À l’écoute de notre Bourriquet intérieur

Enfants ou adultes, nous avons tous rencontré des personnages de fiction dans lesquels on se reconnaît un peu, beaucoup — à commencer par ceux de la Forêt des rêves bleus. Qui ne s’est pas senti comme Bourriquet un jour de grisaille, ou n’a pas admiré le courage tremblotant de Porcinet confronté à ses peurs ? Qui n’a pas souri devant l’énergie débordante de Tigrou ou retrouvé un peu de soi dans l’ordre (presque maniaque) de Coco Lapin ? Il y a quelque chose de profondément réconfortant dans l’univers de Winnie l’ourson, une compassion qui traverse les générations.
Ce récent portrait d’Alan Alexander Milne, publié dans Le Devoir sous la plume d’André Lavoie, souffle un vent de nostalgie.
Il ne fait aucun doute que le créateur de Pooh et sa bande continue de toucher les cœurs. Winnie, cet inlassable amateur de miel à la bedaine jaune, dont la capacité à se mettre dans le pétrin (et à en sortir) nous rappelle la tendresse de nos imperfections. Car faire preuve de bienveillance, c’est aussi accueillir et accepter nos petits travers.
Chaque personnage de la Forêt des rêves bleus porte un fragment de nous : Bourriquet, avec sa tristesse, incarne la mélancolie ou la dépression qu’il nous arrive de traverser ; Porcinet, quant à lui, montre que la peur n’empêche pas d’avancer, même tremblant ; Tigrou, avec son énergie contagieuse, nous rappelle l’importance de la joie, mais aussi le risque de s’éparpiller ; Coco Lapin incarne ce besoin de contrôle rassurant, mais étouffant ; et enfin, Maman Gourou, figure de douceur et de réconfort, offre ce refuge où il est permis d’être soi.
Dans cette forêt imaginaire, les maladresses cohabitent, les différences s’équilibrent, et une vérité pourtant si simple s’impose : il faut s’entraider si l’on veut avancer.
Avant que le monde des adultes ne nous happe et ne nous apprenne à nous cacher derrière la méfiance, enfants, nous savions demander de l’aide sans hésitation — ou du moins sans calcul. Puis, avec le temps, la peur du jugement et l’orgueil nous enferment insidieusement. Mais personne n’est fait pour traverser la vie seul. En décembre, cette idée résonne encore plus fort. Ce mois, où l’on se tourne plus naturellement vers l’autre, nous rappelle qu’un geste, même discret, peut atténuer notre sentiment de solitude.
Comme dans la Forêt des rêves bleus, les centres d’écoute peuvent devenir des refuges où l’on peut déposer ses mots (ou son silence) sans jugement, un peu comme les personnages de Milne qui y trouvent leur place. On y arrive parfois bondissant comme Tigrou, parfois épuisé comme Bourriquet, mais toujours dans la certitude d’être écouté.
Sachez qu’en cette période où le besoin de connexion se fait sentir plus que jamais, les bénévoles des centres d’écoute seront là pour accueillir chaque appel, même si le volume est élevé.
Et si vous avez l’énergie et l’espace mental pour le faire, offrez à vos proches le plus beau cadeau qui soit : votre écoute. Ralentissez dans le tumulte des Fêtes et prêtez attention à ce qu’ils ont à partager.
Besoin d’une oreille bienveillante ? Découvrez un centre d’écoute près de chez vous grâce à l’Association des centres d’écoute téléphonique du Québec. Envie d’offrir votre temps et votre écoute ? Explorez les différentes façons de vous impliquer auprès des centres d’écoute.
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