Il faudra au moins huit jours pour venir à bout de la neige à Montréal
Les Montréalais devront être patients. Il faudra au moins huit jours à la Ville pour venir à bout de la neige accumulée dans les rues de Montréal. De nombreux trottoirs resteront impraticables en attendant le passage des souffleuses, et la Ville a suspendu toutes les opérations de collecte des ordures, de recyclage et de compostage jusqu’à la semaine prochaine.
La métropole a reçu 74 cm de neige depuis jeudi, ce qui a forcé la Ville à lancer une opération de chargement dès lundi dans l’ensemble des arrondissements.
« Pour moi, cette situation est inusitée. Recevoir 40 % de toute la neige qu’on a en hiver en cinq jours, c’est du jamais vu », a expliqué Philippe Sabourin, porte-parole administratif de la Ville de Montréal lundi.
Montréal a beau être la « championne du déneigement », les opérations de déneigement et de chargement de la neige seront longues. Les employés s’affaireront d’abord à dégager les grands axes.
Trop pour les équipements habituels
La Ville estime que la moitié des trottoirs sont encore impraticables et pourraient le rester encore une semaine, car la quantité de neige accumulée rend impossible le passage des équipements de déneigement habituels.
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« Physiquement, la petite chenillette n’est plus capable de tasser la neige ni d’un côté ni de l’autre. La seule façon d’ouvrir les trottoirs, c’est d’utiliser les souffleurs. Ça veut dire faire une opération de chargement. On envisage que ça se fasse en huit jours. »
M. Sabourin en a profité pour lancer un appel à la solidarité en demandant notamment aux adolescents de venir en aide à leurs voisins pour pelleter leur entrée.
Gregory Lozano ne semblait pas se formaliser des trottoirs non déneigés. Il se déplaçait en raquettes sur le trottoir de la rue Sainte-Catherine Est lorsque Le Devoir l’a croisé lundi. « Les raquettes, ça aide pour se déplacer sur les trottoirs et les gros monticules de neige », a-t-il souligné montrant les « sentiers de trappeurs » créés le long de l’artère.
Suspension des collectes de poubelles
La Ville a également décrété la suspension des collectes d’ordures, de recyclage et de matières compostables jusqu’à la semaine prochaine, quand les rues et les trottoirs seront dégagés.
« On appelle les citoyens à faire preuve de civisme en conservant leur bac brun, leur recyclage ou les déchets. On garde ça pour la semaine prochaine », a indiqué Philippe Sabourin tout en laissant entendre que la situation pourrait évoluer au cours de la semaine.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir
Une opération de déneigement sur le boulevard René-Lévesque
La semaine dernière, Montréal avait reçu 34 cm de neige, auxquels se sont ajoutés 40 cm dimanche. À Mirabel, les précipitations ont été encore plus abondantes avec 53 cm. Selon Natalie Hasell, météorologue de sensibilisation aux alertes à Environnement Canada, les vents ont soufflé de 60 km/h à 90 km/h. « Non seulement on a des visibilités réduites, mais de grosses difficultés à mesurer les quantités de neige. C’est donc très possible que les 53 cm à Mirabel ou les 40 cm à Montréal soient sous-estimés », a-t-elle souligné.
Les conditions sur les routes pourraient être encore difficiles dans les prochains jours en raison de la poudrerie. Quelques flocons étaient attendus lundi soir à Montréal, suivis de rafales de vent à 50 km/h mardi. Mais par la suite, les éléments devraient se calmer.
La récente bordée de neige n’est pas sans rappeler la « tempête du siècle » survenue au Québec il y a plus de 50 ans. Le 4 mars 1971, Montréal avait reçu 43 cm de neige, mais les vents soufflaient alors à 108 km/h et la métropole était déjà couverte de 56 cm de neige avant la tempête. La situation était devenue chaotique avec des rues bloquées, des voitures enlisées et des ponts fermés. « Il y a une différence entre des vents de plus de 100 km/h et des rafales à 70 km/h qui ne sont pas constantes », signale Mme Hasell. « Le système de communication s’est aussi beaucoup amélioré. Les alertes sont plus répandues avec la télévision, la radio et les réseaux sociaux. Et il y a le télétravail. Peut-être que les gens ont davantage suivi les conseils. »