Quel avenir pour le Parti libéral du Québec?

Les libéraux québécois se lancent dans une course à la chefferie, ce qui amène Pablo Rodriguez, Charles Milliard, Denis Coderre et Marc Bélanger à s’affronter pour diriger le parti. Que penser de ce que devient le Parti libéral du Québec (PLQ) dans ce contexte ?
Rappelons quelques faits. Depuis la débandade de la formation aux élections de 2018, le Parti libéral est cantonné à ses châteaux forts anglophones du West Island et dans les circonscriptions de la grande région de Montréal à forte proportion d’immigrants, qui votent massivement libéral. Les changements démographiques en cours au Québec avantagent structurellement le PLQ sur le long terme. Une question doit donc se poser chez les militants libéraux : veulent-ils laisser faire, voire contribuer à l’immigration massive, qui les avantage, mais qui déstabilise profondément la nation québécoise ?
Si la réponse est oui, alors ils sont bien partis : la région métropolitaine est de moins en moins québécoise, et les nouvelles générations s’assimilent de plus en plus à l’anglais. Ce n’est qu’une question de temps avant que la révolution démographique ne s’étende au reste du Québec, et ainsi garantisse au Parti libéral un retour en force au pouvoir à moyen terme. Mais que sera devenu le Québec à ce moment-là, sinon un gros Nouveau-Brunswick ayant oublié sa culture et son histoire ?
Cependant, il se trouve au PLQ d’authentiques fidèles à la nation québécoise. On peut se demander ce qui les a fait s’égarer dans ce parti, mais ils sont bien présents. Bien des militants et des employés du parti sont des gens intelligents qui auraient toutes les compétences pour gouverner le Québec dans plusieurs domaines.
L’affaire est que ces mêmes gens ont pour défaut de sous-estimer l’importance de la question identitaire. Ils ont de bonnes idées en éducation, en environnement, en santé, mais lorsque vient le temps de parler du déclin de la langue française, des conséquences de l’immigration massive, de l’autonomie de la nation québécoise et de la laïcité de l’État, nous avons affaire à des gens qui sont peu renseignés. Ils se contentent de propositions anémiques face à des problèmes urgents et d’ampleur. Toute idée un tant soit peu « identitaire » leur paraît douteuse, frisant la xénophobie et le racisme. Ce sont là des réflexes de gens qui se sont malheureusement déconnectés du Québec enraciné.
S’ils souhaitent que le Parti libéral du Québec prenne un réel tournant nationaliste, ces militants devront faire une profonde introspection concernant leurs priorités et leurs convictions. Il n’est pas normal que le PLQ d’aujourd’hui ne revendique presque aucune nouvelle autonomie pour le Québec dans le Canada. Le parti a proposé dans les derniers mois un projet de constitution, ce qui est une bonne chose, mais cela ne suffit pas.
À l’heure actuelle, le Québec devrait avoir minimalement tous les pouvoirs en immigration et les transferts en santé qui lui reviennent. Le PLQ devrait également défendre l’utilisation systématique de la disposition de dérogation pour la loi 21 et la loi 96. Ces propositions forment non pas un nationalisme radical, mais un nationalisme de base.
Peut-être que ces propositions sont impossibles dans l’état actuel du PLQ. Si c’est le cas, elles ne deviendront jamais possibles. Les militants et les employés libéraux fidèles au Québec devront alors se poser la question, plus tôt que tard, de leur allégeance politique. Car notre nation ne peut pas s’inscrire dans la continuité historique dans le statu quo actuel. Le Québec traverse des secousses comme il en a peu connu dans son histoire, et qui pourraient achever pour de bon son existence. De quel côté de l’histoire veulent se situer ces militants ?
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