Le cœur saigne, mais l’espoir demeure

C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai lu la lettre de Pierre Céré la semaine dernière, dans Le Devoir. Les constats dressés dans ce texte sont des constats durs, mais nécessaires, que je partage pour un projet de liberté rassemblant l’ensemble de la nation québécoise.
Dans une entrevue donnée par M. Céré en lien avec son texte, il a nommé la nécessité de tenir le débat sur l’identité et il a souligné le fait que plusieurs l’avaient félicité pour son courage d’avoir osé publier son texte. En combinant ces appuis aux nombreux mots d’encouragements reçus tout au long de la saga me concernant, on peut voir que nous sommes plusieurs à ne plus nous reconnaître dans la tangente où le chef actuel du Parti québécois semble nous mener.
J’ai rencontré Paul St-Pierre Plamondon (PSPP) pour la première fois lors du congrès de refondation du parti, à Trois-Rivières, suivant l’élection dramatique de 2018. J’avais déjà pu entendre plusieurs idées de Paul, lors de sa première course à la chefferie, en 2016. Une vision lucide, inclusive et progressiste de la souveraineté et de l’état du discours politique au Québec. Lors de ce congrès, j’avais saisi l’occasion de dire à Paul que je le verrais bien se lancer dans la course à la chefferie à venir, malgré le fait que j’avais appuyé Alexandre Cloutier lors de la dernière course. Les idées présentées par Paul, en 2016, méritaient à mon avis d’être de nouveau entendues.
Dépolitiser l’immigration
Au lancement de la chefferie, j’ai appuyé Sylvain Gaudreault, mais je me suis rangé derrière PSPP en cours de route, car il m’apparaissait comme celui dont le discours souverainiste était le plus assumé et clair. Cependant, j’ai rapidement mentionné à Paul que la position sur l’immigration était à mon avis intenable et que nous devions plutôt tenter de dépolitiser la question en confiant le mandat à la vérificatrice générale d’établir avec des experts la fameuse capacité d’accueil qui semble fluctuer selon la température. Une position que je défends toujours.
L’arrivée d’un nouveau chef, combinée à la profonde réforme du parti et de ses finances effectuées par l’exécutif national et les militants de l’époque, a permis d’établir les bases solides qui justifient, avec certaines positions prises par Paul, la position actuelle du parti. Comme plusieurs, j’ai cru en une vision qui semble aujourd’hui très loin de ses discours récents qui affirment que le wokisme, l’immigration provenant des États-Unis et l’Islam sont devenus les menaces de l’heure pour notre nation.
Le contre-discours existe
Alors que le virage identitaire semble se confirmer, n’oublions pas que les bases ayant permis au Parti québécois (PQ) de renaître de ses cendres sont toujours là. Il n’est pas trop tard pour y revenir, et les appuis reçus par M. Céré et moi-même ces derniers jours montrent que le contre-discours existe et qu’il est soutenu par des gens qui n’osent pas prendre la parole.
Par peur des conséquences ? Il est vrai que la sanction rendue dans mon dossier est une première dans l’histoire du parti pour un militant n’ayant commis aucune infraction de nature criminelle et n’ayant, contrairement à la croyance populaire, jamais enfreint le code d’éthique du parti. Je garde espoir que l’exécutif national rendra une nouvelle décision me permettant de m’exprimer dans divers rôles au sein du parti, rôle soumis à des investitures. Laissons les militants entendre le débat et trancher.
Alors que l’année se termine, partons avec le cœur inquiet, mais gardons tout de même espoir. Les appuis pour d’autres discours et positions existent, ils sont seulement endormis et effrayés. Les dernières frasques du gouvernement Legault à l’égard de la communauté musulmane pourraient cependant réveiller l’ours endormi. Espérons-le. Car l’espoir nourrit.
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