Jean-Marie Zeitouni nommé à la tête de l’Orchestre symphonique d’Edmonton

«C’est une organisation très solide qui met les priorités au même endroit que moi», souligne le chef Jean-Marie Zeitouni, qui aime faire les choses «bien et dans de bonnes proportions».
Photo: Site web de Jean-Marie Zeitouni «C’est une organisation très solide qui met les priorités au même endroit que moi», souligne le chef Jean-Marie Zeitouni, qui aime faire les choses «bien et dans de bonnes proportions».

L’Edmonton Symphony Orchestra a un nouveau directeur musical et chef principal, Jean-Marie Zeitouni, nommé pour un mandat de cinq ans. Il succède à Alexander Prior, qui a quitté son poste en 2022.

Le chef a croisé le chemin de l’orchestre symphonique edmontonien pour la première fois en 2006 et y a dirigé 35 concerts dans les 19 dernières années. L’accession du Québécois à la direction musicale de l’organisation est donc une rupture notable par rapport à la mode actuelle des nominations « coup de foudre », presque entrée dans les mœurs.

M. Zeitouni estime qu’au terme des trois ans de recherche de la part de l’orchestre, son expérience, sa connaissance du terrain et sa compréhension des enjeux ont fait pencher la balance. « Pour moi, c’est très flatteur. C’est quelque chose que j’espérais ; je les aime et les admire depuis longtemps », déclare-t-il au Devoir.

« L’orchestre est vraiment à la croisée des chemins », analyse Jean-Marie Zeitouni. « Il a commencé une expansion au Winspear Centre, qui est un peu comme leur Place des Arts, avec une salle de 2000 places, l’une des meilleures en Amérique du Nord, qui se compare à la Maison symphonique. Parallèlement se construit une salle adjacente de 500 places, modulable — pour les récitals, la musique de chambre, les événements de métissage musical —, dans ce qu’on nomme le Tommy Banks Centre for Musical Creativity. »

Le chef voit dans son nouvel orchestre une sorte d’aimant à l’intérieur du Winspear Centre. Il souligne qu’Edmonton a déjà son « sistema » pour les jeunes et note que la nouvelle salle suscitera des besoins étendus de programmation.

L’orchestre lui-même aura besoin d’accompagner le développement des infrastructures. « Quand je suis arrivé en 2006 en chef invité, c’était le début d’un renouvellement de l’orchestre. Ces nouveaux musiciens de l’époque sont maintenant dans la force de l’âge », affirme-t-il.

Si M. Zeitouni parle au Devoir du profil de l’orchestre, c’est que le dernier directeur musical proprement dit, William Eddins, a quitté Edmonton en 2017, Alexander Prior n’ayant « que » le titre de chef principal. Comme on le voit à l’OSM avec Rafael Payare, un directeur musical peut façonner le futur d’un orchestre à travers ses recrutements. « Une quinzaine de postes clés seront à pourvoir dans les cinq prochaines années », nous dit le chef.

Le sens de la mesure

Dans la hiérarchie des orchestres au Canada, si l’on exclut l’Orchestre Métropolitain — dans les « plans » initiaux, il n’était pas prévu qu’une ville ait deux grands orchestres — et l’Orchestre du Centre national des arts (CNA) — qui est davantage l’orchestre du Canada que d’Ottawa —, on peut ranger Edmonton derrière le trio Montréal-Toronto-Vancouver. « Edmonton est la cinquième ville au Canada en importance ; la quatrième même, si l’on prend la communauté urbaine. Au niveau des budgets de l’orchestre, c’est la cinquième position, derrière Montréal, Toronto, CNA et Vancouver. »

Malgré une taille comparable (56 musiciens), l’orchestre se situe une coche au-dessus de l’Orchestre symphonique de Québec, notamment sur le plan des contrats des musiciens, qui sont de 42 semaines par année à Edmonton contre 31 semaines à Québec. « L’administration a choisi d’avoir une meilleure qualité de vie et de meilleures conditions de travail pour 56 musiciens », dit Jean-Marie Zeitouni, qui différencie ce parti pris à celui de « vouloir être un orchestre de 90 ou 100 musiciens ».

« C’est une organisation très solide qui met les priorités au même endroit que moi », souligne le chef, qui aime faire les choses « bien et dans de bonnes proportions ». Les symphonies de Mahler et Chostakovitch, qui demandent de gros effectifs, seront des exceptions calculées et bien dosées, faites s’il le faut en partenariat avec l’orchestre de Calgary.

L’Edmonton Symphony Orchestra actuel a été relancé en 1952 et s’est professionnalisé en 1971 ; Jean-Marie Zeitouni est son neuvième chef. Ce poste permettra à M. Zeitouni de poursuivre ses activités de chef invité en Europe, où il est notamment recherché en tant que chef d’opéra. Sous sa baguette, Griselidis de Massenet vient tout juste de paraître chez Bru Zane, de même qu’un récital vocal de la soprano Vannina Santoni chez Alpha.

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