Gare au militantisme qui verse dans le dogmatisme, l’intimidation et la violence

J’ai été membre de l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) de 2008 à 2011. Durant ce temps, j’ai participé activement à ses instances, respecté ses mandats de grève, fait du piquetage, cuisiné des repas populaires et milité pour un monde plus égalitaire et plus juste. J’en gardais jusqu’à maintenant, avec cette nostalgie bien spéciale que l’on peut avoir envers ses années universitaires, d’excellents souvenirs de camaraderie, de débats et de solidarité.
La récente sortie de l’exécutif de mon ancienne association étudiante a fait remonter dans ma mémoire certains aspects peu glorieux du militantisme : le dogmatisme, l’intimidation et la violence.
Des exemples de dogmatisme : vouloir expulser de l’université un député bloquiste venu donner une conférence sur sa tournée en Palestine sous prétexte que son appui à la cause palestinienne n’incluait pas un appui au Hamas. S’opposer aux plans de cours de professeurs dont les positions ne correspondaient pas à une certaine vision militante de l’université.
Des exemples d’intimidation : avoir connaissance de manoeuvres pour empêcher des étudiants opposés aux éternels mouvements de grève de s’exprimer. Appel à d’obscurs règlements adoptés en catimini pour appuyer des groupuscules supposément révolutionnaires, mais qui veulent surtout faire taire ceux qui ne sont pas d’accord avec eux, tel que l’heureusement défunt Hors d’oeuvre, ce collectif anarchiste financé par des associations étudiantes et mettant en avant des méthodes militantes violentes.
Des exemples de violence : participante à la baston annuelle censée s’opposer à la brutalité policière, l’AFESH vivait très bien avec la présence de Black Blocs dans ses activités. L’auteur de ces lignes se souvient avec clarté d’avoir été agressé par un militant alors qu’il exprimait son désaccord avec une journée de grève en soutien au régime failli de Hugo Chávez, au Venezuela, dont les crimes contre les droits de la personne sont largement connus. Il se souvient également d’avoir dû quitter la veillée funéraire d’un ami, car les menaces de certains militants devenaient trop pressantes envers les modérés dans la salle.
Ma formation en histoire à l’UQAM a été exemplaire et la variété des orientations de mes camarades de classe et professeurs a été un enrichissement précieux.
Je refuse de laisser ces gens qui se disaient anarcho-gangsters nuire encore plus à mon alma mater. De l’anarchie, ces gens ne retiennent que la violence et jamais ils n’oseraient tenir tête à de vrais gangsters.
Je tiens à remercier publiquement Pauline Marois pour son engagement envers l’éducation du Québec réel. Celui-ci est à mille lieues de l’enfer colonialiste, patriarcal et illégitime du « soi-disant Québec » dont l’AFESH parle dans sa lettre réclamant la « destitution immédiate » de l’ancienne première ministre de son nouveau poste de chancelière de l’université.
Aux étudiants de l’UQAM, ne laissez pas votre nécessaire association étudiante et vos fonds être détournés par ceux qui rêvent en rouge et noir.
Tenez bon, Madame Marois, l’UQAM a besoin de vous.
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