Un gouvernement ne peut pas transformer une société à lui seul

«Bâtissons ensemble un Québec où chaque personne contribuera à notre culture commune et s’y reconnaîtra pleinement», écrit l’auteur.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir «Bâtissons ensemble un Québec où chaque personne contribuera à notre culture commune et s’y reconnaîtra pleinement», écrit l’auteur.

Le dépôt du projet de loi sur l’intégration nationale par le ministre Jean-François Roberge marque un tournant décisif pour le Québec moderne. En plaçant la culture au cœur du processus d’intégration, cette initiative ouvre la voie à une société plus cohérente, plus inclusive et plus forte. Mais un gouvernement seul ne peut transformer une société. C’est par un engagement collectif et des solutions concrètes que nous en ferons une véritable réussite.

Si cette loi pose des bases importantes, elle ne prendra tout son sens que si elle se traduit en gestes concrets sur le terrain. L’intégration ne peut pas reposer uniquement sur l’État. Elle doit devenir un projet de société, porté par l’ensemble des Québécois, quelles que soient leurs origines et leurs histoires. Citoyens, institutions, entreprises, écoles et organismes de tous horizons : nous avons toutes et tous un rôle à jouer. Il nous faut des projets ancrés dans la réalité, porteurs de sens et accessibles.

Intégrer par l’action, et non par l’attente

Une politique d’intégration ne peut se limiter à des principes. Elle doit s’incarner dans des actions concrètes permettant aux nouveaux arrivants de s’enraciner dans la société québécoise en y contribuant activement. À Culture pour tous, nous reconnaissons le rôle essentiel que joue la culture dans la création de liens forts entre les nouveaux arrivants et leur communauté d’accueil. Nous en sommes tous les jours témoins.

Je pense à Racines plurielles, un projet de médiation culturelle que nous avons développé pour favoriser le dialogue interculturel à travers des initiatives artistiques et collaboratives. Grâce à ces initiatives, des personnes de diverses origines sont invitées à créer ensemble, à forger de nouvelles amitiés, à accueillir la culture québécoise et à l’enrichir par leur regard unique. Je pense aussi aux Journées de la culture, qui permettent chaque année à des milliers de Québécoises et de Québécois de toutes les origines de découvrir, d’expérimenter et de célébrer ensemble notre culture commune. Ces initiatives illustrent parfaitement la philosophie du projet de loi : une culture commune qui n’efface pas les identités individuelles, mais les rallie autour d’un socle partagé.

Le français, une clé pour participer pleinement

Nous partageons la vision du projet de loi : plus qu’une langue, le français est le fil conducteur de notre identité collective. L’apprentissage du français ne doit pas être une contrainte, mais une porte ouverte vers une pleine participation citoyenne. Les initiatives culturelles jouent un rôle déterminant dans cet apprentissage en créant des occasions authentiques d’interaction et d’expression.

Une langue vit à travers sa culture. Toutes les formes de création sont autant de véhicules essentiels pour faire aimer le français, en être fiers et en assurer la transmission. Si nous voulons que le français soit un véritable moteur d’intégration, nous devons en faire une langue vivante, inspirante, portée par une culture forte et accessible à toutes et à tous.

Pour que ce projet de loi sur l’intégration nationale prenne tout son sens, il est essentiel que nous nous engagions pleinement à le mettre en œuvre. L’intégration et le « construire ensemble » ne se décrètent pas : ils se cultivent, se partagent et se vivent au quotidien. Il nous revient de transformer cette vision en réalité par des actions concrètes et rassembleuses. C’est une occasion unique de faire de notre culture un véritable levier d’inclusion, de participation et de fierté collective. Saisissons-la. Engageons-nous. Bâtissons ensemble un Québec où chaque personne contribuera à notre culture commune et s’y reconnaîtra pleinement.

Aimons-nous assez pour agir, ensemble et dès maintenant, en misant sur ce que nous avons de plus fort : notre culture et notre identité.

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