Défi financier pour la planète, la COP29 offre des occasions de briller au Québec

La COP29 se tiendra prochainement à Bakou, en Azerbaïdjan.
Photo: Sergei Grits Associated Press La COP29 se tiendra prochainement à Bakou, en Azerbaïdjan.

Tandis que les délégués de 197 pays prépareront leurs valises pour la COP29 qui s’ouvrira bientôt à Bakou, en Azerbaïdjan, ils auront probablement en tête l’annonce récente de l’Organisation des Nations unies (ONU) nous avertissant d’un nouveau record mondial d’émissions de gaz à effet de serre (GES) tristement atteint en 2023.

Cette trajectoire pour le moins inquiétante donne un nouvel élan aux pressions faites sur les émetteurs historiques pour trouver des voies de passage aux blocages financiers à la sortie des énergies fossiles des pays du Sud global. Pour qu’elle soit un succès, cette COP doit être celle de l’opérationnalisation des engagements financiers pris par la communauté internationale sur le climat.

À Bakou, le Québec représentera non seulement ses intérêts et son approche distinctive en matière de gouvernance climatique, mais aussi ceux d’un monde qui exige des résultats tangibles. En tant que plus important regroupement de spécialistes en environnement au Québec, Réseau Environnement est fier de participer à cette COP pour partager l’expertise québécoise en matière de cocréation de politiques publiques environnementales, un modèle basé sur une collaboration active entre gouvernements et spécialistes issus des domaines public, universitaire et — oui ! — du secteur privé.

Si la COP29 a le potentiel de marquer un tournant pour le financement des mesures visant à accélérer la transition climatique et énergétique, elle doit aussi reconnaître les solutions fondées sur la nature comme une alliée essentielle de la réponse internationale face aux crises interconnectées du climat et de la biodiversité. Chez Réseau Environnement, nous défendons par exemple l’intégration d’un suivi des émissions provenant des écosystèmes naturels dans les inventaires de GES, car la santé de nos forêts, de nos sols et de nos plans d’eau est indissociable de nos efforts pour atteindre la carboneutralité en 2050.

Le dénominateur commun de ces enjeux est l’apport du secteur privé, que nous ne pouvons pas nous permettre de négliger si nous voulons respecter nos engagements internationaux actuels et continuellement revoir leurs objectifs pour qu’ils se montrent à la hauteur de la gravité de la situation.

Une montagne financière à gravir

Les négociations à la COP29 risquent de longuement s’étirer autour de l’établissement d’un nouvel objectif financier collectif estimé à 1000 milliards de dollars par an dans un fonds pour l’atténuation, l’adaptation et les pertes et dommages climatiques. À ces sommes s’ajoutent la centaine de milliards de dollars prévus pour un fonds similaire issu des COP sur la biodiversité, et des investissements majeurs visant à lutter contre la pollution plastique, pour laquelle un traité international est également en négociation.

De ce portrait, nous devons retenir que le financement international climatique ne pourra être le seul apanage des gouvernements, mais devra aussi mobiliser l’apport des entreprises privées.

Au Québec comme ailleurs, les consommateurs demandent de plus en plus de comptes, alors que la divulgation de l’impact des activités des entreprises sur le climat et la biodiversité devient règle commune. Nos entreprises ont aujourd’hui l’occasion de se positionner au-devant de la parade, que ce soit en contribuant au mouvement de la finance durable, dont Montréal est devenue une ville leader dans le monde, ou en priorisant des solutions fondées sur la nature. L’atteinte de la carboneutralité en 2050 représente en soi une occasion économique majeure pour de nombreuses entreprises de la filière énergétique, du secteur des matières résiduelles et de l’économie circulaire plus largement, pour ne nommer que celles-là.

Le Québec est uni par une volonté de démontrer qu’il est possible de concilier croissance durable et leadership climatique. À Bakou, nous mettrons en avant nos succès, nous inviterons les leaders internationaux à les adopter et nous nous inspirerons, nous aussi, de ce qui se fait de mieux à l’international.

Mais pour que ces efforts locaux puissent inspirer des actions universelles, il est crucial que les pays développés honorent leurs engagements financiers pour aider les nations les plus vulnérables à agir à leur tour et, surtout, à s’adapter aux impacts déjà tangibles des changements climatiques sur leurs territoires et leurs populations.

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