Ce que le retour de Trump nous apprend pour les prochaines élections fédérales

La victoire de Donald Trump marque l’avènement d’une nouvelle ère où les attentes populaires surpassent les certitudes établies, observe l’auteur.
Photo: Charly Triballeau Agence France-Presse La victoire de Donald Trump marque l’avènement d’une nouvelle ère où les attentes populaires surpassent les certitudes établies, observe l’auteur.

La réélection de Donald Trump marque un tournant décisif pour les États-Unis. Dans une victoire serrée, mais décisive, Trump devient le premier républicain en plus de vingt ans à remporter le vote populaire. Ce résultat, loin d’être un simple accident, révèle une transformation profonde de la vie politique. Cette transformation ne s’arrête pas aux frontières et pourrait très bien se produire au Canada.

Trump n’est pas une aberration politique

Je suis consterné par le retour de Trump au pouvoir. Cependant, je ne peux pas dire que je suis surpris, surtout en constatant l’évolution de la division croissante au Michigan, l’État dont je suis originaire.

En faisant du porte-à-porte pour Kamala Harris, j’ai ressenti directement la frustration qui imprègne l’électorat : des citoyens épuisés, désillusionnés, aspirant à une rupture avec le passé. Pour beaucoup, Trump incarne cette rupture.

Ce que nous observons va bien au-delà d’une simple alternance politique : Trump a redéfini le paysage en imposant de nouvelles priorités en matière de politique étrangère, d’immigration, de commerce et de gouvernance. Sa victoire marque l’avènement d’une nouvelle ère où les attentes populaires surpassent les certitudes établies.

Un Parti démocrate qui n’a pas su répondre aux attentes

Le Parti démocrate américain, bien qu’il ait perçu l’érosion de la popularité de Joe Biden, est resté figé dans une défense rigide de son bilan. Malgré des progrès dans plusieurs domaines de politiques publiques, un contexte socio-économique tendu s’est imposé à lui. Comme au Canada, les Américains subissent la hausse du coût de la vie, un système d’immigration défaillant et des crises internationales. Le message est clair depuis des mois : les électeurs veulent des agents de changement, pas des gardiens de l’ordre établi.

Les démocrates ont choisi de promouvoir un programme qui, plutôt que de répondre aux préoccupations de leurs électeurs, les a minimisées, déclarant que l’économie se portait bien et concentrant leurs messages sur la défense de la démocratie, au détriment d’un réel désir de changement. Un ton condescendant a émergé, les démocrates semblant invalider les inquiétudes des citoyens. Lorsqu’ils ont eu la chance de répondre à ces préoccupations, ils ont renforcé leur soutien au gouvernement en place.

En ce sens, la vice-présidente Kamala Harris n’a pas réussi à se dissocier de son gouvernement, tandis que Trump a su se faire voir comme le candidat incarnant le besoin de rupture.

Un désir de renouveau

Le président désigné se présente comme celui qui entend et répond aux besoins pressants d’une partie de la population, peu importent les conventions politiques. Dans ce contexte, les valeurs politiques traditionnelles sont parfois reléguées au second plan : pour nombre d’électeurs, il s’agit moins de principes que de réponses concrètes et immédiates. Certains ont voté pour lui en raison de préoccupations pragmatiques, comme le coût de la vie, tandis que d’autres, notamment de jeunes hommes de tous les horizons, se reconnaissent dans la redéfinition de la masculinité qu’il propose.

Pierre Poilievre incarne également ce besoin de changement alors que le premier ministre canadien actuel incarne malgré lui une vision du passé que plusieurs jugent déphasée face aux défis contemporains. Comme le gouvernement de Biden, le gouvernement Trudeau peut revendiquer certaines réussites, mais l’usure du pouvoir se fait sentir.

Pour le Canada, le Québec et, plus particulièrement, pour Justin Trudeau, la situation aux États-Unis invite à une réflexion profonde sur l’adéquation entre les revendications populaires et leur traduction dans un espace politique de plus en plus divisé, aux codes évoluant rapidement.

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