Legault prévoit une campagne «difficile» dans Terrebonne

Les électeurs de Terrebonne choisiront un successeur à l’ancien « superministre » Pierre Fitzgibbon le 17 mars, à l’occasion d’un scrutin que même le premier ministre François Legault prévoit « difficile » pour son camp.
Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) a profité d’une réunion spéciale du Conseil des ministres, mardi matin, pour donner le coup de départ à cette élection partielle attendue depuis le début du mois de septembre dernier. Le siège de Pierre Fitzgibbon, l’ancien ministre de l’Économie et de l’Énergie, est vacant depuis plus de cinq mois, et la Loi électorale donnait à François Legault jusqu’au 5 mars pour lancer la campagne.
Déjà, lundi soir, des pancartes du candidat caquiste Alex Gagné avaient commencé à apparaître sur les poteaux électriques de la circonscription de la Rive-Nord de Montréal. L’ex-président de la fondation pour la persévérance scolaire À deux pas de la réussite y apparaît de face, mais aussi de dos, accompagné d’un code QR menant vers son site Web de campagne.
Perdante dans sa dernière élection complémentaire, dans la circonscription de Jean-Talon, la CAQ devra trimer dur pour conserver son siège de Terrebonne, a laissé entendre mardi après-midi le premier ministre Legault. « C’est toujours difficile, des élections partielles. Parce que c’est l’occasion pour les citoyens de critiquer des choses qu’ils n’ont pas aimées du gouvernement, mais sans être obligés de changer de gouvernement », a soufflé l’élu caquiste depuis Washington, où il effectue une mission économique cette semaine.
M. Legault n’abandonne pas. Il s’engage à « faire le mieux possible » pour regagner la circonscription, très convoitée par le Parti québécois (PQ), en s’y rendant lui-même pour faire campagne. « Mais il faut que tout le monde comprenne le contexte : c’est toujours difficile pour un gouvernement de gagner une élection partielle », a-t-il averti, signalant son « très bon espoir de gagner la générale l’année prochaine » malgré tout.
Le PQ en tête de course
Donné gagnant dans Terrebonne par le site d’agrégation de sondages Qc125, le PQ s’est réjoui mardi matin du déclenchement de la campagne, qu’il exigeait depuis plus de cinq mois, mais a émis un bémol sur le moment choisi, le premier ministre Legault n’étant pas présent.

« On aura pris plus de cinq mois pour la déclencher, cinq mois durant lesquels les gens de Terrebonne n’avaient pas de député, et finalement, on choisit un moment où François Legault n’est pas là pour la déclencher », a souligné le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale. « On déclenche ça en catimini. C’est-à-dire que ce sont nos militants qui se sont rendu compte que la CAQ posait des pancartes. »
M. St-Pierre Plamondon estime avoir une « supercandidate » pour remplacer le « superministre » Fitzgibbon : la présidente du parti, Catherine Gentilcore, qui n’a pas attendu le déclenchement de la course pour faire campagne dans la circonscription. En janvier, le PQ avait organisé son caucus d’avant-rentrée à Terrebonne, en présence de sa candidate.
Prenant pour cible le gouvernement, qui détient le siège de Terrebonne depuis 2018, M. St-Pierre Plamondon a soulevé le caractère « inusité » des pancartes du candidat caquiste. « Je pense que c’est la première fois de notre histoire où on voit un candidat aux élections tourner le dos aux électeurs, littéralement, sur la pancarte », a lancé l’élu de Camille-Laurin.
« Vous avez l’occasion […] d’envoyer un message », a-t-il enchaîné, s’adressant directement aux électeurs terrebonniens.
Visiblement la partielle dans Terrebonne est déclenchée… bien discrètement après cinq long mois. Il était temps!
— Catherine Gentilcore (@cathgentilcore) February 11, 2025
Mais nous sommes prêts et déjà en action sur le terrain ???????? pic.twitter.com/aeCuKkQQom
À lire aussi
Un remplaçant pour Fitzgibbon
Les autres candidats à l’élection partielle sont Virginie Bouchard (pour le Parti libéral du Québec), Nadia Poirier (pour Québec solidaire) et Ange Claude Bigilimana (pour le Parti conservateur du Québec). Ces trois partis avaient récolté respectivement 10,2 %, 12,7 % et 7,9 % des voix dans Terrebonne lors des élections générales du 3 octobre 2022.
En point de presse à Québec mardi, le chef libéral par intérim, Marc Tanguay, a convenu que son parti avait du travail à faire pour rattraper le duo CAQ-PQ. « On est conscients d’où on part, on est très conscients d’où on part, mais nous considérons que François Legault et la CAQ, dans Terrebonne, [se sont] discrédités avec Pierre Fitzgibbon, qui a abandonné la population », a-t-il soutenu.
La porte-parole féminine de Québec solidaire, Ruba Ghazal, sera quant à elle à Terrebonne dimanche pour le lancement de campagne de la candidate du parti de gauche. Elle espère que la campagne solidaire, qui s’orientera autour du transport collectif et des solutions à la crise du logement, convaincra les électeurs de la circonscription.
Entre 1976 et 2018, Terrebonne a toujours été péquiste, sauf pendant un bref intermède, de 2007 à 2008, lorsque la circonscription a été représentée par l’Action démocratique du Québec de Mario Dumont. En 2018, le caquiste Pierre Fitzgibbon avait arraché la circonscription au député péquiste sortant Mathieu Traversy. Il a été réélu en 2022, avant de quitter son poste en septembre dernier, citant une perte de « motivation ».
Le coût estimé d’une élection partielle est de 725 000 $, selon Élections Québec.
Avec La Presse canadienne