Joey King : enfant de l’horreur

The Conjuring ouvrait jeudi soir la 17e édition du Festival international de films Fantasia. Récit véridique, assure-t-on, d’une famille de cinq enfants confrontée à une entité démoniaque, ce drame d’épouvante met notamment en vedette Joey King. À 13 ans, la jeune actrice roule sa bosse dans le métier depuis près de dix ans. Elle a donné la réplique à Chaning Tatum, Jamie Foxx, Julianne Moore, Ryan Gosling et James Franco, entre autres, et a affronté des extraterrestres, des sorcières, des terroristes et des morts-vivants.
À cet égard, The Conjuring la place en terrain de connaissance. « Les fantômes, c’est différent, assure-t-elle. Le monde des esprits m’apparaît plus crédible. C’est en tout cas plus facile d’adhérer à cet univers-là qu’à celui des zombies, par exemple. Dans Quarantine, je jouais une petite zombie. C’était amusant, mais rien de viscéral comme The Conjuring. »
Le film de James Wan (Dead Silence, Insidious) est basé sur les expériences de deux familles : les Perron, qui achetèrent une vieille maison de ferme dans le Rhode Island en 1971, et les Warren, un couple de démonologistes spécialisés dans le « nettoyage spirituel », mais également dans le débuscage de mystificateurs. Confrontés à des manifestations paranormales de plus en plus violentes, les premiers appelèrent à l’aide les seconds, qui mirent au jour le passé horrible de la propriété.
Pourquoi cette histoire ne connut-elle pas le même genre de célébrité macabre que l’affaire d’Amityville, sur laquelle les Warren enquêtèrent peu après ? La version officielle veut que toutes les parties concernées aient été trop traumatisées pour éventer quoi que ce soit.
« L’idée que tout ça s’est réellement produit rend le film plus effrayant, estime Joey King. Chose certaine, penser qu’une petite fille avait vraiment vécu ce que je jouais a beaucoup facilité mon travail. Ça a simplifié le processus qui permet d’atteindre cet endroit sombre où l’on va en soi pour exprimer la peur, l’effroi. »
Il y a 40 ans, Linda Blair, alors elle aussi âgée de 13 ans, avait été préservée des scènes troublantes lors du tournage de The Exorcist. Un double et un mannequin mécanique furent utilisés et l’actrice Mercedes McCambrige enregistra les répliques offensantes. The Conjuring ne comporte rien d’aussi extrême que le classique de William Friedkin, mais certains passages s’avèrent terrifiants, comme cette longue séquence où le personnage interprété par Joey King est réveillé en pleine nuit par une présence invisible. Lorsque ladite présence se révèle, le film passe du mode suggestif au mode monstratif.
« L’équipe était très attentive, très prévenante, mais on ne m’a pas placée dans une bulle. Je ne l’aurais pas voulu. Et puis, nous, les adolescents, nous adorons les films d’horreur ! », dit la comédienne en rigolant. Qui plus est, sa mère veillait au grain sur le plateau.
Bien calibrés, les effets horrifiques sonores et visuels auxquels furent soumis Joey King et ses partenaires viennent bonifier plutôt qu’ils l’alourdissent une atmosphère angoissante bien forgée. En dépit d’une finale grand-guignolesque, The Conjuring se révèle habilement conçu et livré. Le film prend l’affiche ce vendredi.