Au Québec, on a des idées, du pétrole et des fraises!

«Faisons une guerre commerciale, adaptée en fonction des produits et des intérêts des provinces», suggère l’auteur.
Photo: Olivier Zuida Le Devoir «Faisons une guerre commerciale, adaptée en fonction des produits et des intérêts des provinces», suggère l’auteur.

Au Québec, nous produisons du bois d’œuvre, du pétrole raffiné, des turboréacteurs, des turbines à gaz, des tomates, des légumes, des fruits, du jus de pomme, des camions et alouette ! Et pourtant, même si nous en produisons, nous en importons aussi des États-Unis.

Donald Trump veut nous imposer des tarifs douaniers avec la menace d’une annexion. Cette guerre commerciale nous est ouvertement déclarée, et le Québec n’a pas le choix d’y faire face. Malheureusement, les tarifs douaniers ne relèvent pas du Québec. Par contre, le Québec contrôle la TVQ. Je propose donc une augmentation de la TVQ sur les produits fabriqués aux États-Unis et qui sont aussi produits au Québec. Cela avantagerait nettement nos entreprises locales.

Par exemple, à l’IGA de Sainte-Thérèse, on trouve des fraises Savoura à 5,99 $ le paquet. Elles sont produites en serre au Québec. Sur la même tablette, le même paquet de fraises produites aux États-Unis par Wish Farms se vend au même prix. Si ces fraises étaient vendues 25 % plus cher, soit 7,49 $ le paquet au lieu de 5,99 $, les achèteriez-vous ?

Si nous appliquions une TVQ de 25 % sur les produits importés des États-Unis, alors que nous pouvons les produire nous-mêmes, le gouvernement du Québec engrangerait la coquette somme d’environ 3 milliards de dollars par année. À lui seul, le pétrole raffiné provenant des États-Unis que nous consommons amènerait des entrées fiscales de 600 millions.

Avec cet argent, nous pourrions aider les entreprises québécoises à ouvrir d’autres marchés, les appuyer face au nouveau contexte économique, voire baisser les impôts des entreprises manufacturières qui fabriquent chez nous. Le tout sans augmenter notre déficit budgétaire. S’il arrive que le nouveau président américain nous impose un tarif douanier de 25 % sur l’électricité qu’on lui vend, eh bien, on gardera cette électricité pour faire plus de fruits et légumes en serre, plutôt que d’acheter ceux qui sont cultivés aux États-Unis avec de l’électricité produite à partir de centrales thermiques au charbon.

Si on impose une augmentation de la TVQ sur les produits importés, les Québécois en achèteront moins. Les entrées fiscales par la TVQ risqueront alors de ne pas être toutes au rendez-vous. Tant mieux, on achètera québécois ! Les raffineries de Suncor et de Valero à Lévis, par exemple, ont la capacité de produire plus de 400 000 barils de pétrole raffiné par jour. Le Québec en consomme 270 000. On n’a pas besoin du pétrole raffiné aux États-Unis, surtout s’il est transporté par train, avec les risques environnementaux que l’on a connus.

Trump nous menace d’une guerre commerciale avec l’arme atomique. Apprenons à utiliser nos drones et faisons une guerre commerciale, adaptée en fonction des produits et des intérêts des provinces. Avec de la ruse, de la rapidité, des taxes tous azimuts, de la diversion, mais aussi des outils relevant tant du fédéral que du provincial, en employant des tactiques inattendues, nous pourrions étourdir l’adversaire.

Cette guerre deviendra alors une guérilla et une guerre commerciale complexe pour les Américains. Elle sera imprévisible, faite de calcul, d’intuition, de sagesse et de volontarisme. Souhaitons que le prochain premier ministre du Canada ait la sagesse d’utiliser les provinces pour surprendre l’adversaire et que les premiers ministres des provinces aient la volonté d’utiliser les pouvoirs dont ils disposent.

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