Les immigrants cherchent avant tout à se faire une vie
Depuis l’automne 2022, je porte le titre d’écrivain public, à titre bénévole, à la bibliothèque Ahuntsic-Cartierville à Montréal. En bientôt quatre ans, je suis venu en aide à une centaine de personnes, dont plus de la moitié sont des immigrants.
Parmi ce groupe, j’ai accompagné individuellement des gens qui avaient de la difficulté à écrire à différents corps publics, j’en ai aidé d’autres dans la préparation de leurs examens de français, d’autres encore qui voulaient s’assurer qu’ils maîtrisaient suffisamment la langue française écrite pour occuper un emploi. Je l’ai fait au meilleur de mes capacités, n’étant pas professeur en la matière.
Je voudrais dire à M. Jean-François Roberge, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du gouvernement du Québec, que, de mon bout de la lorgnette, j’admire ces femmes et ces hommes qui font des efforts immenses pour faire partie de leur collectivité. J’interviens chaque semaine, dans ma salle vitrée, auprès de gens qui n’ont malheureusement pas une maîtrise suffisante du français, qui est encore, pour le temps qu’il nous reste, le principal vecteur de communication au sein de notre société distincte. La clé de voûte permettant de procéder à ce vivre-ensemble que vous souhaitez tant.
Au-delà du projet de loi que vous nous annoncez, qui, je l’espère, ne comprend pas d’intentions cachées, toutes ces personnes investies ont avant tout, toujours selon ma perspective, besoin de fonctionner normalement en société. Et j’ai compris qu’elles le souhaitent.
J’ai appris beaucoup avec elles sur ce qu’est et sera notre future société. J’ai rencontré des battantes et des battants, souvent des gens mal pris par le manque de ressources pour se doter de cet outil de vie fondamental que constitue le français.
Alors, je vous laisse définir et gérer ce qu’est notre identité (non sans une certaine méfiance) et, fort de mon expérience bien personnelle, vous propose la simple chose suivante : ne supprimez plus les cours de français et offrez-en plus. Y a rien d’mieux pour « l’intégration », comme vous dites.