Israël et le Hamas feront samedi un cinquième échange d’otages contre des prisonniers

Israël et le Hamas doivent procéder samedi au cinquième échange d’otages contre des détenus palestiniens en vertu d’un accord de cessez-le-feu, malgré les doutes jetés sur la suite du processus par la proposition de Donald Trump d’une prise de contrôle américaine de Gaza.
Selon le Club des prisonniers palestiniens, Israël va relâcher 183 prisonniers, en échange de trois otages retenus à Gaza, que le mouvement islamiste palestinien Hamas s’est engagé à libérer.
Israël et le Forum des familles des otages ont confirmé qu’il s’agissait de trois hommes, enlevés lors de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 : Or Levy, 33 ans au moment de sa capture, Eli Sharabi, 51 ans, et l’Israélo-allemand Ohad Ben Ami, 55 ans.
Il s’agira du cinquième échange de ce type depuis l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, le 19 janvier, après 15 mois de guerre, déclenchée par l’attaque du Hamas.
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Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, suivra le processus depuis les États-Unis, où il est en visite, selon son bureau.
Les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, « ont décidé de libérer les prisonniers sionistes demain, samedi », a indiqué sur Telegram leur porte-parole, Abou Obeida.
« Aidez-moi à ramener la lumière dans ma vie »
Le Hamas a par ailleurs accusé Israël de retarder l’entrée à Gaza d’engins de déblaiement des décombres, affirmant que cela affectait l’extraction des corps des otages « morts, bombardés par Israël ».
Le Hamas avait annoncé la mort dans un bombardement israélien de Shiri Bibas et de ses deux fils, Ariel et Kfir, qui seraient aujourd’hui âgés de cinq et deux ans, ce qu’Israël n’a pas confirmé.
Leur époux et père, Yarden Bibas, libéré le 1er février, a exhorté vendredi à M. Nétanyahou de les ramener en Israël. « Tout ici n’est qu’obscurité […], aidez-moi à ramener la lumière dans ma vie », a déclaré l’ex-otage âgé de 35 ans.
Depuis le début de la trêve, 18 otages et environ 600 prisonniers palestiniens ont été libérés. La première phase de l’accord, de six semaines, doit aboutir à la libération au total 33 otages, dont huit au moins décédés, contre 1900 Palestiniens.
Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 76 sont toujours retenues à Gaza, dont au moins 34 mortes selon l’armée.
Les négociations indirectes sur la deuxième phase de l’accord de trêve ont commencé mardi au Qatar, pays médiateur avec les États-Unis et l’Égypte, selon le Hamas.
Cette deuxième phase est censée aboutir à la libération de tous les otages et à la fin définitive de la guerre à Gaza, avant une étape finale dédiée à la reconstruction du territoire palestinien.
Trump « pas pressé » pour son projet
Mais les cartes ont été considérablement rebattues par Donald Trump qui a proposé une prise de contrôle américaine de Gaza et un déplacement de sa population, notamment en Égypte ou Jordanie, pour pouvoir la reconstruire.
Après avoir insisté jeudi sur ce projet, le président américain a affirmé vendredi qu’il n’était « absolument pas pressé ».
Amman et Le Caire ont rejeté son idée, qui a suscité un tollé international, l’ONU mettant en garde contre tout « nettoyage ethnique ». Elle a été vertement condamnée par le Hamas et l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Même très flou, le plan Trump n’en éloigne pas moins la perspective, à terme, d’une solution à deux États pour régler le conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies.
Un tel règlement est défendu par une large partie de la communauté internationale, y compris les États-Unis jusqu’à présent, mais Israël y est fermement opposé.
Depuis son retour à la Maison-Blanche le 20 janvier, le président républicain a multiplié les gestes de soutien inconditionnel envers Israël.
Le dernier en date, jeudi, prévoit des sanctions contre la Cour pénale internationale (CPI), accusée d’avoir « engagé des actions illégales » contre « l’Amérique et notre proche allié Israël ».
La CPI a lancé un mandat d’arrêt contre M. Nétanyahou et l’ex-ministre de la Défense israélien Yoav Gallant, pour des soupçons de crimes de guerre et contre l’humanité pendant la guerre à Gaza.
Un téléavertisseur en or
Malgré la levée de boucliers internationale, Israël a dit jeudi préparer un plan pour un départ « volontaire » des Gazaouis. Et son ministre de la Défense, Israël Katz, a ordonné à ses troupes de ne pas critiquer ce projet.
Israël a parallèlement révélé l’arrivée dans le pays mercredi du général Michael Kurilla, le chef du Commandement central américain (Centcom) pour discuter avec l’état-major des moyens de « faire face aux menaces au Moyen-Orient ».
En visite à Washington depuis lundi, Benjamin Nétanyahou a offert à M. Trump un téléavertisseur en or, en souvenir des téléavertisseurs piégés par Israël contre le Hezbollah libanais, qui avait fait 39 morts et près de 3000 blessés, selon les autorités libanaises.
L’attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.
L’offensive israélienne de représailles a fait au moins 47 583 morts à Gaza en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
L’armée israélienne sommée de ne pas critiquer le plan Trump
Le ministre israélien de la Défense a intimé l’ordre aux militaires de ne pas critiquer le projet de Donald Trump, sur l’avenir de Gaza, entraînant des explications embarrassées du chef du renseignement militaire israélien. « Il est exclu que des officiers de Tsahal s’expriment contre le plan important du président américain Trump concernant Gaza et contre les directives des responsables politiques », a déclaré Israël Katz.
Son communiqué précise qu’il a ordonné au chef d’état-major de réprimander le chef du renseignement militaire (AMAN), le général Shlomi Binder, « pour les propos qui lui sont attribués » sur le sujet.
Israël Katz a précisé avoir « donné instruction » à l’armée « de se préparer à la promotion du plan de réinstallation volontaire des habitants de Gaza qui souhaitent partir vers différents endroits à travers le monde ». « C’est ce qu’elle est tenue de faire c’est ce qu’elle fera », a-t-il dit.
Des médias israéliens affirment que le chef du renseignement militaire a fait état, au cours d’une réunion de travail, de difficultés sécuritaires risquant notamment d’entraîner une escalade de la violence en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Selon certains médias, il a évoqué des risques importants au moment du Ramadan, en mars.
Le général Binder a assuré en retour qu’il n’avait pas « exprimé d’opposition au plan Trump » et qu’il restait, comme chaque soldat, « subordonné aux dirigeants politiques » du pays. « Au titre de mes fonctions, j’ai présenté les conséquences possible du discours sur le sujet, les perspectives de l’ennemi en termes de sécurité et mes recommandations d’actions offensives », a-t-il fait valoir.
Agence France-Presse