Pour une réponse forte à la déclaration de guerre du président Trump

Donald Trump estime d’abord que le Canada n’est pas en mesure de formuler une réponse rapide et forte dans le contexte politique actuel, note l’auteur.
Photo: Evan Vucci Associated Press Donald Trump estime d’abord que le Canada n’est pas en mesure de formuler une réponse rapide et forte dans le contexte politique actuel, note l’auteur.

Le prochain président des États-Unis a récemment affirmé lors d’une conférence de presse vouloir annexer le Canada en utilisant la « force économique » tout en évoquant le recours à la force militaire pour prendre le contrôle du Groenland et le canal de Panama.

Le projet de faire du Canada le 51e État américain est un danger grave, car il est l’affirmation de la volonté d’expansion de l’empire américain et une menace du prochain président de prendre tous les moyens économiques qu’il juge nécessaires pour soumettre le Canada à son pouvoir politique.

Il s’agit d’une déclaration de guerre d’un voisin conquérant qui exige la mobilisation de toutes nos forces politiques, économiques et sociales du Québec et du Canada pour construire une réponse partagée, adaptée, efficace et rapide.

En augmentant les tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits canadiens de façon unilatérale, rapide et brutale, le président des États-Unis cherche à provoquer rapidement une crise économique grave dans l’économie canadienne en mettant en péril la rentabilité de nos entreprises, les emplois de nos travailleurs, l’activité économique et la dette du pays. Le président désigné espère gagner une guerre économique rapide avant que les conséquences indésirables de cette attaque frontale puissent se faire sentir sur l’économie américaine.

Une stratégie d’agression

Il veut refaire, mais avec succès, le coup que son ami, le président russe, Vladimir Poutine, a cherché à faire à l’Ukraine.

Le vide politique au Canada et l’emprise de Donald Trump sur la société américaine créent des conditions favorables à la réussite de cette stratégie d’agression.

Donald Trump estime d’abord que le Canada n’est pas en mesure de formuler une réponse rapide et forte dans le contexte politique actuel.

Il croit aussi que la capacité de nos alliés américains de faire entendre leur voix dans cette guerre économique est actuellement en veilleuse, par peur ou par intérêt.

Il calcule enfin qu’un prochain gouvernement canadien plus conciliant sera mis devant un fait accompli avec des conséquences économiques graves pour l’économie canadienne, ce qui facilitera sa capitulation politique.

La guerre économique est déclarée

Nous ne sommes plus dans une négociation commerciale dans laquelle les partenaires cherchent une entente qui permettra à chacun d’obtenir des gains dans une vision commune de l’avenir. Nous sommes dans une guerre économique dans laquelle le président des États-Unis cherche à détruire l’économie canadienne pour imposer ses conditions et ses visions d’avenir au Canada. Toute acceptation d’une demande devient alors un signe de faiblesse et une porte ouverte à une demande supplémentaire.

Chercher à reproduire nos stratégies passées qui ont été efficaces dans le cadre d’une négociation commerciale avec notre voisin américain serait une illusion naïve et une erreur stratégique dangereuse. Notre stratégie d’imposer des tarifs sur le jus d’orange et quelques autres produits n’est plus pertinente. Un affrontement sur le terrain politique, économique et social est la seule réponse qui permette de créer un rapport de force favorable à une solution négociée.

Ce n’est que si les conséquences de nos représailles se font sentir rapidement sur l’économie, la politique et la société américaine que nos partenaires américains pourront être mis à contribution pour la recherche de cette solution négociée.

La question politique urgente qui se pose alors pour la société québécoise comme pour la société canadienne est de savoir comment mobiliser les forces politiques, économiques et sociales du Canada et du Québec pour répondre à cette déclaration de guerre et ce qui devrait en faire partie.

Toute stratégie pour répondre à l’agression du président élu sera difficile à mettre en place et coûteuse. Il est cependant nécessaire de rappeler que les coûts d’une capitulation seront plus importants encore et que leurs conséquences futures seront encore plus tragiques.

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