L’inflation a légèrement augmenté en janvier au Canada

Un travailleur dans une scierie de Mont-Blanc, au Québec, le 20 janvier dernier
Photo: Christinne Muschi La Presse canadienne Un travailleur dans une scierie de Mont-Blanc, au Québec, le 20 janvier dernier

Les économistes sont plus confiants quant à la possibilité que la Banque du Canada suspende ses baisses de taux d’intérêt le mois prochain — malgré les tarifs douaniers —, le taux d’inflation annuel du Canada ayant augmenté en janvier.

L’indice des prix à la consommation a augmenté de 1,9 % d’une année à l’autre en janvier au pays, selon Statistique Canada, ce qui représente une hausse par rapport à l’augmentation de 1,8 % enregistrée en décembre.

Si le rapport sur l’inflation de Statistique Canada publié mardi montre que les prix ont diminué grâce à l’allègement fiscal du gouvernement fédéral, la hausse des prix de l’essence a contribué à faire remonter l’inflation globale.

« Je pense que ce qui est vraiment important ici, c’est que certaines des mesures fondamentales de l’inflation, encore une fois, étaient un peu plus élevées que ce que la Banque du Canada aurait souhaité », indique Andrew Grantham, économiste principal à la Banque CIBC, lors d’une entrevue.

« Il y a beaucoup d’éléments en mouvement, mais, dans l’ensemble, les tendances sous-jacentes de l’inflation sont peut-être un peu plus fortes que ce que nous avions prévu. »

Les prix à la pompe ont bondi de 8,6 % sur un an, en grande partie à cause d’une hausse de 25,9 % au Manitoba, la province ayant réintroduit sa taxe provinciale sur l’essence après une suspension temporaire pendant l’année 2024.

Les prix du gaz naturel ont quant à eux augmenté de 4,8 % sur un an en janvier, une augmentation de la demande ayant poussé les prix à la hausse en Ontario et au Québec.

Les prix des aliments achetés au restaurant ont reculé de 5,1 % en janvier par rapport à l’année dernière, un record, grâce au congé de TPS, tandis que les prix de l’alcool ont diminué de 3,6 %.

Sans le congé de TPS, Statistique Canada estime que le taux d’inflation annuel aurait été de 2,7 %, comparativement à 2,3 % en décembre.

L’allègement temporaire a toutefois pris fin la fin de semaine dernière.

« C’est un peu inquiétant », affirme M. Grantham à propos du chiffre de 2,7 %, mais il ajoute qu’une grande partie de cela provient de la hausse des prix de l’essence.

La CIBC s’attend à ce que l’inflation soit « un peu » supérieure à 2 % d’ici mars, à mesure que l’impact de la réduction de la TPS s’estompe, comme l’effet des prix de l’essence.

« Ces prix et ces niveaux auxquels nous sommes actuellement convergeront un peu et s’accéléreront. Mais pas autant que le suggère le taux de 2,7 % sans la TPS », explique M. Grantham.

Un taux directeur sous l’incertitude

M. Grantham ajoute que, sans la menace des tarifs douaniers des États-Unis, la Banque du Canada pourrait envisager de maintenir son taux directeur le 12 mars.

La banque centrale a abaissé son taux directeur à 3 % en janvier, sa sixième baisse consécutive.

« Nous continuons de penser que la [Banque du Canada] fera une pause dans sa prochaine décision, même si l’évolution du dossier des tarifs douaniers pourrait encore avoir une grande influence sur cette décision », écrit Doug Porter, économiste en chef de BMO Groupe financier, dans une note aux clients.

La Banque du Canada a longuement discuté de la possibilité d’imposition de tarifs douaniers avant sa décision de réduire ses taux le mois dernier. Notamment, même en l’absence de droits de douane, la menace elle-même pesait sur l’économie canadienne.

Le conseil est arrivé à la conclusion qu’une réduction d’un quart de point de pourcentage du taux directeur serait utile pour soutenir la croissance et mieux équilibrer les risques d’inflation.

Stephen Brown, économiste en chef adjoint pour l’Amérique du Nord à Capital Economics, indique dans une note aux clients que le rapport de mardi contient des « preuves claires » que les pressions inflationnistes sous-jacentes s’accumulent.

« Cela suggère que la Banque du Canada se rapproche de la fin de son cycle d’assouplissement, même si les perspectives de la politique monétaire dépendent en fin de compte de la décision du président Trump d’imposer prochainement des tarifs douaniers élevés sur les importations [américaines] en provenance du Canada », précise M. Brown.

Le taux d’inflation annuel continue de subir une pression à la hausse en raison des coûts d’intérêt hypothécaires, augmentant à un rythme de 10,2 % par rapport à il y a un an, bien qu’il s’agisse du 17e mois consécutif de décélération après un pic de 30,9 % en août 2023.

Alors qu’une part croissante des composants de l’inflation a augmenté plus vite que 3 % en janvier, le directeur général et chef de la stratégie macroéconomique chez Desjardins, Royce Mendes, reste convaincu que la Banque du Canada va maintenir les taux d’intérêt stables lors de sa prochaine réunion, en mars.

Il a cependant noté que cette décision dépend toujours de la menace tarifaire des États-Unis et de l’évolution des autres indicateurs économiques.

Au Québec, l’inflation s’est élevée à 1,8 % en janvier, après avoir été de 1,6 % en décembre.

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