Lire «Le Devoir» tous les jours en Allemagne

Le Devoir, c’est une affaire de famille pour Christophe Hinz. D’aussi loin qu’il se souvienne, ses parents ont « toujours » été abonnés au journal. Dès son plus jeune âge, au petit-déjeuner, il apprend à déchiffrer les articles à l’envers pendant que sa mère et son père lisent les cahiers A et B. Il fréquente aussi la famille d’André Laurendeau, ex-rédacteur en chef du Devoir, l’un des fils du journaliste étant en couple avec sa tante. Aujourd’hui expatrié en Allemagne, l’homme de 48 ans continue de lire quotidiennement Le Devoir… mais à l’endroit cette fois.
« C’est une constante dans ma vie », explique Christophe Hinz en entrevue vidéo depuis Mayence, près de Francfort. « Je lisais Le Devoir au Québec et je le lis encore ici, avec comme seule différence que c’est la version tablette [que je lis maintenant]. »
Né d’un père allemand et d’une mère originaire de La Tuque, l’homme qui a grandi à Québec s’est installé en Allemagne en 2001 pour faire un doctorat en musicologie. « Quand le journal s’est mis à l’électronique, j’étais frustré de ne pas pouvoir le lire », se souvient-il. Sa carte de crédit allemande ne lui permettait pas de s’abonner à ce moment-là.
Déterminé, il envoie un message au journal pour tenter de rectifier la situation. « J’ai écrit pour dire : “Ça n’a pas de bon sens, je veux payer pour m’abonner, mais je peux pas !” » Quelque temps plus tard, une solution est trouvée. Et Christophe Hinz peut recommencer à lire quotidiennement le journal, de manière virtuelle. « Ça a toujours été important dans la famille d’être bien informé. »
Quelques années plus tard, en 2016, il reprend la plume pour écrire directement au directeur du Devoir, Brian Myles. Le quotidien venait alors de lancer une campagne de financement et sollicitait des dons. « La manière la plus simple d’aider, dans mon cas, ce journal qui m’apporte tant, serait simplement de payer plus, écrit M. Hinz. Non pas sous forme d’un don (paperasse), mais simplement d’un paiement mensuel plus élevé. »
Brian Myles lui répond que le travail a déjà été amorcé et que cette possibilité sera offerte sous peu. Depuis, Christophe Hinz bonifie tous les mois son forfait d’abonnement au Devoir pour soutenir financièrement le quotidien. Produire de l’information rigoureuse, « ça prend du temps, justifie-t-il. C’est une contribution à la démocratie et une reconnaissance de la qualité [du journal]. »
«Le Devoir» a 115 ans!
Comprendre le monde
Celui qui a étudié en musique, mais qui a depuis fait carrière en informatique, apprécie particulièrement les articles de Christophe Huss. Tout comme les éditoriaux et les lettres ouvertes, qui offrent de « nouveaux éclairages ». Il s’ennuie des chroniques de Jean Dion et se délecte des mots de Josée Blanchette. « Parfois, quand je suis en vacances et que je ne lis pas le journal, je vais retourner à l’édition du vendredi juste pour lire [sa chronique]. »
Il aimerait lire encore plus d’enquêtes. Et propose que les chiffres — parfois fort abstraits — cités dans les articles soient transposés à une échelle plus compréhensible. Par exemple, les 7 milliards de dollars que Québec et Ottawa avaient promis de verser à Northvolt, ça représente combien par contribuable ?
Depuis que Christophe Hinz a quitté le Québec, il y a presque 25 ans, la province a bien changé. Mais Le Devoir lui permet de garder un « lien » avec sa terre d’origine et de comprendre les enjeux qui rythment son présent. « C’est le meilleur journal du Québec, vous pouvez me citer là-dessus ! » lance-t-il, en précisant qu’à ses yeux, Le Devoir permet d’accroître « la compréhension du monde » et « la compréhension de l’autre ».
Et parfois, de petits miracles se produisent. Il y a une dizaine d’années, en se promenant dans le centre-ville de Mayence, Christophe Hinz a senti son regard être attiré vers une table. « Après quelques secondes, j’ai trouvé ce qui n’allait pas : une femme, attablée à une terrasse avec un café, qui lisait… Le Devoir ! » Face à l’exaltation du jeune homme, l’agente de bord, de passage à Francfort, lui a fait cadeau du journal si convoité. « [C’était une] indescriptible émotion de lire mon journal, l’édition toute fraîche de la veille, en version papier, sur mon balcon à Mayence ! »