La fiscalité québécoise réduit les inégalités

Jean-François Venne
Collaboration spéciale
Si les Québécois paient beaucoup d’impôts et des cotisations sociales, ils touchent également des prestations importantes, relève le Bilan de la fiscalité du Québec.
Photo: iStock Si les Québécois paient beaucoup d’impôts et des cotisations sociales, ils touchent également des prestations importantes, relève le Bilan de la fiscalité du Québec.

Ce texte fait partie du cahier spécial Mes finances, ma retraite

Si le poids fiscal reste important au Québec, la progressivité des mesures aide à réduire les inégalités sociales, montre le récent Bilan de la fiscalité au Québec de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke.

Les particuliers et les entreprises du Québec ont contribué à hauteur de 230 milliards de dollars de prélèvements fiscaux en 2023, en hausse de 2,8 % par rapport à l’année précédente. Cela représente 39,7 % de notre PIB, ce qui classe le Québec au 11e rang en matière de pression fiscale parmi les 38 pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le Canada pointe en 21e position, notamment en raison du faible poids fiscal en Alberta et en Saskatchewan.

Plus d’impôts, moins de taxes

« Entre 2014 et 2023, le Québec est la province canadienne dans laquelle le poids fiscal a le moins augmenté », note le professeur de fiscalité et titulaire de la Chaire, Luc Godbout. De fait, ce fardeau s’est alourdi de 2,2 points de pourcentage, contre 3,9 en Ontario. Cette hausse provient presque totalement de nouvelles ponctions du gouvernement fédéral, auxquelles s’ajoute la croissance des contributions au Régime de rentes du Québec à la suite d’une bonification du régime.

Le Bilan montre aussi à quel point la fiscalité québécoise est servie à la sauce nord-américaine. « Le Québec, comme les autres provinces canadiennes, le gouvernement fédéral et les États-Unis, utilise beaucoup l’impôt sur le revenu, ce qui est perçu comme un bon moyen de lutter contre les inégalités », note le professeur.

Lorsque l’on regarde le poids des impôts sur le revenu des particuliers, le Québec occupe la troisième position parmi les pays de l’OCDE. Le Canada est sixième et les États-Unis, quatorzièmes. La consommation, elle, est beaucoup moins taxée en Amérique du Nord qu’ailleurs dans l’OCDE. Pour ce critère, le Québec glisse au 29e rang, le Canada pointe au 32e rang et les États-Unis arrivent bons derniers.

Une fiscalité progressive

Bien sûr, les Québécois ne font pas que payer des impôts et des cotisations sociales, ils touchent également des prestations. Un regard sur la charge fiscale nette offre donc un portrait plus nuancé de la situation. L’étude de la Chaire montre que cette charge fiscale est très faible au Québec lorsque les revenus sont très bas, et encore plus pour les ménages avec enfants.

Ainsi, une famille monoparentale avec deux enfants gagnant 67 % du salaire moyen reçoit de l’État près de 12 % de plus que ce qu’elle paie en impôts et en cotisations. Un couple avec deux enfants dont les deux parents touchent le salaire moyen a une charge nette de 26,7 %. Ce poids fiscal est de 35 % pour un individu célibataire qui gagne 167 % du salaire moyen. L’approche québécoise accorde donc encore une bonne place à la progressivité, c’est-à-dire à l’idée que la contribution fiscale doit augmenter en fonction du revenu.

En 2023, Québec a d’ailleurs réduit les taux d’imposition applicables aux deux premières tranches de revenu imposable d’un point de pourcentage et n’a pas diminué ceux des deux tranches de revenus les plus élevés, donc cet aspect de la fiscalité est devenu un peu plus progressif. « Quand on regarde la fiscalité, on ne doit jamais oublier que l’argent récolté sert à fournir des services publics et à diminuer les inégalités sociales », ajoute le fiscaliste.

Un outil de réduction des inégalités

À ce titre, le Bilan compare le coefficient de Gini du Canada et du Québec après impôt. Cet indicateur mesure le niveau d’inégalité de revenu. Une note de 1 indique une inégalité très importante, et un pointage de 0 témoigne d’une égalité parfaite. Avec un coefficient de 0,270, le Québec se classe au 7e rang des économies avancées de l’OCDE, alors que le Canada occupe la 15e place. Les États-Unis se distinguent avec un coefficient de 0,396, qui témoigne de fortes inégalités.

L’indice de Palma mesure quant à lui la part des revenus détenus par le 10 % des individus les plus riches par rapport aux revenus détenus par le 40 % des plus pauvres. Encore là, le Québec fait bonne figure, en se positionnant sixième parmi les économies avancées de l’OCDE. Le Canada est quatorzième et les États-Unis sont derniers.

« Notre fiscalité et les interventions du gouvernement au Québec nous permettent de mieux performer que le Canada et la plupart des pays de l’OCDE en matière de réduction des inégalités, conclut Luc Godbout. Si on veut vivre dans une société plus inégalitaire, on peut prélever moins d’impôts. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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