Le gouvernement innu d’Uashat mak Mani-Utenam accuse Québec de renier la réussite éducative des Premières Nations

Uashat mak Mani-Utenam en août 2021
Photo: Valérian Mazataud Archives Le Devoir Uashat mak Mani-Utenam en août 2021

Le gouvernement d’Uashat mak Mani-Utenam (ITUM) accuse Québec de manquer à sa parole en arrêtant de financer des mesures de soutien aux élèves autochtones, une décision prise sans concertation qui dénote le « manque flagrant d’intérêt que porte le gouvernement du Québec » à l’égard de la jeunesse autochtone.

En début de semaine, le ministère de l’Éducation confirmait la mise sur pause de « mesures favorisant l’intégration et la réussite des immigrants ainsi que la réussite éducative des Autochtones ».

La hache tombe, dénonce ITUM, à peine deux mois après que le rapport de la vérificatrice générale du Québec est venu souligner le « peu d’actions mises en œuvre pour favoriser la réussite de ces élèves ».

« ITUM est signataire avec les deux [ordres] de gouvernement d’une entente tripartite visant l’éducation et dont l’objet est d’assurer l’égalité des chances et la réussite scolaire de nos élèves, rappelle l’autorité innue. Cette décision [est] en contravention de cette entente et de l’honneur de la Couronne. »

La décision, prise sans consultation, provoque « beaucoup d’incertitudes et d’instabilité » au sein de la communauté située près de Sept-Îles. Environ 25 % de ses jeunes, soit 300 élèves, fréquentent des écoles provinciales.

« Les impacts vont se faire ressentir sur des mesures mises en place pour favoriser la réussite éducative de nos enfants, soutient Vicky Lelièvre, directrice du secteur de l’éducation d’ITUM. Ça peut les priver de ressources supplémentaires dans les milieux scolaires, de mesures pour favoriser les bonnes relations entre Autochtones et allochtones ou pour aider les enfants [qui passent] d’un système d’éducation à un autre. »

Le ministère de l’Éducation compte honorer les engagements financiers pris avant le 13 décembre dernier.

« Ça ne touche pas les projets en cours, précise Mme Lelièvre, mais nous sommes dans l’ignorance la plus totale pour la suite. Est-ce que cette coupe-là va se poursuivre au-delà de la fin de l’année financière ? Nous ne le savons pas, parce que nous n’avons jamais eu de discussions à ce sujet. Nous l’avons appris en même temps que tout le monde, aux nouvelles. Ce n’est pas ça, un dialogue de nation à nation. »

Selon les chiffres du ministère de l’Éducation, l’argent consacré à la réussite scolaire des Autochtones s’élevait à près de 20 millions de dollars en date du 13 décembre. ITUM s’explique mal que, devant un déficit de 11 milliards de dollars, le couperet doive s’abattre sur la jeunesse autochtone pour épargner quelques millions.

« Surtout dans un contexte où 28 % de nos jeunes âgés de 25 à 34 ans n’ont aucun diplôme, contrairement à 9 % chez les allochtones, poursuit Mme Lelièvre. L’éducation, c’est un levier important pour sortir nos communautés de la pauvreté. Nos enfants n’ont pas à payer pour les difficultés budgétaires actuelles de Québec. »

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