Grève chez les militaires
Le cri de Boris Vian, lancé il y a 70 ans dans Le déserteur, qui sait, c’est peut-être demain qu’il va être enfin entendu. Demain, on pourrait apprendre que les militaires ont fondé un syndicat et que ses membres se sont mis en grève. Et alors, ce sera la paix faute de combattants, car les fusils, ce sont eux, les militaires, qui les tiennent et qui tirent ; les obus, ce sont eux qui les lancent ; les drones, ce sont eux qui les contrôlent. Ceux qui appellent et mobilisent restent habituellement loin des combats.
« Tenez, Monsieur le Président, je vous laisse ma carabine, mon avion, mes missiles. Tirez vous-mêmes, puisque vous y tenez tant ! Et si vous voulez m’accuser de désertion, de trahison et de refus de défendre ma patrie, il faudra faire fusiller tout le bataillon, toute la compagnie et l’armée au grand complet, car nous sommes en arrêt de travail, en grève autrement dit. »
Oui, après la trêve à Gaza et l’arrêt de la guerre en Ukraine promis par le nouveau président américain, la formation d’un syndicat international pour les militaires est à envisager. Militaires, vous devrez alors vous battre pour obtenir une convention, dont le premier article serait : Refus de tuer qui que ce soit. Aucune distinction entre « crime de guerre » et « crime permis durant la guerre ». Respect de la vie : point. Quant au préambule de cette convention, il devrait contenir ces mots : Étant donné que ce que fait la nature, avec les changements climatiques, est en train de surpasser en efficacité le feu de nos armes, étant donné que ce dont nous avons besoin présentement, c’est de pompiers et non d’artilleurs, étant donné que ce qui est urgent, c’est de sauver des vies et non de faire périr…
Ce ne sera pas la justice et la fraternité encore, mais ça sera un bon début !