Et si l’on remettait en question la culture des diètes?

«Pendant que les gens culpabilisent, l’inefficacité des diètes et des produits prétendument miracles de perte de poids passe sous silence», écrivent les autrices.
Photo: Getty Images/iStockphoto «Pendant que les gens culpabilisent, l’inefficacité des diètes et des produits prétendument miracles de perte de poids passe sous silence», écrivent les autrices.

Selon les résultats d’un récent sondage Léger, 35 % des Québécois gardent des morceaux de vêtements qui ne leur font plus dans l’espoir de pouvoir les reporter quand ils auront réussi à modifier leur poids. Cette statistique peut sembler banale : c’est une pratique assez commune et ce n’est qu’un morceau de vêtement, dira-t-on.

Mais si, à ce résultat, on ajoutait que 51 % des Québécois de 14 ans et plus souhaitent maigrir peu importe le poids, que 48 % sont obsédés par la gestion de leur poids ou de leur apparence et que 32 % affirment que leur apparence influe négativement sur leur estime personnelle ? Dans ce contexte, le jean trop petit qui hante à la fois les garde-robes et les pensées représente plutôt le reflet d’une pression insidieuse qui s’exerce sur nous.

Le poids est un sujet de plus en plus controversé, notamment en ce qui concerne notre capacité à le gérer. Beaucoup croient encore qu’il suffit d’un peu de volonté pour perdre du poids. C’est pourtant bien plus complexe. Une multitude de facteurs influencent le poids d’une personne, et plusieurs ne sont pas maîtrisables malgré la meilleure volonté du monde (la génétique, l’âge, la prise de certains médicaments, la présence de maladies, etc.).

La culture des diètes est en partie responsable de ces attentes irréalistes. Elle entretient, à tort, l’idée qu’il est facile de maigrir et que les diètes sont la solution pour y parvenir. Ces fausses promesses poussent les gens à croire qu’ils sont les uniques responsables de leur échec et à se dire « la prochaine fois, je réussirai à remettre ces pantalons trop petits ».

Pendant que les gens culpabilisent, l’inefficacité des diètes et des produits prétendument miracles de perte de poids passe sous silence. L’industrie continue de s’en mettre plein les poches tout en profitant de la vulnérabilité des gens. Rappelons-nous que l’industrie de l’amaigrissement n’a à cœur ni notre santé ni notre bien-être. Elle ne vend que du rêve qui finit par tourmenter plusieurs personnes.

Au fil des années, elle a adapté son message et met davantage en avant des messages de bien-être, des méthodes censées être moins restrictives, et usurpe parfois même l’identité de personnalités connues pour vendre ses produits. Dès que ça a l’air trop beau pour être vrai, on doit se méfier. Rappelons-nous aussi que la majorité des gens vont reprendre le poids perdu et même plus dans les quelques années suivant l’arrêt d’une diète.

Pourquoi ? Parce que l’industrie propose une recette toute faite, un one-size-fits-all, alors que chaque personne est unique, tout comme ce qui détermine son poids. L’industrie ne peut se vanter d’avoir l’expertise d’un professionnel de la santé : elle ne peut pas vous accompagner pour évaluer votre situation, pour discuter de vos attentes et pour vous guider dans les changements de comportements que vous souhaitez faire. Elle ne travaille pas la relation que vous entretenez avec votre corps, la nourriture et l’activité physique.

Cette année, plutôt que de prendre la résolution de perdre du poids, pourquoi ne pas prendre la résolution individuelle et collective de cesser de se blâmer et de dénoncer haut et fort les méthodes inefficaces proposées par l’industrie de l’amaigrissement ? Il existe d’ailleurs un formulaire pour dénoncer les publicités trompeuses conçu par l’Association pour la santé publique du Québec.

Et si au lieu d’investir dans ces méthodes inefficaces, on achetait les ingrédients pour cuisiner sa recette préférée, on s’inscrivait à un cours de danse qui nous procure du plaisir, on s’achetait un morceau de vêtement dans lequel on se sent bien, on consultait un professionnel de la santé pour se faire accompagner ? N’est-ce pas ça, le bien-être et la santé qu’on devrait se souhaiter pour 2025 ?

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