserver aussi ce qui est vert. Ce parc, j’aimerais mieux qu’il reste vert ou, à la rigueur, qu’il serve à accueillir des projets culturels ou du logement social. Tout plutôt que ça ! »

Pour elle, le projet Berri-2, planté au côté de la Grande Bibliothèque, dans un espace important du Quartier latin, ce n’est « tout simplement pas acceptable », répète-t-elle.

Le 18 septembre dernier, la députée avait écrit à ce sujet à Christine Fréchette, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie. Elle l’invitait « à plus de transparence dans ce dossier si opaque » et « à ne pas signer le décret concluant l’entente de vente du site de BAnQ », afin de ne pas dénaturer un espace public, le Quartier latin, qui constitue « le coeur culturel de notre cité ».

Photo: Marie-France Coallier Le Devoir

Ouverte à discuter

Manon Massé constate qu’entre les premiers énoncés d’Hydro-Québec et ses communications des derniers jours, l’attitude a quelque peu changé. « J’ai vu une évolution dans la volonté d’étudier sérieusement la possibilité de construire sur deux sites distincts afin de diminuer l’impact. »

L’ex-porte-parole de Québec solidaire avait suggéré de considérer l’idée de réinvestir une partie des bâtiments adjacents à la nouvelle gare d’autobus. La portion arrière, propriété d’un promoteur, est laissée à l’abandon depuis des années. « Cet abandon défigure le quartier », regrette-t-elle, en pointant du doigt ceux qu’elle juge être de mauvaises entreprises citoyennes.

La députée n’exclut pas non plus la possibilité pour Hydro de s’implanter sur d’autres sites. « Quand Hydro-Québec affirme qu’elle ne veut surtout pas exproprier, je réponds que c’est d’abord l’intérêt public qu’il faut regarder. La nouvelle loi 22, que nous venons d’adopter à l’Assemblée nationale, indique précisément que, quand il faut répondre à l’intérêt public, l’expropriation doit être facilitée. La loi 22 vient faciliter la question de répondre aux besoins du public. Hydro-Québec a tous les outils pour agir en ce sens. »

D’autres sites des environs pourraient être envisagés, maintient-elle, en n’excluant pas la nécessité d’exproprier. À terme, il faudrait un BAPE, croit la députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, afin d’assurer un maximum de transparence. « Là, vous avez accès à toute la documentation. Ce n’est pas le cas en ce moment. »

Sur le réseau social X, l’ex-ministre libérale Christine St-Pierre s’inscrit aussi du côté des opposants à ce projet. Elle dénonce un « manque de vision » de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). L’ex-ministre de la Culture et des Communications affirme que « ce terrain doit demeurer sa propriété ».

Le recteur de l’UQAM inquiet

Dans une communication envoyée le 24 octobre, à la suite d’une présentation d’Hydro-Québec de son projet, le recteur de l’UQAM, Stéphane Pallage, a cru bon s’adresser aux membres de la communauté universitaire. « Plusieurs d’entre vous m’ont écrit sur l’installation possible par Hydro-Québec d’un poste de transformation électrique de 315 kV à proximité de la Grande Bibliothèque », indique-t-il.

Selon le recteur de l’université populaire, « des questions se posent quant à l’impact de ce projet sur la relance du Quartier latin et sur la santé publique ».

Dans sa lettre, le recteur Pallage affirme en outre que « ce projet a le potentiel d’altérer le visage du quartier à un moment où de nombreux partenaires travaillent à lui redonner son caractère de haut lieu de la culture francophone de Montréal. » Pour le premier administrateur de l’institution universitaire du quartier, « la question de la sécurité du public peut également nous interpeller ».

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