Existe-t-il un parti au Québec pour un libéral?

«Existe-t-il un parti au Québec pour un tel libéral?», s’interroge l’auteur.
Photo: Valérian Mazataud Archives Le Devoir «Existe-t-il un parti au Québec pour un tel libéral?», s’interroge l’auteur.

Ces jours-ci, on se demande ce qu’est un libéral. Je ne parle pas ici des membres d’un des partis libéraux du Québec ou du Canada, mais bien d’un individu qui se définit comme un libéral au sens philosophique du terme. Un individu qui, puisqu’il se définit comme un humain avec toutes les caractéristiques d’un humain, se sent légitimé dans sa croyance qu’il peut avoir des opinions sans chercher la validation d’un groupe, bref, « un libéral », un humain seul, libre et responsable de ses idées.

Ce libéral-là se définit comme un citoyen qui adhère au libéralisme. C’est donc un citoyen qui, comme Jean-Jacques Rousseau, croit que la légitimité de l’État lui vient d’une délégation de pouvoir de la part des citoyens. Ce citoyen estime par conséquent que l’État a le devoir de protéger la dignité de chaque citoyen et de l’appuyer dans son oeuvre de réalisation.

C’est aussi un humain qui croit qu’il a un droit de cité et un devoir de participer à la démocratie qui l’entoure.

Ce citoyen a aussi la conviction que les humains naissent libres et égaux en droit et en dignité. À ce titre, il estime qu’ils bénéficient donc de droits et de libertés universelles qui existent au-delà des frontières et des efforts de quelque groupe ou organisation que ce soit (fut-il même l’État) de bafouer ces droits, et particulièrement sans raison objectivement valable, par opposition au simple sentiment ou ressentiment qu’on a le droit de nier les droits du voisin quand la majorité pense comme nous.

Ce citoyen juge qu’aucune liberté ou égalité n’est possible sans ce minimum d’adelphité qui met de fortes limites à la tendance de ceux qui tiennent à diviser les citoyens en familles ou classes distinctes et étrangères les unes aux autres.

Ce citoyen estime enfin que si la créativité et la flexibilité nécessaires à la prospérité humaine sont souvent mieux servies par les marchés libres que par l’interférence et les planifications de l’État, celles-ci peuvent parfois être mieux servies par l’État que par le marché, surtout lorsque le marché défaille. (Ce qui revient ici à tenter de définir un libéral et non pas un néolibéral pur et dur, qui, lui, n’est rien d’autre qu’un conservateur qui habille les privilèges dans les habits de la liberté.)

Les idées libérales ne sont pas étrangères au Québec. Louis-Joseph Papineau parlait de justice pour nous, justice pour tous ; raison et liberté pour nous, raison et liberté pour tous. Le tout dans un Québec cosmopolite qui accueille, non pas par nécessité économique, mais parce qu’il se reconnaît dans l’autre. Parce que les humains sont de sa race, comme le disait le poète Gilles Vigneault.

Cette reconnaissance du citoyen comme fondement de notre démocratie est l’inspiration même de notre Loi sur le financement des partis politiques, qui ne reconnaît que lui comme acteur dans notre démocratie. Seul le citoyen peut contribuer. C’est au citoyen de décider. La loi exclut les entreprises, les syndicats, les groupes de pression, bref, elle ne reconnaît que les êtres humains, seuls, libres et responsables.

Le serment d’un libéral serait : « Je jure de travailler et de passer des lois pour aider chaque citoyen et citoyenne à définir son identité et la vivre sans interférence de l’État. Pour aider chaque citoyen et citoyenne à imaginer son avenir tel qu’il l’entend, à acquérir les compétences pour atteindre ses objectifs et à réaliser ses rêves. Pour que chaque citoyen et citoyenne aient ce dont il a besoin pour vivre une vie digne et libre. Et pour protéger et promouvoir les droits et libertés de chaque citoyen et citoyenne. »

Ce serment offert à chaque citoyen et citoyenne éviterait l’ambivalence cultivée par certains sur l’appartenance au peuple, à la nation, voire à la classe sociale.

Existe-t-il un parti au Québec pour un tel libéral ?

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