Une solution pour sauver plus de vies

Gratuit, volontaire et anonyme, le don de sang contribue à sauver des vies, souligne l’auteur.
Photo: Ryan Remiorz La Presse canadienne Gratuit, volontaire et anonyme, le don de sang contribue à sauver des vies, souligne l’auteur.

En cette période des Fêtes, où la générosité est au cœur des préoccupations, Héma-Québec intensifie sa collecte de produits sanguins. Pourtant, une réalité persiste : il manque de centres de dons accessibles pour celles et ceux qui souhaitent contribuer. C’est pourquoi j’écris cette lettre en espérant qu’elle trouvera un écho auprès des décideurs publics.

Gratuit, volontaire et anonyme, le don de sang contribue à sauver des vies. Les critères d’admissibilité s’assouplissent de plus en plus au Québec. Depuis 2022, les hommes qui ont des relations avec des hommes peuvent donner du sang sans avoir à justifier d’une période d’abstinence. Depuis 2023, les personnes souffrant de diabète ou ayant séjourné dans les pays à risque d’exposition à la maladie de Creutzfeldt-Jakob (maladie de la « vache folle ») peuvent également donner leurs produits sanguins.

Pour moi, le don de sang, c’est une forme de reconnaissance. Je n’ai pas choisi d’être en bonne santé, tout comme les personnes qui en ont besoin n’ont pas choisi d’être en mauvaise santé. Donner mon sang, c’est permettre à des personnes de survivre. Je trouve que c’est un bel effort citoyen. Et qui sait, peut-être qu’un jour j’en aurai besoin ?

Le bémol, c’est mon groupe sanguin. Comme 2,5 % de la population, je suis AB+. C’est le plus égoïste de tous. Je suis receveur universel de globules rouges, mais je ne peux donner les miens qu’à des AB+. En revanche, je suis donneur universel de plasma.

Dans mon cas, et pour d’autres groupes sanguins, comme les AB-, nous sommes beaucoup plus utiles avec notre plasma et nos plaquettes qu’avec nos globules rouges.

Contrairement au don de sang global qui est espacé de 56 jours pour les hommes et de 84 jours pour les femmes, on peut donner son plasma tous les six jours. Cerise sur le sundae, un don par aphérèse (la technique utilisée pour ne prélever que le plasma) permet d’obtenir un volume trois fois plus élevé que dans un don de sang global.

Pour résumer, théoriquement, si je suis assidu et que je donne mon plasma par aphérèse tous les six jours pendant un an, je pourrais donner 177 fois plus de plasma que si je n’avais recours qu’à des dons de sang globaux.

Les cliniques mobiles ne permettent que de faire des dons de sang globaux. Les dons de plasma se font uniquement dans les centres de dons d’Héma-Québec, à cause des équipements nécessaires.

J’habite à Côte-des-Neiges. Je me trouve dans une situation où l’accès aux centres de dons les plus proches est limité (Laval, Brossard et Place Versailles), ce qui constitue un frein à ma capacité de donner régulièrement. Je suis convaincu que d’autres vivent ce même défi. Comme je n’ai pas de voiture, cela me vaut un minimum de 50 minutes de transport collectif, et autant pour revenir. La durée d’un don de plasma est d’environ une heure. En arrondissant, il me faut prévoir environ trois heures par don.

Vous voyez peut-être où je veux en venir.

Avant la pandémie, il y avait un centre de dons au Centre Eaton, au centre-ville de Montréal. Avec les mesures sanitaires, celui-ci a fermé et n’a jamais rouvert.

Je suis convaincu que le retour d’un centre de dons dans un quartier central permettrait à beaucoup de personnes de contribuer à répondre aux besoins en produits sanguins dans notre système de santé.

En espérant que cet appel à l’action incitera à rétablir ce service en plein cœur de Montréal, là où il peut toucher un plus grand nombre de donneurs potentiels et sauver davantage de vies.

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