Les droits et la santé sexuelle pour tous

Marie-Josée R. Roy
Collaboration spéciale
Modeste Tapsoba, pair et formateur du comité des jeunes de Médecins du monde, donne une formation en santé sexuelle et reproductive en milieu communautaire à Ouagadougou, au Burkina Faso, en octobre 2024.
Photo: Alexis Aubin pour Médecins du monde Canada Modeste Tapsoba, pair et formateur du comité des jeunes de Médecins du monde, donne une formation en santé sexuelle et reproductive en milieu communautaire à Ouagadougou, au Burkina Faso, en octobre 2024.

Ce texte fait partie du cahier spécial Coopération internationale

L’accès à une information de qualité sur les droits et la santé sexuelle et reproductive (DSSR) est difficile pour les jeunes dans des pays comme le Burkina Faso, le Bénin et Haïti. Avec son programme RESPECT, l’organisme Médecins du monde travaille à outiller les adolescents et les jeunes adultes vulnérables.

La mission générale de Médecins du monde, qui travaille en réseau dans près de 74 pays du globe, est d’assurer et de défendre le droit à la santé. C’est dans cet esprit que l’organisation médicale et humanitaire a lancé en 2021, pour une durée de cinq ans, le programme RESPECT.

Cette initiative vise la population des 10 à 24 ans des trois territoires nommés plus haut, plus précisément dans certaines villes comme Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Cité Soleil, Port-de-Paix et Abomey. Son objectif est de promouvoir les droits et la santé sexuelle et reproductive sans risque, en particulier auprès des adolescentes et des jeunes femmes. Et ce, en considérant la sexualité comme une source de plaisir, mentionne Nathaniel Allaire Sévigny, coordonnateur de programme chez Médecins du monde Canada. « C’est un élément innovant de notre approche, souligne-t-il. Le but, c’est de lever toutes les barrières d’accès : législatives, structurelles, socioculturelles et économiques, pour pouvoir jouir de ces droits. »

Population vulnérable

Selon l’organisme, en Haïti, seulement 56,3 % des femmes prennent seules des décisions éclairées en ce qui a trait aux relations sexuelles, à la contraception et à la santé sexuelle et reproductive. Cette statistique se chiffre à 20 % au Burkina Faso et à 38 % au Bénin. Et la tranche des jeunes de 10 à 24 ans représente environ le tiers de la population de ces trois pays, avance M. Allaire Sévigny. « Il s’agit de la masse de population qui est la plus vulnérable en matière de DSSR. On parle de risques élevés [liés à] des grossesses précoces et des accès limités à des services de santé répondant vraiment à leurs besoins. »

En cause, les tabous entourant la sexualité et les violences liées au genre auxquels les 15-24 ans en milieu scolaire font le plus face, ce qui constitue un facteur de décrochage important, souligne le coordonnateur. « Et on pourrait parler d’autres petits éléments, comme l’impact des menstruations, le manque d’accès aux protections hygiéniques, le manque d’infrastructures adaptées […] et les disparités entre les milieux rural et urbain », ajoute-t-il.

Dialogue et sensibilisation

Sur le terrain, le projet RESPECT, qui est financé par Affaires mondiales Canada, se déploie de plusieurs façons : distribution de préservatifs, de serviettes hygiéniques et de lubrifiant, notamment par des vendeurs ambulants formés comme des entrepreneurs ; ateliers de théâtre-forum et séances de dialogue et de sensibilisation dans les centres de santé ; création de cliniques mobiles pour aller rencontrer les populations plus vulnérables ou encore implantation de comités de vigilance dans les écoles et les communautés pour prévenir les violences.

Médecins du monde sollicite également la participation de pairs éducateurs et éducatrices, c’est-à-dire de jeunes intervenants de l’âge de la clientèle visée par RESPECT, aptes à discuter avec leurs congénères des sujets qui les touchent.

En visioconférence depuis le Burkina Faso, Modeste Tapsoba, pair éducateur, raconte comment il s’y prend pour partager ses connaissances avec ses semblables sur les ITS ou l’avortement, entre autres : « Nous avons, par exemple, des jeux de société, comme le jeu Sans tabous, qui encourage la discussion sans restriction […], parce que nous sommes entre nous. Nous avons une boîte à images pour lancer des causeries autour d’un thème, des carnets de référencement pour les jeunes… », explique le jeune homme de 19 ans.

En plus de contribuer à préserver la santé des jeunes, cette initiative crée un effet domino, selon M. Tapsoba. « Si je passe par mon frère aujourd’hui, lui va le transmettre à son cousin, par exemple. Ça permet d’informer beaucoup de monde », estime l’éducateur, qui aimerait faire carrière dans les sciences ou la médecine, une fois ses études terminées.

Aux critiques qui pourraient reprocher à l’organisme d’intervenir selon une vision occidentalo-centrée, Nathaniel Allaire Sévigny répond que les mesures de l’initiative RESPECT sont mises en place en collaboration avec les structures étatiques des autorités des pays concernés. « Ce qu’on voit sur le terrain, c’est que des groupes de sensibilisation existent déjà pour pousser le changement et, nous, on vient s’allier et les supporter pour avancer. Ce sont de vrais besoins exprimés par la population. Et, souvent, quand on rencontre les parents, ils nous disent qu’ils aimeraient ça, parler de sexualité avec leurs enfants, mais qu’ils ne savent pas comment. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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