Le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, tire un trait sur la politique

Le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, a annoncé mercredi que le rideau tombera en novembre prochain sur sa carrière politique longue de 40 ans. L’élu tirera sa révérence après 12 années passées aux commandes de la Ville à laquelle il aura insufflé un fort élan économique, mais il aura prêté le flanc, aussi, à de nombreuses critiques.
« Je passe le flambeau au suivant dans l’intérêt de la communauté lévisienne, a indiqué le maire de Lévis devant un parterre composé d’élus de son parti. Je suis très fier du chemin parcouru, mais il vient un moment où il faut savoir partir. »
Gilles Lehouillier dit avoir hésité « jusqu’au dernier moment » avant de statuer sur son avenir politique. L’attrait des longs voyages à venir et des rêves de traverser des continents à vélo auront finalement décidé l’élu de 71 ans à céder sa place.
Plusieurs imaginent la conseillère Isabelle Demers en dauphine du maire sortant. Le chef de Repensons Lévis, Serge Bonin, a déjà annoncé ses ambitions pour novembre prochain. Sans confirmer formellement son intention de sauter dans l’arène municipale, l’ancien ministre conservateur Steven Blaney a déjà créé un véhicule électoral peu équivoque : Prospérité Lévis — Équipe Steven Blaney.
Le maire sortant n’entend pas s’immiscer dans la course à sa succession ni dans la prochaine campagne électorale. « Le choix de mon équipe, ce sera mon choix, a-t-il indiqué. En d’autres mots : je ne vais pas jouer à la belle-mère. »
Lévis occupe un rang peu enviable sur la scène démocratique québécoise, avec un des taux de participation les plus faméliques dans le paysage municipal. Au dernier scrutin, en 2021, à peine 34 % de l’électorat avait exprimé son vote.
« Nous avons propulsé la ville »
Conseiller municipal de 1986 à 2005, Gilles Lehouillier a fait un mandat à l’Assemblée nationale sous la bannière libérale avant de briguer la mairie de Lévis. Élu une première fois en 2013, il a longtemps régné sur la ville sans opposition au conseil municipal, l’ensemble des conseillers ayant appartenu à sa formation jusqu’en 2021 et l’élection de Serge Bonin, issu d’un parti adverse.
Sous son règne, Lévis a connu une croissance démographique importante, passant de 140 000 habitants en 2011 à près de 160 000 personnes en 2024, une population qui la hisse au septième rang des villes les plus populeuses du Québec.
La croissance de Lévis lancée sous ses mandats aura profondément modifié le paysage et l’identité de la ville, selon le maire. Lévis, autrefois considérée comme une banlieue-dortoir de Québec, a désormais son dynamisme interne et « ses propres lieux identitaires ».
« Les gens me disent souvent : enfin, nous n’avons plus besoin d’aller à Québec, a souligné le maire dans son allocution. Nous avons propulsé la ville. » Malgré ce boom démographique, le taux de satisfaction des citoyens à l’égard des services municipaux n’a jamais cessé d’obtenir des performances enviables, avec une note de 76 % lors du dernier coup de sonde réalisé en 2023.
Gilles Lehouillier aura coupé le ruban de plusieurs infrastructures sportives et corporatives pendant son passage à la mairie, notamment du centre des congrès de Lévis. Il s’enorgueillit également d’avoir donné à la population un accès au fleuve et à ses affluents, avec la mise en place, entre autres, de la piste cyclable du Parcours des Anses et la valorisation du quai Paquet.
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Quelques bémols
Les tours d’habitation poussent désormais sur le territoire de la Ville, parfois de façon désordonnée par rapport au milieu qui les accueille. Encore récemment, Lévis a dû décréter un moratoire sur les nouvelles constructions pour mettre à niveau ses infrastructures de traitement des eaux. La densification apporte aussi son lot d’irritants quotidiens, notamment une congestion qui devient de plus en plus importante sur le réseau routier.
Plusieurs critiquent d’ailleurs le manque d’investissements de son administration en transport collectif. La croissance de Lévis, propulsée par un des plus faibles taux de taxation du Québec, n’aura pas non plus permis de juguler la dette. Le poids de cette dernière figure parmi les plus lourds au Québec : seule Terrebonne précède la ville à ce chapitre au sein des 10 plus grandes municipalités québécoises.
Certains ont également critiqué le manque d’égard de son administration à l’endroit du patrimoine bâti. Les édifices centenaires tombés sous le pic des démolisseurs se comptent en dizaines depuis 2013 et plusieurs déplorent le manque de dents de la réglementation municipale pour les propriétaires de bâtiments patrimoniaux négligents.
Le maire de Lévis demeure un défenseur de la première heure du troisième lien, une construction essentielle, selon lui, pour assurer la prospérité et la sécurité économiques de sa ville et de la Rive-Sud de la région de Québec.
Même si, au cours des dernières années, le maire a exprimé très publiquement son agacement face à la Coalition avenir Québec, accusant le gouvernement d’agiter la promesse de lien autoroutier comme un « leurre » à la face de l’électorat, il croit inévitable le retour de cet enjeu dans la prochaine campagne électorale provinciale en 2026. « Ça va rester d’actualité, nous ne pourrons pas le reléguer aux oubliettes. »