Itinérance: la chaîne a débarqué
Vous avez bien raison, Monsieur Myles, de dire que « les campements ne constituent pas une solution à la crise de l’itinérance. Ils sont plutôt le symptôme honteux de notre désistement collectif à faire mieux ».
Comment faire mieux ? Pourquoi ne l’a-t-on pas fait ? Pourquoi ne le fait-on point ? Probablement par ignorance.
Par exemple, croit-on qu’on n’a pas les moyens d’allouer davantage d’argent à la prise en charge, pour l’atténuation ou, mieux, la suppression — (maire de Québec) — du phénomène d’itinérance au Québec ? Des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique viennent de démontrer qu’en distribuant substantiellement de l’argent directement aux itinérants, ceux-ci, loin de le « gaspiller » ou se droguer avec, l’investissent rationnellement, sagement, préventivement, en s’achetant denrées, vêtements, billets d’autobus, voire en payant un loyer !
« La chaîne a débarqué », commente-t-on périodiquement à propos du rendement inadéquat du CH. Eh bien, pour ce qui est de la société québécoise dans son ensemble, elle a bel et bien « débarqué », la chaîne. Une chaîne n’a-t-elle pas la solidité de son maillon le plus faible ?
La place des itinérants n’est ni en prison, ni à l’urgence, ni dans les refuges, ni dans les couloirs du métro, ni dans les campements de fortune éphémères ou permanents, ni même dans… la rue. « Embarrassants » pour tout le monde et à tous égards, ces « encombrants », n’est-ce pas ? Qui, en effet, y trouve « son compte » ? Personne.
« Au Québec, c’est comme ça qu’on vit » ?