«Captain America: Brave New World», l’homme du président

Dans la nouvelle superproduction des studios Marvel, Captain America: Brave New World (Capitaine America. Le meilleur des mondes), Harrison Ford joue le président des États-Unis. Un président des États-Unis qui se transforme en monstre — en « Hulk rouge », pour être précis. Évidemment, le film a été conçu et tourné avant la plus récente élection américaine. Il n’empêche… Pour autant, lors d’une conférence de presse virtuelle, l’équipe du film s’est bien gardée de s’aventurer en terrain politique. Cela, malgré la toile de fond du film.
De fait, ce quatrième Captain America, le premier où Anthony Mackie tient le rôle-titre, se déroule en partie à Washington et voit le plus patriote des superhéros désormais sous le commandement du président américain, et non plus faisant bande à part pour le bien de l’humanité auprès des défunts Avengers.
Or, qu’adviendrait-il si ledit président se métamorphosait en un incontrôlable colosse carmin ? N’ayant vu qu’une trentaine de — prometteuses — minutes du film en amont de la conférence, on ne saurait le dire avec certitude.
« Dans le plus gros film que nous ayons produit, Avengers: Endgame (Avengers. Phase finale), on a vu Steve Rogers [Chris Evans] passer le bouclier de Capitaine America à Sam Wilson [Anthony Mackie]. Nous voulions poursuivre cette histoire. Le but est toujours d’ajouter de nouveaux personnages au MCU », l’univers cinématographique Marvel, indique Kevin Feige, président des studios Marvel.
Le scénario s’inspire en partie de différents numéros de l’auguste bande dessinée publiés dans les années 1990 et entre 2010 et 2015. « Il y a aussi eu une série de numéros où le Capitaine entrait en conflit avec le président », note le coproducteur Nate Moore. « Nous avons puisé dans plusieurs comics, parce qu’il y a tellement de bon matériel. »
Comme ses prédécesseurs, le film comporte plus d’un antagoniste : Seth Voelker (Giancarlo Esposito), Samuel Sterns (Tim Blake Nelson), et, une fois changé en Hulk Rouge, Thaddeus « Thunderbolt » Ross (Harrison Ford).

Harrison a du « fun »
Au sujet de ce personnage plus grand que nature, un ancien militaire élu président qui traqua autrefois le Hulk originel, Harrison Ford se souvient : « J’ai juste plongé, et personne ne m’a arrêté. »
De confier la vedette de la saga Star Wars : « J’espère que le Hulk Rouge pourra revenir, qu’il se développera en quelque chose d’autre. Je pense que nous avons les ressources nécessaires pour le faire évoluer de sa “hulkitude” vers davantage d’humanité. Mais bon, ce n’est pas mon département. J’étais très heureux de pouvoir m’amuser dans ce terrain de jeu là, avec un tel groupe de personnes, dans une réalité si pleine d’imagination. Le personnage était d’un type qui me convenait, et j’avais la chance de le construire sur les bases jetées par le grand William Hurt, qui l’a joué avant de nous quitter. J’ai vu un tas de films Marvel, et observé plusieurs acteurs que j’aime y avoir un plaisir évident. Et je me suis dit : “Hé, je veux en être aussi.” »
De son côté, le réalisateur Julius Onah estime que Capitaine America se trouve au cœur du MCU. « Il a toujours été un leader au sein des Avengers », note-t-il. « L’histoire racontée dans ce film-ci est excitante, très tendue, mais aussi très émotionnelle. Ça traite d’empathie, et de l’importance de repérer le meilleur en chacun de nous. L’idée était de créer un film bourré d’action et d’effets spéciaux, mais également rempli de personnages et de thèmes intéressants. »
Même son de cloche chez Giancarlo Esposito : « Rejoindre le MCU, c’est rejoindre des gens intègres, qui font des films qui veulent dire quelque chose ; des films divertissants, mais avec une profondeur. Dans ce film-ci, on traite d’empathie, d’amitié, de confiance, de méfiance… »
Monsieur Tout-le-Monde
Et qu’en pense le nouveau Capitaine America, Anthony Mackie, d’abord révélé dans le MCU dans le rôle du Faucon (Falcon) ? Rappelons que, dans une entrevue à Esquire, la vedette a balayé du revers de la main les comparaisons faites entre le Hulk rouge et le président Trump.
En conférence, Mackie explique à propos de son incarnation de Capitaine America : « Ce film établit Sam comme sa propre personne, sa propre entité, ainsi qu’en un Capitaine America distinct. Le fait qu’on ne lui ait jamais injecté le sérum [contrairement à Steve Rogers] fait en sorte qu’il est un Captain America “Monsieur Tout-le-Monde”, et je crois que cet aspect se révélera payant dans le futur de la saga. La perspective de Sam est celle de l’homme ordinaire, et non celle du surhomme. »
L’influence du théâtre
En marge de la conférence organisée par Marvel et Disney, Le Devoir a pu s’entretenir brièvement avec le réalisateur de Captain America: Brave New World, Julius Onah, qui est par ailleurs au nombre des coscénaristes du film : c’est en soi exceptionnel.
« Toute l’équipe était très ouverte à mon implication, à mon désir de cohésion entre l’écriture et l’image. La fabrication des images est une chose, mais en collaborant au scénario, j’étais en mesure de faire germer des idées — ou d’incorporer des lignes de dialogues — que je serais ensuite en mesure de faire fleurir à l’image, si je puis dire. Il y a une foule de petits détails révélateurs disséminés tout du long, que les spectateurs remarqueront s’ils sont attentifs. »
Issu du milieu du théâtre, où il s’est distingué avant de faire le saut en réalisation (notamment avec l’excellent Luce, un drame troublant), Julius Onah tint à avoir une période de répétition avec sa distribution.
« Je trouve que c’est une bonne manière de tester le matériel. Par exemple, nous avions cette scène qui avait été écrite, puis réécrite différemment : nous avons répété la version réécrite, pour finalement revenir à la première version. C’est ce qui est dans le film. Les répétitions ont réellement aidé. En plus, durant cette période, nous apprenons à nous connaître, de telle sorte que, le moment du tournage venu, tout est simplifié en matière de communication, d’attentes, etc. »
Lorsqu’on lui demande s’il est intimidant de s’attaquer, après les planches et un cinéma plus intimiste, à une superproduction de cette ampleur, le réalisateur répond : « Pour moi, l’important, c’est la vie qui se déroule devant la caméra, peu importe la taille du canevas. »
En l’occurrence, Julius Onah souhaitait explorer les conflits respectifs auxquels font face Sam et Thaddeus. « Avec ces deux immenses acteurs, Anthony et Harrison, pour les interpréter, c’était un privilège. Je l’ai dit et je le répète : c’est un film qui parle d’empathie. Et c’est vraiment important dans notre monde, en ce moment », conclut Julius Onah.
François LévesqueLe film Captain America: Brave New World prendra l’affiche le 14 février.