Voix d’hommes alliés, unis et solidaires contre les violences faites aux femmes

Une décennie après la parution aux Presses de l’Université du Québec d’un collectif de recherche sociale intitulé Responsabilités et violences envers les femmes, des hommes alliés de la lutte pour l’élimination des violences faites aux femmes unissent ici leur voix. Un bilan s’imposait d’autant plus que la pandémie de COVID-19 a notamment et significativement fait augmenter les féminicides ainsi que les violences intrafamiliales et conjugales à l’égard des femmes.
Agressions à caractère sexuel et sexisme ordinaire, violences sexuelles et sexistes, violence conjugale et intrafamiliale, harcèlement moral et sexuel, cyberharcèlement et sextorsion, traite humaine et exploitation sexuelle, crimes d’honneur : la liste pourrait encore s’allonger pour dire — et pour cesser de taire — ces violences toujours subies par les femmes et les filles. Même si des pratiques encourageantes ont pu contribuer à limiter, à condamner et à éliminer ces violences, des lacunes et des difficultés persistantes traduisent les insuffisances, les défis et les limites des réponses qui y sont apportées.
Bien qu’il demeure difficile de ne pas constater la déresponsabilisation sociale et politique face à ce problème de société lancinant, il nous apparaît toujours pertinent de responsabiliser plus et autrement l’ensemble des acteurs sociaux, dont les hommes ; de faire respecter davantage les orientations et les engagements politiques pour mieux répondre aux besoins des femmes en situation de violence ; de tâcher de mobiliser des personnes alliées dans tous les milieux de travail et de santé, dans les milieux scolaires, universitaires et communautaires, dans les milieux culturels et politiques et dans les autres milieux dans lesquels les rapports de pouvoir et de domination des femmes ou des filles sont susceptibles de s’exercer.
Il nous semble alors qu’il faut renforcer la concertation des luttes menées contre ces violences faites aux femmes, avec plus de soutien d’hommes solidaires unis contre les violences et les injustices ; apporter de meilleures réponses individuelles et collectives aux besoins des femmes violentées ou harcelées ; rappeler les instances gouvernementales à la diligence de leur devoir d’engagement dans la lutte contre ces violences et exactions : autant de pistes et de recommandations certes responsabilisantes, individuellement et collectivement, toutes signifiées et avérées par des recherches interdisciplinaires récentes au sujet des violences faites aux femmes.
Plutôt que de ne voir dans l’alliance d’hommes signataires unis contre les violences faites aux femmes qu’une tentative opportuniste d’obtention d’un « chèque en blanc collectif » ou qu’une approche cherchant à « montrer patte blanche » ou à « redorer l’image des hommes », nous voulons dire que nous arborons fièrement le ruban blanc et que les droits fondamentaux que nous voulons garder intacts et protéger sont aussi ceux des femmes et des filles.
Comment mobiliser plus d’alliés unis contre ces violences ? Quel rôle pouvons-nous jouer et assumer auprès de nos pairs ainsi que des garçons au sein de notre entourage afin d’améliorer cette protection ? Comment pouvons-nous mieux faire respecter le devoir de protection de tous les acteurs et actrices de la société civile, des mondes scolaire et professionnel, à commencer par le devoir de protection des filles et des femmes ?
La question demeure certes entière, mais tant qu’elle demeurera dans la sphère publique, elle pourra contribuer à ce que chacun souhaite agir et agir mieux, à faire converger des initiatives bienveillantes et à les orienter vers le mieux vivre ensemble et le respect de toutes et tous.
Travaillant notre intériorité, nos regards portés sur l’autre et notre empathie face à la vulnérabilité, nos paroles et nos actes, nos agissements, engagements et comportements quotidiens, cette question de justice sociale et d’équité des droits demeure un ethos philosophique pour la société actuelle ; une perspective fiable et durable ; une réponse plus responsable, partagée et collective aux violences perpétrées contre les femmes et déjà contre les filles, malheureusement.
* Ont aussi cosigné ce texte : Michel Seymour (professeur honoraire, Université de Montréal) ; Guillaume Beaumier (professeur adjoint, ENAP) ; Pierre-Luc Gauthier (commandant, Division de la prévention et de la sécurité urbaine, SPVM) ; Maxime Van Gelder Labbé (chargé de projet Groupes de soutien, CPRMV) ; Simon Gamache (directeur général, Fierté Montréal) ; Bernard Truong (président du CA, Fierté Montréal) ; Frantz Voltaire (président du CA, CIDIHCA) ; Alain Labonté (Alain Labonté Communications) ; Maxime Baril (directeur général, QUiNTUS) ; Frank Bernard (comité Mentorat, La gouvernance au féminin) ; Michael Kaufman (fondateur, White Ribbon) ; Pascal Beauchesne (conseiller en développement d’impact, Numana) ; Yannick Chapdelaine (comédien et producteur) ; Guillaume Cyr (acteur) ; Patrick Verret (auteur et conférencier).
Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées en accueillant autant les analyses et commentaires de ses lecteurs que ceux de penseurs et experts d’ici et d’ailleurs. Envie d’y prendre part? Soumettez votre texte à l’adresse opinion@ledevoir.com. Juste envie d’en lire plus? Abonnez-vous à notre Courrier des idées.