Legault veut une «grande corvée» pour sortir le Québec de ses «faiblesses» économiques

François Legault dans le Salon rouge, le 4 février 2025
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne François Legault dans le Salon rouge, le 4 février 2025

Tarifs douaniers ou pas, le Québec est ankylosé par le manque de « productivité, la surréglementation, la bureaucratie et la taxation », a constaté le premier ministre François Legault mardi, à l’occasion d’une rare déclaration ministérielle durant laquelle il a plaidé pour une « grande corvée » de transformation de l’économie québécoise.

« Il va falloir que tout le Québec s’y mette », a lancé M. Legault depuis le Salon rouge, allant même jusqu’à dire que les employés des secteurs touchés par d’éventuels tarifs douaniers américains pourraient contribuer à la relance économique en allant travailler sur des projets de barrages électriques.

Le premier ministre réagissait dans un discours solennel au sursis accordé à la toute dernière minute au Canada dans son conflit économique avec les États-Unis de Donald Trump.

Comme il l’avait dit la veille, M. Legault a tenu à souligner que « la menace plane toujours au-dessus de nos têtes ». Il a plaidé pour une diversification rapide de l’économie québécoise et de ses marchés. « On ne va pas se dorer la pilule. Si M. Trump nous impose des tarifs de 25 %, ce qui nous attend dans les prochains mois, ce sont des pertes d’emplois importantes », a-t-il averti.

Selon l’élu caquiste, la guerre commerciale des derniers jours a révélé une série de « faiblesses qu’on traîne depuis des décennies et qu’on doit absolument corriger : notre productivité, la surréglementation, la bureaucratie, la taxation ». « On a beaucoup travaillé là-dessus depuis 2018, mais il va falloir en faire plus. Et on a surtout une trop grande dépendance au marché américain », a-t-il lancé.

Hydro-Québec au premier plan

Pour s’en sortir, le premier ministre compte sur Hydro-Québec comme fer de lance de la transformation de l’économie québécoise.

« On n’arrivera pas, demain matin, à remplacer tous les produits qui sont exportés aux États-Unis », a affirmé M. Legault en réponse à une question du chef libéral par intérim, Marc Tanguay. « Pendant la période intérimaire, ce qu’on dit, c’est qu’on va demander aux employés — par exemple, du secteur manufacturier — qui risquent de perdre leur emploi de se requalifier pour aller travailler sur la construction de nouveaux barrages ou le rehaussement de barrages. »

En lançant un « grand chantier » d’infrastructure énergétique pour doubler sa production d’électricité, le Québec peut créer coup sur coup deux « booms économiques », selon M. Legault : « un premier […] dans nos régions quand on va les construire, [puis un deuxième] quand les entreprises vont se développer ici, au Québec ».

Débat d’urgence

Se disant « ouvert à toutes les idées, à toutes les suggestions », François Legault a « tend[u] la main » aux partis d’opposition pour qu’ils l’accompagnent dans la guerre tarifaire. Quelques minutes plus tôt, la présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, avait donné son feu vert à la tenue d’un débat d’urgence au Salon rouge sur la question des droits de douane.

En réponse au premier ministre, mardi, Marc Tanguay a accusé le gouvernement de la Coalition avenir Québec d’avoir trop tardé avant de compter sur une refonte de l’économie québécoise. « Le premier ministre vient de dire : “je n’ai pas toutes les réponses”. On lui en a fait pendant sept ans, des propositions. […] Et, aujourd’hui, le Québec n’est pas où il aurait dû être », a-t-il déploré.

La porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal, presse le gouvernement de se tourner à long terme vers des politiques d’achat local. « À chacune des crises, […] tout le monde découvre en même temps l’achat local, la souveraineté alimentaire, la souveraineté économique. Et, tout de suite après, quand la crise se résorbe, c’est “business as usual” », a-t-elle dit depuis le Salon rouge.

Déplorant le manque de « concret » dans les propositions du premier ministre, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a pour sa part proposé que le Québec multiplie ses missions à l’étranger afin de favoriser la diversification des marchés.

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