Le géant américain Amazon commence à fermer ses entrepôts au Québec

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a accusé Amazon d’avoir fermé ses entrepôts au Québec pour punir les employés de son établissement qui se sont syndiqués en mai dernier.
Photo: Christinne Muschi La Presse canadienne Le premier ministre canadien Justin Trudeau a accusé Amazon d’avoir fermé ses entrepôts au Québec pour punir les employés de son établissement qui se sont syndiqués en mai dernier.

Le géant de la vente au détail en ligne Amazon a commencé cette semaine à fermer ses sept installations au Québec, mettant des milliers d’employés au chômage, selon le syndicat qui représente les travailleurs de ce qui était le seul entrepôt d’Amazon syndiqué au Canada.

Félix Trudeau, président du syndicat de l’entrepôt de Laval, au Québec, qui s’est syndiqué en mai dernier, a affirmé que les trois entrepôts de la région de Montréal, y compris le sien, ont été fermés tard vendredi soir, un jour plus tôt que prévu.

D’après lui, certains travailleurs se sont présentés à leur quart de travail vendredi soir pour découvrir que les entrepôts étaient fermés. Il a ajouté qu’il avait entendu dire qu’un quatrième entrepôt, situé à Montréal, avait fermé plus tôt cette semaine alors qu’il était prévu de fermer en mars.

Amazon a mentionné dans un communiqué que les trois installations avaient fermé samedi comme prévu, tandis qu’elle a déclaré que le quatrième emplacement avait fermé plus tôt que prévu, sans préciser quand.

L’entreprise met fin à près de 2000 emplois permanents, mais la Confédération des syndicats nationaux du Québec (CSN) a avancé que le nombre total de mises à pied s’élève à environ 4500, si l’on tient compte des travailleurs employés par des sous-traitants.

M. Trudeau, qui représente environ 260 travailleurs d’Amazon, a accusé le géant du commerce électronique d’avoir fermé ses entrepôts dans la province pour punir les employés de son établissement qui se sont syndiqués en mai dernier. Il appelle à boycotter l’entreprise jusqu’à ce qu’elle rouvre ses installations ou accepte de payer un an de salaire avec avantages sociaux à tous ses employés licenciés.

« Nous voulons qu’il y ait des conséquences pour les actions antisyndicales et anti-québécoises d’Amazon. Nous voulons que les différents ordres de gouvernement — municipal, provincial et fédéral — cessent non seulement d’acheter chez Amazon, mais qu’ils cessent de soutenir le comportement d’Amazon en coupant leurs contrats avec Amazon et toutes ses filiales », a-t-il déclaré en entrevue, samedi.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, avait annoncé jeudi sur X que la Ville cesserait de commander sur Amazon « jusqu’à nouvel ordre ».

Amazon a précédemment rejeté l’idée que les fermetures soient liées à une campagne de syndicalisation dans la province et a déclaré qu’elles visaient à offrir des services efficaces et rentables aux clients. La fermeture des installations du Québec signifie qu’Amazon reviendra à un modèle d’affaires qu’elle utilisait dans la province jusqu’en 2020, qui employait des entreprises tierces locales pour les livraisons de colis.

Occupation

Des manifestants ont occupé temporairement des installations appartenant à Intelcom, une entreprise de messagerie et de livraison de colis, samedi après-midi, dans l’arrondissement d’Anjou, à Montréal. L’un des manifestants, Benoît Dumais, a expliqué que les manifestants voulaient envoyer un message parce qu’Intelcom deviendra un sous-traitant majeur d’Amazon dans la province après avoir fermé ses propres entrepôts.

« On était là pour dénoncer Amazon, mais aussi pour dénoncer le fait qu’Intelcom va être le sous-traitant et que leurs conditions de travail sont aussi très mauvaises, donc on est toujours dans la même logique de travail à très bas prix », a-t-il dit.

Intelcom a précisé dans un courriel à La Presse canadienne que les manifestants « ont été escortés hors des lieux par les forces policières pour assurer la sécurité [des] employés et la poursuite [des] opérations ».

Le porte-parole de la police de Montréal, Jean-Pierre Brabant, a indiqué qu’entre 20 et 30 manifestants avaient pris part à la manifestation et qu’il n’y avait eu aucune arrestation. Le groupe a quitté les bureaux pour manifester devant l’immeuble peu après l’arrivée des policiers, a-t-il ajouté.

M. Trudeau a souligné que les manifestants formeront un piquet devant l’ancien entrepôt syndiqué d’Amazon à Laval, dimanche.

Avec des informations de Maura Forrest

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